Good Morning Roland - Serena en a-t-elle trop fait ?

L.V. : Je ne veux pas faire de procès d'intention. Elle était malade, ça, elle ne l'a pas simulée. Elle a retrouvé de l'énergie sur la seconde moitié du match, sans doute en puisant très loin au fond d'elle-même. Qu'elle en ait bavé, aucun doute là-dessus. Pas question non plus de remettre en cause son extraordinaire force mentale. Reste la question du langage corporel. A-t-il été excessif? Je ne cache pas que certains de mes confrères ont trouvé que c'était par moments un peu "too much". Mais ni vous ni moi n'étions à sa place pour juger à quel point elle était, justement, mal en point.

L.V. : L'embêter, oui, je pense. Il l'embête souvent et, avec la confiance qui est la sienne en ce moment sur terre, il peut y avoir match et combat. De là à le battre ? Cela me semble compliqué pour Andy. Ce Djokovic-là me parait si fort et si sûr de lui... Djokovic en quatre sets ?

L.V. : Bonne question. De plus, il a d'abord le vécu de celle disputée justement face à Ferrer. Nicolas Escudé a expliqué que Jo allait s'appuyer sur cette expérience pour ne pas "reproduire les mêmes erreurs". Déjà, il a demandé à jouer en premier cette fois. Il avait regretté de jouer après le faramineux Djokovic-Nadal il y a deux ans. Il ne gambergera pas à patienter plusieurs heures en attendant son tour.

Intrinsèquement, le jeu de Wawrinka lui convient sans doute un peu mieux que celui de Ferrer. Maintenant, le fait de gommer les erreurs de 2013 ne constitue évidemment pas une garantie de succès. Si Warinka est au-dessus. Quant aux moins, peut-être un zest de fraîcheur en moins après son gros combat en cinq sets contre Nishikori, alors qu'il avait mis trois sets à tout le monde en 2013 jusqu'en demies. Mais je ne crois pas que cela pèsera. Jo a eu trois jours pour récupérer et après sa longue absence, il a une grosse fraîcheur physique.

L.V. : Non, je ne crois pas. Je n'ai jamais cru que ce qu'un joueur pouvait accomplir retirait quoi que ce soit à ce qui a été fait dans le passé. Federer a gagné Roland-Garros. Point barre. De toute façon, on peut tout aussi bien estimer que Djokovic n'a pas battu le "vrai" Nadal, mais un Nadal plus fragile que jamais sur terre, simple copie du joueur archi-dominateur qu'il fut par le passé. Celui-là, Djokovic ne l'a jamais battu.

L.V. : Comme l'autre jour Nadal 2008 contre Djokovic 2011, le débat peut être sans fin puisque la vérité en la matière ne peut, par définition, exister. Mais à mon avis, le Federer de ces trois années, qui n'était pas si loin du Nadal d'alors, tellement au-dessus de celui d'aujourd'hui, l'aurait emporté.