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Novak Djokovic et les rois maudits

Laurent Vergne

Publié 09/06/2015 à 11:57 GMT+2

Sept joueurs seulement (Budge, Perry, Emerson, Laver, Agassi, Federer et Nadal) ont réussi dans leur carrière à remporter les quatre tournois majeurs du circuit. Au fil des décennies, d'autres grands champions ont couru en vain vers certaines levées du Grand Chelem, à l'image de Novak Djokovic à Roland-Garros. Tour d'horizon du cimetière des regrets.

Novak Djokovic ne comprend pas ce qu'il lui arrive

Crédit: AFP

OPEN D'AUSTRALIE

  • PAT CASH (Australie)
    2 finales perdues (1987, 1988)
Pat Cash a vécu son heure de gloire en remportant Wimbledon en 1987. Mais il n'a jamais réussi à décrocher le titre chez lui, à l'Open d'Australie. Le rocker-volleyeur a perdu deux finales, juste avant et juste après son titre à Londres. Deux échecs particulièrement douloureux, en cinq sets. En 1987, il s'incline d'abord en finale face à Stefan Edberg, pour la dernière édition sur le gazon de Kooyong. Malgré un retour à deux sets partout après avoir raté son début de match, il craque dans la dernière manche (6-3, 6-4, 3-6, 5-7, 6-3).
Un an plus tard, fort de son titre à Wimbledon, il croit en ses chances. Cette fois, dans le tout nouveau Flinders Park de Melbourne, il signe l'exploit en battant en demi-finale le numéro un mondial Ivan Lendl. En finale, un autre Suédois, Mats Wilander, se dresse face à lui. Cash mène deux sets à un mais s'incline finalement 8-6 au cinquième. Un vrai crève-cœur. Après lui, Lleyton Hewitt va connaître également la douleur de perdre une finale à domicile, en 2005. Et l'Australie attend toujours de voir un de ses champions s'imposer à domicile, depuis 1976 et le sacre de l'improbable Mark Edmonson. 
  • ANDY MURRAY (Grande-Bretagne)
    4 finales perdues (2010, 2011, 2013, 2015)
Si l'Ecossais ne gagne pas à Melbourne d'ici la fin de sa carrière, il pourra repenser à toutes ces occasions perdues. Murray joue toujours très bien en Australie. Mais son extraordinaire régularité dans la performance n'a encore jamais débouché sur un couronnement. En 2010, il s'incline en finale face à un Roger Federer impérial. La première de ses… quatre finales perdues à Melbourne Park. Les trois suivantes le seront face à Novak Djokovic, sa vraie bête noire australe. D'autant que le Serbe l'a également dominé en demi-finale en 2012, après un combat de cinq heures et cinq sets. Quand ça ne veut pas…
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Andy Murray - Open d'Australie 2015

Crédit: AFP

ROLAND-GARROS

  • NOVAK DJOKOVIC (Serbie)
    3 finales perdues (2012, 2014, 2015)
Seul Roger Federer a perdu plus de finales à Roland-Garros que Novak Djokovic. Mais le Suisse, lui, a fini par gagner sur la terre battue parisienne. Pas Djokovic. Pas encore, en tout cas. Comme tout le monde, il a d'abord longtemps buté sur l'inamovible Rafael Nadal. Déjà battu trois fois par l'Espagnol dans la première partie de sa carrière, il échoue trois fois de plus face à lui en 2012, 2013 et 2014.
2015 doit être la bonne, enfin. C'est certain. Il domine le circuit de la tête et des épaules et se charge lui-même de mettre Nadal hors course dès les quarts de finale. Vous connaissez la suite. Battu en finale par Stan Wawrinka, le Djoker a peut-être laissé filer sa plus belle chance de triompher à Paris. L'avenir le dira. Car, fort heureusement, pour lui, il n'est pas encore trop tard pour en finir avec cette malédiction. Dès l'année prochaine, Nole remettra le couvert en espérant sortir de cette liste.
  • JOHN MCENROE (Etats-Unis)
    1 finale perdue (1984)
John McEnroe a gagné Roland-Garros. Si, si. Chez les Juniors. C'est même le seul majeur qu'il a enlevé chez les Juniors ! Chez les grands, en revanche... Pourtant, malgré sa faible attirance pour l'ocre, rien ni personne ne semble pouvoir le priver, enfin, du titre, en 1984. Sa grande année. Son immense année. Il n'y perdra que trois petites rencontres. Après un parcours sans faute, il retrouve en finale Ivan "Chicken" Lendl, l'homme qui se décompose à chaque grande finale. Big Mac, toujours génial, survole les deux premiers sets (6-2, 6-3). La coupe est là, au chaud, rien que pour lui.
Mais Lendl, ce jour-là, a décidé de devenir un champion. Ça tombe mal pour le gaucher frisé, d'autant que le destin, lui, a choisi de lui jouer un drôle de tour. McEnroe aura un break d'avance dans le quatrième set puis deux balles de break dans le 7e jeu dans le 5e set. En vain. C'est lui qui craque et perd son service à 6-5 pour s'incliner 2-6, 3-6, 6-4, 7-5, 7-5. McEnroe le pressent déjà, il n'aura plus jamais pareille occasion de gagner à Paris. Il atteindra encore les demies un an plus tard, recevant une fessée de Wilander. Alors, certes, il n'a perdu qu'une finale à Paris, mais cette défaite-là compte pour quatre ou cinq.
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John McEnroe en 184 à Roland-Garros.

Crédit: AFP

WIMBLEDON

  • KEN ROSEWALL (Australie)
    4 finales perdues (1954, 1956, 1970, 1974)
Le champion le plus sous-estimé de l'histoire du tennis. Ken Rosewall a remporté huit tournois du Grand Chelem, alors qu'il n'en a pas joué un seul pendant... 11 saisons. Né en 1934, passé pro à 22 ans, l'Australien ne reviendra en effet sur les tournois majeurs qu'en 1968, à l'évènement de l'ère Open. S'il avait disputé Wimbledon tous les ans de 1957 à 1967, difficile d'imaginer que Rosweall n'aurait pas gagné à Londres.
Malgré cette longue parenthèse, il a quand même trouvé le moyen d'y disputer quatre finales. Toutes perdues. Deux dans sa jeunesse, à 19 (1954, face à Jaroslav Drobny) et 21 ans (1956, contre Lewis Hoad). Puis, lors de sa deuxième carrière, en 1970 et 1974, cette dernière à presque 40 ans contre le jeune Jimmy Connors. La dernière chance de Rosewall. Mais il a tant marqué l'histoire du tournoi qu'aujourd'hui, il est le seul non-vainqueur à bénéficier auprès du All England Club des mêmes privilèges que les anciens lauréats. Une forme de reconnaissance.
  • IVAN LENDL (Tchécoslovaquie/Etats-Unis)
    2 finales (1986, 1987)
On parle là d'une époque où le gazon fusait à ce point que, même sur seconde balle, tout le monde effectuait service-volée. Même un Ivan Lendl, incapable de mettre un pied devant l'autre sur herbe au début de sa carrière, a dû s'y mettre. Plutôt bien en ce qui le concerne. En 1981, dans la foulée de sa première finale de Grand Chelem à Roland-Garros, le Tchécoslovaque perd au 1er tour à Wimbledon. Il va pourtant peu à peu faire de ce tournoi son obsession. Au point de zapper en 1990 un Roland-Garros qu'il aurait largement pu gagner afin de se concentrer sur le majeur britannique. Un choix qui ne sera pas payant.
Au prix d'un travail acharné, Lendl est pourtant devenu au fil des années un excellent joueur de gazon. Il atteindra sept fois le dernier carré à Londres, et deux fois la finale. Son malheur ? Tomber sur deux générations exceptionnelles. Celle des Connors-McEnroe d'abord, puis celle des Becker-Edberg. Becker, notamment, qui lui barre trois fois la route en 1986, 1988 et 1989. Son plus grand regret ? Probablement l'édition 1987. Sans Becker, sorti dès le 2e tour, et après avoir battu Edberg en demies, il s'incline en trois sets en finale face à Pat Cash.
  • ANDY RODDICK (Etats-Unis)
    3 finales perdues (2004, 2005, 2009)
Il avait le jeu parfait pour gagner Wimbledon. Arrivé trois fois en finale, Roddick s'y est incliné trois fois face au même homme, Roger Federer. Si la deuxième, en 2005, fut à sens unique, les deux autres laissent un goût amer à Roddick. En 2004, il a compté un break d'avance dans le troisième set alors que les deux joueurs étaient à une manche partout, mais la pluie est alors venue le dérégler. Il perdra finalement en quatre sets. Et que dire de la finale 2009 ? Le match presque parfait d'Andy Roddick, impérial au service. Il ne concède qu'une seule fois son service dans toute la rencontre. Sur le dernier jeu du match, pour offrir le titre à Federer, 16-14 au 5e set. Roddick n'avait pas encore 27 ans, mais cet échec-là fut celui de trop et il ne s'en est jamais vraiment remis.
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Wimbledon 2009 : Roger Federer et Andy Roddick

Crédit: Imago

US OPEN

  • BJORN BORG (Suede)
    4 finales perdues (1976, 1978, 1980, 1981)
Bjorn Borg est le seul véritable maudit de l'US Open. Pour beaucoup, la plus grande injustice de l'histoire du tennis. Borg n'a jamais pris la peine de disputer l'Open d'Australie, alors quatrième roue du carrosse du Grand Chelem. En revanche, le Suédois a tout fait pour gagner aux Etats-Unis. En vain. Que ce soit sur la terre battue de Forrest Hills ou sur le ciment de Flushing Meadows. Quatre finales, quatre défaites, face aux deux stars américaines de l'époque. Deux contre Jimmy Connors, les deux premières, puis deux contre John McEnroe pour finir.
Son plus gros regret ? Sans doute l'édition 1980. Le Scandinave est alors l'incontestable numéro un du tennis mondial. Il reste sur une mémorable victoire face à McEnroe à Wimbledon, sa 5e de rang, un mois après avoir encore survolé Roland-Garros. Pour la première fois, il parle même de Grand Chelem. Il est à mi-chemin, puisque l'Open d'Australie se déroule à l'époque en fin d'année, après l'US Open. Lui qui n'a plus mis les pieds aux Antipodes depuis 1974 se dit prêt à effectuer le voyage jusqu'à Kooyong. A condition de gagner à New York. En finale, mené deux manches sets à rien, il recolle à deux sets partout. Il n'a alors plus perdu un match en cinq sets depuis... six ans. Mais au 7e jeu, il commet deux doubles fautes fatales et s'incline 6-4 au 5e. Il perdra une dernière finale en 1981, la toute dernière finale majeure de son exceptionnelle carrière.
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Bjorn Borg, le maudit de l'US Open

Crédit: Imago

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