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Djokovic - Murray : Paris cherche son nouveau mousquetaire

Laurent Vergne

Mis à jour 05/06/2016 à 11:51 GMT+2

ROLAND-GARROS - Novak Djokovic ou Andy Murray ? Le Grand Chelem parisien aura un nouveau roi, dimanche, à l'issue d'une finale plus indécise qu'elle n'y parait sur le papier. Après trois échecs, le numéro un mondial est à nouveau en quête du seul grand titre qui lui fait défaut, pour s'offrir, en prime, le Grand Chelem sur deux saisons.

Novak Djokovic vs Andy Murray

Crédit: Eurosport

Le contexte

C'était la finale la plus logique. D'abord parce qu'elle est conforme à la hiérarchie actuelle. Ensuite parce que Novak Djokovic et Andy Murray ont été, avec Rafael Nadal, les deux joueurs dominateurs de la saison sur terre. L'Espagnol rapidement hors course, l'hypothèse d'une finale serbo-britannique s'était considérablement renforcée. Seul Stan Wawrinka paraissait encore en mesure de troubler le jeu, mais le champion sortant a été bouté hors du tournoi sans ménagement par Murray, aux portes de la finale. Voici donc Djokovic-Murray, épisode VII en finale de Grand Chelem.
Ces retrouvailles commencent donc presque à s'apparenter à une forme de routine, mais deux éléments viennent pimenter ce duel-ci. D'abord le fait qu'il se tienne à Roland-Garros, où l'un comme l'autre n'ont encore jamais gagné. Nous aurons, quoi qu'il arrive, un nouveau roi de Paris. Ensuite, il y a l'enjeu historique de cette finale. Supérieur à celle du dernier Open d'Australie, par exemple, où Muzz et Nole ont leurs petites habitudes. Cette fois, ce n'est pas seulement un titre du Grand Chelem qui se joue. C'est LE Grand Chelem tout court, en carrière et sur deux saisons, pour Djokovic. Si le Serbe devient le premier joueur depuis Rod Laver à détenir simultanément les quatre couronnes majeures, il fera un pas de géant dans l'histoire de son sport.
La portée apparaît certes moins significative chez Andy Murray, mais elle est tout sauf dérisoire. Vainqueur à Roland-Garros, l'Ecossais changerait lui aussi de dimension. Il n'a plus gagné en Grand Chelem depuis trois ans, a connu une période difficile mais n'a cessé de marquer son retour au premier plan depuis un an et demi. Triompher à Paris, sur cette terre battue qu'il a mis du temps à apprivoiser, ce serait tout simplement le plus grand accomplissement de sa carrière.
Ces deux-là se connaissent par coeur. Ils n'offrent certes pas l'opposition de style que pouvait constituer un Federer-Nadal, ni même, dans une moindre mesure, le Djokovic-Wawrinka de l'an dernier. Mais c'est un duel entre deux champions assez magistraux. A eux deux, s'ils délivrent leur meilleure composition, ils peuvent offrir une finale de haute tenue. Cette édition 2016, si matraquée par diverses formes de grisailles, mériterait bien un feu d'artifice en guise d'adieux...
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Djokovic a la pression, Murray a une opportunité

Face-à-face

Ce sera le 24e affrontement entre Novak Djokovic et Andy Murray. Le 10e en Grand Chelem et le 7e, déjà, en finale d'un majeur. Autant que Djokovic-Nadal. Et tout près du record (8) de Federer et Nadal. La particularité dans cette rivalité, c'est que le Serbe a constamment eu l'avantage, depuis qu'il a remporté leur tout premier match, en 2006. Après sa victoire en finale de Wimbledon en 2013, Murray s'était rapproché à 11-8. Depuis, Djokovic a inexorablement fait le trou, remportant 9 de leurs 11 derniers duels. Mais à Rome, leur dernière confrontation en date a tourné en faveur du Britannique. Alors, qui sait ?

Ils ont dit

Novak Djokovic : "Je connais son jeu. Il connait le mien. On joue l'un contre l'autre depuis qu'on a 11 ans. Dimanche, comme d'habitude, ce sera un match avec beaucoup de duels de fond de court, car nous avons le même style de jeu. Mentalement, je ne pense pas avoir d'ascendant. Quand on rentre sur le court, on sait qu'on a tous les deux les armes pour battre l'autre."
Andy Murray : "Avoir battu le tenant du titre, c'est bon pour la confiance, c'est toujours important d'arriver en finale en ayant battu des grands joueurs. Mais une finale, c'est une source de motivation en soi. Je trouve que mon jeu est parfaitement en place. J'ai tout pour réussir un grand match dimanche en finale, on verra si ça suffit pour la gagner."

Trois stats à avoir en tête

1. Dans l'ère Open, soit sur 189 tournois, un seul joueur a remporté un Grand Chelem après avoir été mené deux sets à rien au premier tour. Il s'agit de Patrick Rafter, à l'US Open, en 1998. L'Australien, alors tenant du titre, avait perdu les deux premières manches 6-4, 6-4 contre Hicham Arazi, avant de s'imposer 6-3, 6-3, 6-1 dans les trois suivantes. Il était ensuite allé au bout pour conserver son titre. Andy Murray, mené 2 sets à 0 par Radek Stepanek au 1er tour, serait donc le deuxième.
37,8. Sur leurs trois duels de 2016, le pourcentage de points gagnés par Andy Murray sur sa seconde balle contre Novak Djokovic. Mais, alors qu'à Melbourne et à Madrid, il n'avait pas dépassé les 35%, il avait affiché un taux de réussite de 48% lors de sa victoire à Rome il y a trois semaines. Dimanche après-midi, plus ce pourcentage s'éloignera des 50%, moins Murray aura de chances de lever la Coupe des Mousquetaires.
1984. Une finale entre le numéro un et le numéro deux mondial, en Grand Chelem, cela n'a rien d'exceptionnel. Mais une finale entre les deux premiers mondiaux dans un majeur que ni l'un ni l'autre n'a gagné, c'est une grande première depuis 1984 et la finale entre John McEnroe et Ivan Lendl. Ce jour-là, le numéro deux l'avait emporté...

La cote

Novak Djokovic 55% - Andy Murray 45%

Notre avis

Un duel beaucoup plus indécis qu'il ne l'était il y a encore un ou deux ans. Andy Murray s'est hissé aujourd'hui au niveau des meilleurs sur terre. Il n'arrive pas en victime expiatoire et sa victoire à Rome l'aidera à aborder cette finale avec une certaine dose de confiance. Après un début de tournoi laborieux, il n'a cessé de se bonifier et, contre Wawrinka, il a joué à un niveau exceptionnel. Pourtant, malgré tout, il est très difficile de miser contre Novak Djokovic. Entre ces deux champions au profil si proche, le Serbe possède quand même un ascendant sur son rival.
Au bout du compte, c'est toujours lui qui a les clés de cette finale. Il y a un an, contre Wawrinka, il s'était tendu, et le tennis de feu du Suisse avait fait le reste. Si cette même combinaison se reproduit dimanche, l'affaire peut encore mal se finir pour lui. Le poids de l'événement sera clairement sur lui. A Roland, une place de finaliste est déjà une promotion pour Murray. Pour Djokovic, c'est un insupportable plafond de verre. Et perdre trois ans de suite aux portes du titre face à trois adversaires différents serait assez dévastateur. Mais, en dépit du niveau de jeu de Murray, s'il maîtrise ses émotions, Djokovic a tout pour enfin soulever la Coupe des Mousquetaires et écrire une grande page de l'histoire du tennis.
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Novak Djokovic - Roland Garros 2016

Crédit: AFP

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