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Federer, Wawrinka, Hingis : Timea et ses inspirations martiennes

Laurent Vergne

Mis à jour 08/06/2017 à 11:22 GMT+2

ROLAND-GARROS 2017 – Quand vous jouez au tennis en Suisse, il n'est pas forcément évident de se faire une place depuis 20 ans aux côtés des Martina Hingis, Roger Federer et, désormais, Stan Wawrinka. Timea Bacsinszky rêve d'y parvenir. Elle n'est plus très loin de rejoindre ce "groupe de martiens."

Timea Bacsinszky - Roland-Garros 2017

Crédit: Getty Images

Depuis un peu plus de deux décennies, de Martina Hingis à Stan Wawrinka en passant, évidemment, par Roger Federer, le tennis helvétique vit un formidable âge d'or. A eux trois, ces champions pèsent la bagatelle de 26 titres en Grand Chelem. Pour Timea Bacsinszky, comme pour tous les autres joueurs et joueuses suisses, ce trio majuscule constitue, pour des raisons différentes, une formidable source d'inspiration. "Ils me poussent tous les trois, et pas que moi, à aller encore plus haut, à ne pas avoir de limites", explique-t-elle.
Avec l'humour et le sourire qui la caractérisent, la désormais double demi-finaliste de Roland-Garros se dit heureuse de leur arriver "au talon", même si, comme elle l'admet sans mal, "c'est parfois dur de faire partie de ce groupe de martiens." "Moi, poursuit-elle, parfois je gagne un tournoi, et alors on dit : 'D'accord...' Mais les autres, ils ont des Grands Chelems !"
Roger, c'est celui qui m'a fait le plus chialer
Pour ces "autres", la Vaudoise nourrit des sentiments qui vont du respect à l'admiration en passant même par un peu "d'amour". Il y a Federer, d'abord. Le monument. Le point de repère incontournable, pour ce qu'il pèse en termes de palmarès, et ce qu'il représente dans le tennis et même le sport suisse. "Roger, c'est celui qui m'a fait le plus chialer de tous, confie-t-elle. 18 fois quoi ! C'est tellement d'émotions à chaque fois. Roger est tellement communicatif par rapport aux émotions. Oui, je suis très réceptive aussi à l'émotion dans le sport."
Avec Martina Hingis, le lien est différent. Plus personnel. Parce ce que l'ancienne reine du circuit est intimement liée à la carrière de Timea Bacsinszky. Pour le pire et le meilleur. "Martina, au tout début, c'était un énorme fardeau pour moi. Elle le sait." Né en 1989, Bacsinszky se fait connaître dès l'adolescence, en remportant deux années de suite les Petits As, en 2002 et 2003. Depuis la création du célèbre tournoi tarbais en 1983, elle ne sont que deux à avoir réussi ce doublé chez les filles. La première s'appelait Martina Hingis.
Forcément, les comparaisons vont arriver. D'autant que l'émergence de Timea coïncide avec la retraite de Martina, début 2003. "J'étais comparée à elle, déplore aujourd'hui la tombeuse de Kristina Mladenovic. Mais ce qu'elle avait fait était tellement exceptionnel. Réussir tout trop vite, et puis après, être tout le temps comparée à elle, c'était très compliqué pour moi. Mais, c'était un honneur aussi. Maintenant, je l'ai compris. Mais à 16 ans, on ne le ressent pas de la même façon." Cette ombre injuste et imposante pèsera sur ses premiers pas chez les professionnels. On lui avait demandé d'assumer l'impossible.
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Mladenovic emportée par la tempête... et Bacsinszky

Martina, du boulet au rêve commun

15 ans plus tard, il y a prescription. Les deux jeunes femmes partagent un chemin tortueux. Arrêt, reprise, arrêt, reprise pour Hingis, qui après en avoir eu ras la casquette du tennis, continue à se faire plaisir en double et double mixte à bientôt 37 piges. Timea Bacsinszky, elle, a aussi tourné le dos à son sport. A 24 ans, elle voulait tout balancer et se lancer dans une carrière dans la restauration. La passion l'a également rattrapée. Mais ces destins parallèles à certains égards se sont aussi rejoints. Martina est devenue, pour Timea, "une copine extraordinaire".
Ensemble, elles ont apporté à la Suisse une médaille d'argent en double dames aux Jeux Olympiques de Rio. "On a vécu un fantastique rêve ensemble, dit à ce propos Bacsinszky. Entre nous, il y a de la complicité, du respect, et de l'amour." Hingis, qui n'a jamais pu triompher à Roland-Garros, adorerait voir sa cadette apposer son nom sur la Coupe Suzanne-Lenglen. Dans cette quinzaine, discrètement, elle joue les ange-gardiens. "Après mon huitième de finale contre Venus, elle m'avait mis un petit mot sur mon casier, raconte la demi-finaliste. Et là, après le match contre Kristina, j'en avait à nouveau un."
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Timea Bacsinszky et Martina Hingis à Rio l'an dernier.

Crédit: Getty Images

Stan, c'est une inspiration éternelle
Federer le repère, Hingis le boulet devenue intime. Et Wawrinka dans tout ça ? C'est peut-être pour lui qu'elle nourrit l'admiration la plus profonde. Il n'a pas été un phénomène de précocité. Il n'est pas devenu l'homme le plus titré de l'histoire. Mais c'est peut-être pour cela qu'elle se sent plus proche de son parcours. Le Vaudois a attendu 29 ans pour conquérir sa première couronne majeure. Bacsinszky en aura 28 jeudi. Un destin à la Federer ou la Hingis n'était pas pour elle. A la Wawrinka...
"Stan, poursuit-elle, c'est une inspiration éternelle, et ça devrait l'être pour toutes les futures générations. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi travailleur que lui. C'est un exemple au quotidien, vraiment." Oui, elle se reconnait dans cette trajectoire cabossée avant de devenir rectiligne. "Stan, peu importe, il tombe, il se relève, il tombe, il se relève, il continue. Et en fait, maintenant, il ne tombe plus tant que ça ! Et maintenant il a décidé de gagner je ne sais combien de titres du Grand Chelem", rigole Timea Bacsinszky.
Evidemment, le lien entre eux doit aussi beaucoup à Dimitri Zavialoff. Le technicien alsacien, qui a formé Wawrinka et a été son entraîneur pendant 15 ans, s'occupe de Timea Bacsinszky depuis quatre ans. C'est lui qu'elle a appelé en 2013, lorsqu'elle a voulu reprendre le fil de sa carrière. Que de chemin parcouru depuis... "La proximité que j'ai avec Dimitri m'a permis de comprendre à quel point tout ce travail était nécessaire." Il paie, aujourd'hui. Et ce n'est peut-être pas fini. Timea dit "ne pas savoir où est sa limite." Qui sait, samedi, peut-être intègrera-t-elle le groupe des martiens...
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Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better. Du Samuel Beckett en tatouage, symbole de la persévérance de Stan Wawrinka.

Crédit: Getty Images

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