Garcia-Mladenovic, un an après

La roue a sacrément tourné. Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, les deux principales têtes d'affiche du tennis féminin français, ont chacunes opéré un virage à 180° en l'espace de douze mois. Et comme elles l'ont opéré dans un sens exactement inverse, leurs positions se retrouvent inversées par rapport à 2017. Garcia est aujourd'hui à peu près là où en était Mladenovic il y a un an. Et vice versa. La première est désormais en pleine ascension, au faîte de sa carrière. Comme Mladenovic en arrivant à Roland-Garros l'an dernier. Elle est aujourd'hui au plus bas.

Petit rappel des faits, donc : mai 2017, juste avant les Internationaux de France, Mladenovic surfait sur une vague qui avait quelque chose d'irrésistible. La Nordiste avait remporté 25 de ses 30 derniers matches. Titrée à Saint-Petersburg, finaliste à Stuttgart et à Madrid, demi-finaliste à Indian Wells, elle était en pleine bourre. 51e mondiale fin janvier, elle avait grimpé jusqu'au 14e rang avant Roland-Garros. Mieux, elle était Top 5 à la Race. Tout lui souriait ou presque.

Aujourd'hui, rien ne va plus. Depuis son quart de finale à Roland-Garros l'an dernier, Kristina Mladenovic a disputé 16 tournois et n'a gagné que sept matches. Sept victoires en un an. La voilà retombée à la 30e place au classement WTA et avec les points de son quart de finale à défendre, elle pourrait même chuter plus bas encore. Malgré tout, elle s'efforce de positiver. "C'est du sport de haut niveau, il y a des hauts et des bas, dit-elle. Peu importe la situation, bonne ou mauvaise, il faut apprendre. J'ai toujours une grande motivation. Le contexte est différent de celui de l'année dernière, mais j'ai toujours autant envie de bien faire."

Dans son ascension vers les sommets, Caroline Garcia a donc croisé son ex-partenaire de double en pleine chute. Elle l'a à peine regardée. Les relations entre les deux jeunes femmes sont toujours glaciales. Jeudi, elles se sont succédé à l'entraînement sur le court Philippe-Chatrier. Sans échanger ni mot ni regard. Aujourd'hui, c'est la Lyonnaise qui profite du vent dans le dos. 6e mondiale, elle est certes moins irrésistible qu'elle ne le fut à l'automne dernier en Asie, mais ses résultats sont plus que solides.

Hommes et femmes confondus, Garcia incarne le principal espoir français avant ce Roland-Garros. D'où l'intérêt autour d'elle. Elle s'en est amusée lors du "media day". "C'est la première fois que je dois faire la journée médias le vendredi, alors les choses doivent être un peu différentes", a-t-elle souri. Mais elle ne se plaint pas des à-côtés dus, ou imposés, par son nouveau rang. "C'est bien, ajoute-t-elle. C'est une chance. Aborder le tournoi en tant que Top 10 ouvre des perspectives, mais je ne ressens pas de pression par rapport aux attentes du public. Je sais que je suis la Française la mieux classée. Longtemps, ça a été les hommes. Aujourd'hui, c'est moi. Mais je n'y pense pas vraiment."

Malgré tout, eu égard à son classement, Caroline Garcia sait qu'on l'attend en deuxième semaine, par exemple en quarts de finale, où elle pourrait avoir rendez-vous avec la numéro un mondiale, Simona Halep. Mais elle joue pour elle, pas pour les autres. "J'essaie de gagner des matches, de prendre du plaisir, dit-elle. Et si ça peut rendre le grand public heureux, c'est encore mieux."

Alors, ce Roland-Garros marquera-t-il une nouvelle étape de l'émergence de Caroline Garcia, qui peut devenir la cinquième joueuse française dans le Top 5 mondial sa création ? Kristina Mladenovic va-t-elle enrayer ce qui s'apparente à une descente aux enfers ?

Si leurs trajectoires avaient divergé avant Roland-Garros 2017, et si elles se sont éloignées depuis dans un sens inverse, leur campagne parisienne avait eu un air de gémellité. Caroline et Kiki avaient toutes deux atteint les quarts de finale. Pour l'une, ce fut un point de départ. Pour l'autre, la fin d'une période faste. Sans être un minimum syndical, le cap des quarts de finale apparait comme un objectif plus que raisonnable pour Garcia. Pour Mladenovic, c'est une autre histoire...