Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Roland-Garros 2023 | Elina Svitolina, une super maman en mission : "Je me bats pour mon pays"

Maxime Battistella

Mis à jour 04/06/2023 à 10:05 GMT+2

Deux mois à peine après avoir repris la compétition, Elina Svitolina a réussi la performance exceptionnelle de retrouver la seconde semaine de Roland-Garros. Revenir à cette vitesse d'une maternité impose le respect autant que l'admiration. Et l'Ukrainienne ne le cache pas, elle tire aussi son énergie de l'actualité tragique qui secoue son pays depuis plus d'un an.

Svitolina celebrando su victoria ante Blinkova en la tercera ronda de Roland-Garros 2023

Crédit: Getty Images

Gaël Monfils a beau avoir déclaré forfait avant son 2e tour, il peut continuer à vivre ce Roland-Garros par procuration. A le voir se ronger les ongles et le regard déterminé dans les tribunes du court Simonne-Mathieu vendredi, pas de doute permis : le combat de sa femme Elina Svitolina est aussi le sien. Et il a de quoi être fier. Car l'ancienne numéro 3 mondiale, qui a mis au monde leur fille Skai voici seulement sept mois et demi, n'en finit pas d'étonner.
Pour la première fois depuis l'US Open 2021, la voilà en seconde semaine d'un tournoi du Grand Chelem. Du côté de la Porte d'Auteuil, elle n'était plus allée aussi loin depuis l'édition 2020 (quart de finale). Pourtant, son match de reprise à Charleston ne date que d'à peine deux mois. La revoir aussi vite à ce niveau – elle est sur une série de 8 victoires puisqu'elle a triomphé à Strasbourg avant Roland – relève de la prouesse. Consciente de ses performances, elle n'en oublie pas celles qui l'ont précédée sur cette voie.
Quand j'étais enfant, Roland-Garros était l'un des seuls tournois diffusés en Ukraine
"C'est une histoire importante parce que je m'inspire aussi d'autres femmes qui ont eu un enfant et qui sont revenues à la compétition, en tennis ou dans d'autres sports. Bien sûr, ça demande un immense effort d'y parvenir. Tatjana Maria (demi-finaliste à Wimbledon en 2022, NDLR), par exemple, a repris après avoir eu deux enfants. Je ne suis pas sûre que je reviendrais après un deuxième enfant, a-t-elle lâché en souriant devant la presse.
Avant d'ajouter : "C'était déjà assez dur de revenir comme ça. Même si tout le monde me dit que j'ai fait vite, j'ai l'impression que ça fait une éternité. J'admire toutes les mères qui travaillent, qui ont une vie à côté et s'occupent de leur bébé, parce que vous savez, j'ai une équipe qui m'aide pour s'occuper à plein temps de Skai pour que je puisse jouer au tennis. J'admire vraiment les mères qui font tout toutes seules."
Si Svitolina reste humble, sa résistance sur le plan physique n'en est pas moins bluffante. Gagner un tournoi la semaine précédant un Grand Chelem donne certes confiance mais enchaîner ainsi n'a rien d'évident. Dans cette configuration, l'élimination au 1er tour est même plutôt fréquente – parlez-en à Arthur Fils – tant il faut d'énergie pour aller au bout d'une compétition. Alors comment a-t-elle fait pour récupérer aussi vite et surfer sur sa belle dynamique ?
Peut-être parce qu'elle a un lien particulier avec Roland-Garros par l'intermédiaire de son mari bien sûr, mais aussi par son histoire personnelle. "Quand j'étais enfant, Roland-Garros était l'un des seuls tournois diffusés en Ukraine, a-t-elle révélé. Je me souviens avoir regardé la finale Andre Agassi contre Andrei Medvedev, un Ukrainien en finale. C'était une immense finale, je me souviens l'avoir regardée, avoir soutenu Medvedev. Malheureusement, il n'a pas réussi à l'emporter. (…) C'était une source de motivation à cette époque pour me pousser à m'entraîner, pour faire de mon mieux."
picture

Ukraine's Elina Svitolina celebrates after winning against Russia's Anna Blinkova at the end of their women's singles match on day six of the Roland-Garros Open tennis tournament at the Court Simonne-Mathieu in Paris on June 2, 2023

Crédit: Getty Images

Habitée par une cause plus grande qu'elle

Et puis, Svitolina est habitée par une chose qui la dépasse : la tragédie de la guerre qui secoue son pays. Comme à Strasbourg, elle n'a d'ailleurs pas serré la main de son adversaire russe au 3e tour, Anna Blinkova, et s'en est encore expliquée.
"Tout est parti du gouvernement ukrainien. Lors des rencontres avec les officiels russes, ils étaient contre le fait de serrer leurs mains parce qu'ils ne partagent pas les mêmes valeurs et à cause de ce que les Russes font à notre pays. Je suis Ukrainienne, je me bats pour mon pays. Je fais tout mon possible pour soutenir le moral des hommes et des femmes qui sont sur la ligne de front et qui se battent pour notre terre. Donc vous pouvez imaginer ces gens s'ils me regardaient me comporter comme si rien ne se passait. J'ai une voix et j'ai une opinion sur cette guerre. Elle touche tous les domaines : le sport, le cinéma. Nous sommes tous unis en tant qu'Ukrainiens."
Cette conscience de se battre pour une cause plus grande que son simple intérêt individuel est peut-être ce qui lui a permis de remonter un set de handicap lors de ses deux derniers matches. Et ce qui pourrait la porter encore plus loin. En huitième, elle affrontera d'ailleurs une autre Russe en la personne de Daria Kasatkina. Une motivation supplémentaire ? Pas forcément, "Dasha" a affirmé son opposition à la guerre sans ambiguïté. Mais entre son pays, sa fille, le soutien de son mari et sa propre détermination, Svitolina ne manque décidément pas d'inspiration.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité