Le bon coup de Wozniacki

Qu'on le veuille ou non, c'est bien elle la patronne du classement WTA. Sur le circuit, Kim Clijsters a déjà prouvé qu'elle avait largement son mot à dire dans cette hiérarchie. Mais lorsque la Belge n'est pas là, la Danoise rappelle à qui veut bien l'entendre que son leadership est bien réel. Et pourtant, à Indian Wells n'a sans doute pas convaincu les plus sceptiques. A l'instar de Rafael Nadal dans le tableau messieurs, Caroline a vogué sans croiser le fer avec des joueuses du Top 10, hormis Victoria Azarenka face à qui elle a lutté 27 minutes avant que la Bélarusse abandonne.

Seule différence entre les deux N.1 du moment : l'Espagnol a buté sur Djokovic, alors N.3, en finale, tandis que la Danoise a résisté à la fougue de Bartoli, qui était encore 15e mondiale en Californie. La chance ? Sans doute. Et aussi le métier, certainement. "J'ai su garder la tête froide dans le 3e set (en finale face à Marion Bartoli, NDLR). J'ai vu qu'elle était fatiguée donc j'ai allongé la durée des échanges pour ne lui donner aucun point facilement. Ces longs rallyes pendant le match lui ont fait plus de mal qu'à moi, analyse justement Wozniacki bousculée par la Française qui a failli prendre le dessus en frappant fort et prenant le filet d'assaut. "Je voulais vraiment ce titre, il signifie beaucoup pour moi. Ce n'est pas sur deux semaines comme les tournois du Grand Chelem, mais j'ai prouvé que je pouvais battre de très bonnes joueuses", estime pourtant celle qui n'a pas croisé une joueuse du Top 5 dans le désert californien.

Avec un jeu basé sur une forte résistance physique mais sans être spectaculaire (aucun ace servi mais 77% de premières balles de moyenne sur 10 jours), Wozniacki a trouvé une régularité de métronome et, par là même, la clé de son succès. Victoria Azarenka, blessée à la hanche, et Kim Clijsters, touchée à l'épaule droite face à Bartoli, n'ont tenu la cadence. Ces deux joueuses, auxquelles les soeurs Williams peuvent s'ajouter, auraient pu pourtant causer bien des soucis à la Danoise en pleine possession de leur moyen. Il n'empêche, Wozniacki a réussi à contourner les pièges et soulever son 14e trophée WTA, son premier à Indian Wells, devenant au passage la 5e joueuse en activité la plus titrée derrière Venus Williams (43), Kim Clijsters (41), Serena Williams (37) et Maria Sharapova (22). Pas mal pour une joueuse de seulement 20 ans.

Sur les onze derniers tournois qu'elle a disputés, la Danoise a rallié huit fois la finale (deux fois les demi-finales) et remporté six titres. Cette régularité explique ainsi pourquoi elle a repris sa place de N.1 mondiale une semaine après l'avoir laissée entre les mains de Kim Clijsters en février. Elle accuse une seule défaite au 1er tour, à Sydney en tout début d'année (comme en 2010 d'ailleurs) face à la Slovaque Dominika Cibulkova. Mais surtout aucune finale majeure (depuis l'US Open 2010), et donc aucun titre en Grand Chelem. Le point noir pour l'instant de sa carrière. "En jouant comme ça, tu finiras par gagner un titre du Grand Chelem...", a tenu gentiment à souligner Marion Bartoli, consciente que les tournois Premier, comme Indian Wells et Miami, ne remplacent pas les rendez-vous majeurs de la saison.

En attendant de voir Caroline Wozniacki sur terre battue et à Roland-Garros, la Danoise peut viser un rare doublé entre la Californie et la Floride. A Miami, elle n'a jamais fait mieux qu'un quart de finale, stade de la compétition où elle s'est arrêtée lors des deux dernières éditions (face à Svetlana Kuznetsova en 2009 et Justine Henin en 2010). Cette saison, elle affrontera la vainqueur du match Arvidsson-Mattek au 2e tour, avant un duel face à Daniela Hantuchova au 3e. Un éventuel quart face à Jelena Jankovic, Shahar Peer ou Yanina Wickmayer se profile, tout comme une demi-finale face à Samantha Stosur, Na Li, Svetlana Kuznetsova ou encore Maria Sharapova, comme à Indian Wells. Si elle parvenait à s'imposer en Floride, elle serait la première depuis Kim Clijsters (2005) à réaliser le doublé Indian Wells-Miami et la 3e joueuse de l'histoire, la seconde étant Steffi Graf (1994 et 96). Mais le chemin est encore long et Kim Clijsters, tenante du titre en Floride, n'a pas déclaré forfait.