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Un coach pour entrer dans le monde de Monfils

Patrick Mouratoglou

Publié 23/04/2015 à 15:19 GMT+2

Gaël Monfils a enflammé le public de Roland Garros en pratiquant un tennis magnifique, comme il en a le secret. Spectaculaire, physique, généreux dans l’effort, ou tout simplement unique et hors normes, Gaël est le prototype du joueur dont le tennis a besoin.

Un coach pour entrer dans le monde de Monfils

Crédit: Eurosport

Malheureusement, épuisé par ses deux premiers tours marathon qui l’ont contraint à jouer 7 heures de tennis, il n’a pu tenir la distance et finit par s’incliner face à Tommy Robredo au troisième tour.

Quel Bilan peut on tirer de son Roland Garros 2013 ?

Son niveau de jeu : Gaël a su retrouver juste à temps un excellent niveau de jeu. C’était prévisible car nous connaissons le phénomène ! Il est l’un des seuls capables de se présenter à un tournoi du Grand Chelem sans référence et de pratiquer son meilleur tennis. Avant le tournoi de Bordeaux (deux semaines avant Roland Garros), il n’avait d’ailleurs gagné que cinq matchs depuis le début de l’année.

A la porte d’Auteuil, il s’est défait notamment de Tomas Berdych, 7e mondial, puis d'Ernests Gulbis, probablement le plus fort des joueurs non tête de série.

Il a retrouvé la qualité de son service, un coup qui l’avait abandonné durant des mois. Notamment face à Berdych où il claqua 26 aces pour seulement trois double fautes, 72% de premiers services durant cinq sets avec 79% de points gagnés après.

Il a donc tenu son engagement en véritable patron.

L’autre point très positif, c’est sa capacité à garder intensité et concentration durant quatre heures.

Enfin, le français n’a presque jamais fait preuve d’attentisme, lui qui en souffrait souvent. Il a cherché en permanence à diriger les échanges, a souvent tourné autour de son revers pour distribuer et garder la main sur le rallye. Il est venu terminer les points au filet lorsqu’il était en attaque. Bref, il a sorti tout l’arsenal offensif dont il dispose.

Sur le plan physique, nous avons totalement retrouvé le Monfils incroyablement rapide, félin, souple, capable des sauvetages les plus fous en défense, mais surtout un joueur capable de revenir en attaque après avoir joué une phase défensive. Il a montré qu’il était capable d’enchainer, puisqu’il a gagné le tournoi de Bordeaux, atteint la finale de Nice la semaine suivante, puis joué cinq sets face à Berdych et 4 face à Gulbis.

Quels enseignements ?

Le premier enseignement, évidemment, concerne le non statut de tête de série qui l’aura, à l’évidence, énormément pénalisé. Le premier objectif du Français doit consister à retrouver un classement qui correspond à son niveau et qui lui permettra d’être protégé dans les tournois du Grand Chelem en ayant un statut de tête de série. Ces tournois sont des courses de fond, et la gestion  physique y est essentielle.

Ma seconde réflexion concerne la programmation post Roland-Garros qui m’a beaucoup surpris. Après sa victoire à Bordeaux, pourquoi aller jouer à Nice la semaine précédent Roland Garros ? Lorsque l’on a l’ambition d’aller loin dans un Grand Chelem, il faut savoir préserver son énergie. Le Français avait gagné suffisamment de matches à Bordeaux et je pense que le tournoi de Nice a été celui de trop. L’enchainement des deux, et de Roland-Garros dans la foulée, est quasi inhumain.

Et après ?

La situation de Gaël est compliquée. Actuellement sans coach, sans structure d’entraînement, il est livré à lui-même. Retrouvera-t-il un coach ? Le souhaite-t-il ? Est-ce souhaitable ?

Il n’est pas aisé de répondre à ces questions si l’on prend en considération la personnalité du Français.

Fantasque, imprévisible, totalement atypique, il faut qu’il soit encadré par un coach qui le comprenne. Ljubicic déclarait il y a quelques jours que le Français était "incoachable". C’est également ce que pensent de nombreux entraineurs.  Benoit Paire avait cette même réputation, et aucune collaboration avec des coaches « traditionnels » fédéraux n’a fonctionnée jusqu’à sa rencontre avec son coach actuel Lionel Zimbler.

Il est bien tard pour modifier le mode de fonctionnement de "La Monf’". Il faut l’accepter tel qu’il est, entrer dans son monde et progressivement l’amener à prendre de bonnes décisions pour sa carrière.

La tâche est ardue, mais l’enjeu est important, d’autant que Gaël peut retrouver un très haut niveau de jeu rapidement, s’il trouve les personnes capables de s’adapter à lui.

Patrick MOURATOGLOU
Twitter : @pmouratoglou
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