Murray et les jours sans

Alors qu'on l'annonçait "affamé" à Flushing Meadows, Andy Murray a laissé ses fans sur leur faim. Vendredi soir, l'Ecossais a vécu un match bien étrange dès le 2e tour de l'US Open. L'Ecossais a perdu les deux premières manches face à Robin Haase (6-7, 2-6), avant de remporter le match 6-4 dans le cinquième set. Ce Néerlandais, qui fait plus souvent parler de lui sur le gazon de Wimbledon, a poussé le N.4 mondial dans ses derniers retranchements... sans parvenir à refaire le coup de Rotterdam en 2008, où il avait sorti un Murray alors 10e mondial dès le 1er tour.

"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, a reconnu Andy. Au début, je ne bougeais vraiment pas bien. Je faisais des erreurs que je ne fais pas normalement. Mes jambes ne me portaient pas comme elles auraient dû le faire. Donc j'étais souvent mal placé. Il m'a fallu quelques points à partir du troisième set pour entrer dans ce match et parvenir à le remporter. Cela arrive quelques fois, même si vous ne voulez pas..." Peu avant le début de l'US Open, notre consultant Patrick Mouratoglou estimait qu'il manquait des victoires à Murray lorsque celui-ci était dans un mauvais jour pour être dans le même wagon qu'un Djokovic ou un Nadal. Sur le court Louis-Armstrong, l'Ecossais a eu un sérieux avertissement qu'il aurait pu payer cash face à un adversaire un peu plus coriace.

Robin Haase avait pourtant le tennis pour éliminer l'un des favoris de l'édition 2011. Relativement discret en début de saison en raison de blessures, ce Néerlandais de 24 ans a fait parler de lui à Wimbledon en poussant Rafael Nadal en cinq sets au 2e tour de 2010, puis en éliminant l'Espagnol Fernando Verdasco au 2e tour de 2011. S'en est suivi le gain de son premier titre ATP sur la terre battue de Kitzbuhel fin juillet. Il a logiquement atteint son meilleur classement (41e mondial) grâce à un joli parcours à Winston-Salem lors du seul tournoi américain qu'il a disputé avant l'US Open, s'inclinant face à Julien Benneteau en demi-finales, non sans avoir remporté le premier acte (6-3, 6-7, 6-7). Face au N.4 mondial, Haase a bien failli remporter sa plus belle victoire en s'offrant l'un des membres top 4 mondial actuel. Si son dos ne l'avait pas fait souffrir, peut-être y serait-il arrivé.

L'Ecossais qui galère en cinq sets en Grand Chelem après avoir perdu les deux premières manches, c'est un scénario qui a tendance à se répéter. Cette saison à Roland-Garros, il a retourné une situation mal engagée face au Serbe Viktor Troicki en huitièmes de finale (4-6, 4-6, 6-3, 6-2, 7-5). Même chose l'an passé au 1er tour face à Richard Gasquet (4-6, 6-7, 6-4, 6-2, 6-1). Le Biterrois a même connu pareille mésaventure au 4e tour de Wimbledon 2008 (5-7, 3-6, 7-6, 6-2, 6-4). Quelques semaines plus tard, à l'US Open 2008, c'est Jurgen Melzer qui a déchanté face à l'Ecossais (6-7, 4-6, 7-6, 6-1, 6-3). Au total, Murray a perdu 5 matches en 5 manches dans les tournois majeurs, mais finalement un seul après avoir perdu les deux premiers sets (face à Arnaud Clément en 2005) alors qu'il pointait au 122e rang mondial (2-6, 6-7, 6-2, 7-6, 0-6). En tout cas, depuis qu'il est dans le Top 100, l'Ecossais ne perd plus quand il est mené de la sorte.

"A deux sets zéro contre moi, plusieurs choses s'entrechoquent dans ma tête, explique le Britannique, surtout après près de deux heures de jeu. Vous essayez de rester dans le match, même si c'est difficile et que vous êtes frustré. Vous jouez mal, mais vous attendez que votre tennis et vos jambes reviennent." Cette attitude passive qui le caractérise particulièrement a failli lui jouer un mauvais tour, comme lors des deux dernières éditions new-yorkaises où il a été éliminé au 3e et 4e tours. Finaliste en 2008, Andy Murray a revêtu depuis son costume de favori suite à sa victoire au Masters de Cincinnati face à Novak Djokovic, même contraint à l'abandon. Désormais accompagné de Roger Rasheed, ex-entraîneur de Gaël Monfils, Murray devra se faire violence dès le tour suivant face à l'Espagnol Feliciano Lopez pour enlever son premier titre majeur comme il l'a annoncé. D'autant que son parcours reste abordable avant de jouer éventuellement Rafael Nadal en demi-finales : avec Chela ou Young en huitièmes de finale, puis Simon, Del Potro ou Isner en quarts de finale.