Federer : "Le dos, ce n'est pas le problème"

Roger Federer n'a vraiment pas l'air d'un vainqueur en puissance de l'US Open pour le moment. Cinq sets contre Frances Tiafoe, cinq autres d'une qualité très inégale face à Mikhail Youzhny... Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Suisse bafouille en ce début de quinzaine. Face au jeune Américain, il avait été mené une manche à rien. Jeudi, sur l'échelle de l'angoisse, il a franchi contre le vétéran russe un cap en se retrouvant mené deux sets à un.

Federer s'en est donc encore sorti. Il reste ainsi en course pour un 20e titre en Grand Chelem et après tout, en ces temps curieux où, peu importe les raisons (absence ou élimination), 11 des 18 meilleurs joueurs du monde ne figurent pas au troisième tour, le simple fait d'être encore en vie est déjà une satisfaction. Mais les statistiques ne parlent pas pour lui. Dans l'ère Open, seuls deux des quelques 200 tournois majeurs disputés ont été remportés par un joueur ayant eu besoin de dix sets pour franchir ses deux premiers tours : Boris Becker en 1996 à l'Open d'Australie et Gaston Gaudio en 2004 à Paris.

Mais bien plus que cela, c'est l'impression laissée par le Bâlois qui interroge. Excellent pendant un set et demi contre Youzhny, Federer a ensuite livré un match très quelconque. Beaucoup ont même cru voir à travers cette liquéfaction le retour de ses problèmes de dos apparus lors de la finale de Montréal face à Zverev et qui l'avaient contraint dans la foulée à renoncer à Cincinnati par mesure de précaution. Mais il n'en est rien, a-t-il assuré. "Le dos, ce n'est pas le problème", a affirmé le numéro 3 mondial lors de sa conférence de presse d'après match.

Le dos n'est, d'après lui, qu'un problème par ricochet. C'est parce qu'il a eu cette alerte voilà trois semaines qu'il rame en ce début de quinzaine. "Je n'ai pas eu une très bonne préparation à cause de ça, a-t-il rappelé. Du coup, je n'ai pas pu servir comme je voulais, je n'ai pas pu être à fond à l'entraînement. Forcément, il y a un manque de rythme quand les matches arrivent." Il n'est pas donc surpris plus que ça, même si… "Je m'attendais donc à avoir des difficultés en début de tournoi, poursuit RF. Bon, peut-être que je rencontre un peu plus de difficultés que ce que j'espérais..."

Mais comme il le dit, il est "toujours dans le tableau". Du coup, il ne veut pas trop focaliser sur les "choses négatives". Surtout, si Federer n'appuie pas sur le bouton "panique", c'est précisément parce qu'il espère que ces premiers matches, même laborieux, vont lui redonner le tempo qui lui fait tant défaut. "Ce n'est pas catastrophique, juge le Bâlois. Je ne joue pas si mal, mais il y a trop de hauts et de bas pour le moment. J'ai bon espoir de m'améliorer au fil du tournoi. Je pense que ça va aller de mieux en mieux".

Roger Federer doit quand même faire face à deux interrogations. Son niveau de jeu, d'abord. On l'aura compris, s'il dure dans ce tournoi, il est convaincu de montrer un visage sensiblement différent de celui affiché face à Tiafoe ou Youzhny. L'autre question tourne autour de sa faculté à tenir physiquement après avoir déjà dû livrer deux combats en cinq sets. Sa chance, c'est que ces deux rencontres n'ont pas non plus viré au marathon. "Puis j'ai déjà joué avec la fatigue, je sais faire ça", plaide-t-il. Même bousculé, même laborieux, Federer n'a pas l'air près de douter. Mais on scrutera quand même de près s'il est apte à montrer autre chose contre Feliciano Lopez au prochain tour.