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US Open - Quentin Halys sur Ben Shelton : "Celui qui me dit qu'il était impressionné par lui cette année est un menteur"

Cyril Morin

Mis à jour 08/09/2023 à 15:32 GMT+2

Quentin Halys n'aurait pas parié sur Ben Shelton, demi-finaliste ce vendredi face à Novak Djokovic, pour être l'attraction de l'année en Grand Chelem. Le Français avait battu assez facilement le jeune Américain tout début janvier à Auckland (6-3, 6-2), juste avant l'Open d'Australie. Depuis, la sensation américaine a fait du chemin malgré une saison franchement surprenante en termes de résultats.

Ben Shelton

Crédit: Getty Images

Vous avez battu Ben Shelton en janvier à Auckland. Le connaissiez-vous un peu avant ce duel ?
Quentin Halys : Avant de l'affronter à Auckland, j'avais vraiment très peu d'infos sur lui, je n'avais pas spécialement suivi les Challengers aux Etats-Unis. J'avais regardé deux, trois vidéos mais c'était un peu tout. Il fait une saison assez particulière finalement puisqu'il joue bien sur deux tournois du Grand Chelem. Mais sinon son année, on ne va pas se mentir, n'est pas très bonne.
Vous avez des souvenirs précis de ce match ?
Q.H : C'était un match en indoor. Moi, je ne suis pas un très très bon retourneur, j'ai rarement l'habitude de gagner en deux sets facilement en indoor. Surtout contre un grand gaucher qui sert bien. C'était assez bizarre. Je me souviens être sorti du match en me disant que ça avait été finalement facile. Sur ce tournoi, il y avait pas mal de Français présents et je leur avais dit 'franchement, les gars, je n’ai pas été super impressionné'. Richard, à l'inverse, qui finira par gagner le tournoi, s'était entraîné avec lui la veille et il m'avait dit 'je le trouve très fort, très impressionnant'. Donc il y avait un décalage entre nos deux perceptions.
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Quentin Halys à Auckland en 2023

Crédit: Getty Images

Vous êtes surpris de le voir à un tel niveau aujourd'hui ?
Q.H : Après ce match-là, si on m'avait dit qu'il allait faire un quart et une demie en Grand Chelem, j'aurais certifié que ce n'était pas possible. Je suis forcément surpris par ces résultats, surtout qu'il fait une année assez vide par ailleurs. Même il y a quinze jours… ça prouve que je connais bien le tennis (rires). C'est une saison vraiment surprenante. Il a été transparent en ATP 250, il n'a pas réussi à gagner deux matches de suite de la saison sauf en Grand Chelem. Donc ces deux résultats sont quand même assez incroyables. Je ne sais pas si on a déjà vu quelqu'un passer autant à côté de son année mais faire deux gros résultats en Grand Chelem.
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Vous l'avez recroisé après Auckland sur le circuit ?
Q.H : J'ai vu certains de ses matches. Mais celui qui me dit qu'il était impressionné par Shelton cette année est un menteur. Il s'est retrouvé 40e mondial avec un seul résultat. Il y a eu un engouement parce qu'il a rejoint la marque de Federer ("On", une entreprise dont RF est actionnaire), parce que c'était le petit Américain qui montait mais on l'a oublié tout au long de l'année en termes de résultats. Mais force est de constater qu'il va devenir 20e mondial avec deux résultats hallucinants.
Dans cet US Open, il impressionne par son gros service et son gros coup droit. Vous aviez senti les germes de ça à l'époque ?
Q.H : Encore une fois, je ne sais plus le score exact (6-3, 6-2, NDLR) mais c'était une branlée. C'est compliqué de ressortir des choses de ce genre de match. Moi qui n'ai pas l'habitude de beaucoup breaker… Après, à ce moment-là de la saison, sans lui manquer de respect, c'étaient des résultats assez normaux pour lui. Moi, j'étais en confiance, lui débutait. Donc c'était un résultat assez logique, sans me jeter de fleurs. Le score était sévère mais quand il perdait contre des joueurs 60es mondiaux, personne ne criait au scandale.
Cette saison 2023 irrégulière peut-elle se reproduire pour lui en 2024 ?
Q.H : Pour lui, ce n'est que du bonus. Il va être tête de série partout pendant un an, notamment sur les 250, il va rentrer avec des bye partout, il sera aussi protégé sur certains 500. Il sera tête de série sur les Masters 1000. Une fois là-bas, il va gagner des matches et y rester. Son classement va être tellement bon que le fait d'avoir des tableaux protégés va lui permettre de gagner plus de matches et de tournois.
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Son service a fait beaucoup parler. Vous êtes aussi un spécialiste dans l'exercice. Il vous inspire quoi sur ce coup ?
Q.H : Il est gaucher, c'est quand même déjà différent. Les droitiers, on n'a pas l'habitude. Tout est inversé en fait, on prend le slice de l'autre côté, c'est quand même très différent. Des mecs comme Feliciano Lopez ou Gilles Müller, même s'ils sont un peu moins bon en fond de court, le fait de jouer un grand gaucher qui sert bien, on sait que ça va être un match chiant. Je mets Rafa dans la catégorie des bons serveurs, c'est très dur de le breaker, probablement plus que s'il avait été droitier. On ne le saura jamais, bien sûr, mais le fait d'en jouer rarement participe au manque de repère.
A-t-il vraiment une chance contre Novak Djokovic ?
Q.H : Pour moi, c'est mission impossible de battre Djoko en demi-finale quand c'est ta première à toi. Shelton, son tournoi est déjà réussi, celui de Djoko commence. Ils abordent tellement différemment ce match-là. Shelton va forcément essayer de gagner mais je pense qu'il va surtout essayer de faire le show et profiter du moment. S'il sert bien, il peut prendre un set. Mais prendre un set face à Djoko en Grand Chelem, on est encore tellement loin du compte. Il va faire certainement très chaud, Djoko connait ce court parfaitement… Je ne lui donne quasiment aucune chance.
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