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Vivement 2020 !

Laurent Vergne

Mis à jour 18/11/2019 à 19:59 GMT+1

Le Masters a confirmé la tendance des derniers mois, avec un rééquilibrage au sommet du tennis mondial. La saison 2019, marquée par l'émergence progressive mais réelle de la nouvelle génération, aura constitué un formidable teasing pour la campagne 2020, qui peut s'avérer une des plus excitantes de notre époque. Reste à franchir le cap en Grand Chelem...

Daniil Medvedev et Stéfanos Tsitsipas

Crédit: Getty Images

Bien sûr, il reste encore la Coupe Davis, ou Pique Cup ou Rakuten Coupe Davis, appelez-la comme vous voudrez, mais en dehors de cet ultime rendez-vous par équipes, le Masters de Londres est venu mettre un terme à une campagne 2019 intéressante à plus d'un titre.
Sans qu'il s'agisse d'un paradoxe, cette saison aura tout à la fois amorcé la montée en puissance de la jeune génération tout en confirmant une forme d'hégémonie des figures historiques du XXIe siècle. Pour une raison simple : il existe aujourd'hui deux circuits ATP : celui du Grand Chelem, dernière scène où le format en trois sets gagnants a survécu, et... tous les autres tournois.
En dehors des quatre levées majuscules du calendrier, le cocotier a été sérieusement secoué. Le Masters, où Djokovic et Nadal ont disparu dès la phase de poules, en est à la fois le symbole le plus récent et le plus éclatant. Tsitsipas y a dominé Federer. Thiem a battu Federer et Djokovic. Zverev a pris le dessus sur Nadal. Ce vent de renouveau avait déjà largement soufflé tout au long de la saison. Djokovic, Nadal et Federer ont certes la majorité absolue à eux trois avec cinq des neuf titres en 2019, mais l'opposition s'y fait plus féroce et plus diverse.
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Stefanos Tsitsipas, vainqueur du Masters 2019.

Crédit: Getty Images

Boucher les trous d'air en Grand Chelem

Le rajeunissement est en marche, clairement. Si l'infernal trio truste en cette fin d'année le podium mondial, la menace se précise. A leurs côtés, les cinq autres qualifiés pour le Masters affichaient entre 21 et 26 ans au compteur. A défaut de prise de pouvoir, un rééquilibrage progressif s'opère. Ce que nous avons vu à Londres, et plus globalement ces derniers mois, donne d'ailleurs très envie de passer au plus vite à la prochaine campagne.
On le sait désormais, la plus ou moins jeune garde est tout à fait capable de bousculer les trois grands maîtres. Et de les battre à l'occasion. La grande question est maintenant de savoir s'il est possible de dupliquer en Grand Chelem ce que les challengers ont produit aux étages inférieurs. Cela passera d'abord par une constance supérieure. Tous connaissent encore des trous d'air d'un Majeur à l'autre. Medvedev a bu la tasse d'entrée à Paris, Tsitsipas et Thiem ont enchainé deux sorties dès le 1er tour à Wimbledon et à l'US Open.
En trois sets gagnants, sur la durée d'une quinzaine, Novak Djokovic et Rafael Nadal n'ont rien laissé. A eux deux, ils ont gagné les sept derniers tournois majeurs. En 2019, leur bilan est très au-dessus de la mêlée : deux titres, une finale, une demie pour l'Espagnol. Deux titres, une demie et un huitième pour le Serbe. A distance respectable, Federer peut être considéré comme le troisième homme de la saison en Grand Chelem comme il l'est au classement, avec une finale et une demie à son actif.
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Djokovic et Nadal lors de la finale de l'Open d'Australie

Crédit: Getty Images

Battre un des trois géants n'est certes pas encore une norme mais...

Là aussi, ça pousse. Dominic Thiem et Daniil Medvedev, finalistes à Paris et New York, voire Matteo Berrettini et Stefanos Tsitsipas, avec une demie chacun, ont pointé le bout du nez. Le parcours du Russe à l'US Open est de loin le plus intéressant. Jamais un joueur né après 1995 n'avait atteint une finale majeure. Et il ne lui a vraiment pas manqué grand-chose pour renverser la table et Nadal. La consécration de Medvedev aurait eu une portée historique. Ce ne fut pas pour cette fois, mais sa performance dans le Queens peut contribuer à décomplexer un peu plus sa génération. Il est temps, pour elle, de ne plus marquer de déférence excessive vis-à-vis des trois monstres.
"Au fur et à mesure qu'ils commencent à les battre de plus en plus régulièrement, comme Thiem, Medvedev contre Djokovic, ou Tsitsipas face à Federer, le rapport de force est modifié, expliquait Patrick Mouratoglou sur Eurosport cette semaine. Cela change leur approche mais aussi celle de Rafa, Novak ou Roger."
Des joueurs comme Tsitsipas ou Medvedev n'ont pas eu le temps d'être marqués au fer rouge par Nadal, Djokovic ou Federer. Ils les respectent encore trop, peut-être, mais sans le complexe d’infériorité de la génération sacrifiée des Raonic ou Nishikori. Pour eux, battre un des trois géants n'est certes pas encore une norme, mais ce n'est plus tout à fait un exploit invraisemblable. Sauf en Grand Chelem, donc.
Sur la distance des cinq sets, c'est une autre affaire. La difficulté tient à la nécessité d'enchainer. Tsitsipas a sorti Federer à Melbourne, mais pour aller au bout, il aurait fallu scalper Nadal puis Djokovic. Thiem a battu Djokovic à Roland-Garros. Mais pas Nadal. Ce n'est sans doute pas un hasard si celui qui est passé le plus près du pactole, Daniil Medvedev, avait réussi à éviter Djokovic puis Federer à Flushing juste avant qu’ils ne soient sur son chemin. Il n'avait eu "qu'à" affronter Rafael Nadal.

Prendre le pouvoir, ne pas attendre qu'on le leur donne

Pour qu'un nouveau visage s'impose en Grand Chelem, il faudra que les jeunes franchissent encore un cap dans leur capacité à tenir la distance sur deux semaines et/ou que les trois ténors baissent d'un cran en termes de constance, à l'image du dernier US Open. Stefanos Tsitsipas s'y sent prêt : "Je pense que je suis proche de pouvoir gagner un Grand Chelem. Ce sont des mots forts, j'en ai conscience, mais je crois que j'appartiens au cercle des candidats au titre désormais."
L'an prochain, Federer, Nadal et Djokovic auront respectivement 39, 34 et 33 ans. Physiquement, il deviendra de plus en plus difficile pour eux de traverser la saison et les Majeurs sans connaitre des pépins comme ceux de Federer et Djoko à New York. Mais compter sur un effondrement du triumvirat apparait bien prématuré. Si la nouvelle génération veut le pouvoir dans un avenir proche, elle devra le prendre et ne pas attendre qu'on le lui transfère.
Mais si elle connait en 2020 la même avancée que cette année, la prochaine saison peut s'avérer passionnante. Les Thiem, Medvedev, Tsitsipas, Zverev et Berrettini, pour ne citer que le quintet du Masters, ont encore une marge de progression. Et ce n'est que le début. Le Top 5, le Top 10, le Top 20, le Top 100, tous les échelons du circuit ont vu leur moyenne d'âge baisser de façon sensible. Il y a ainsi 37 joueurs de moins de 25 ans dans les 100 premiers mondiaux. Ils n'étaient même pas la moitié il y a trois ans.
Denis Shapovalov est 15e au classement ATP à 20 ans. Alex De Minaur n'est que trois crans derrière lui. Felix Auger-Aliassime est devenu cette année le plus jeune joueur du top 20 depuis Rafael Nadal. Jannik Sinner, 18 ans tout juste, est déjà 78e mondial. Si eux aussi parviennent à effectuer quelques pas en avant supplémentaires dans les mois à venir, les places seront chères. Tant mieux.
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Sinner - De Minaur : les temps forts

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