Reçus trois sur cinq

Gaël Monfils a gagné mercredi le droit de jouer le 3e tour du Masters 1000 de Cincinnati. Mais après deux points disputés face à Ivan Dodig, on ne donnait pas cher de ses chances. Réfugié sur sa chaise, handicapé par ce qui ressemblait à un point de contracture à la cuisse gauche, le Français avait la mine sombre. "Je me suis claqué à la cuisse gauche dès le premier point du match", a-t-il expliqué. "J'ai senti une décharge électrique mais le kiné m'a dit que ce n'était pas déchiré et que je pouvais continuer. C'était gênant mais pas douloureux. Je me suis dit que c'était le moment de venir plus souvent au filet."

Engagé dans une course pour abréger les échanges, le Parisien a parfois fait preuve de précipitation. Et l'a payé par la perte du 1er set, sur jeu blanc (4-6). Pas refroidi pour autant, il a insisté. "Même au début du 2e set, je croyais encore en moi et j'ai voulu continuer à jouer comme ça, je sentais que je pouvais gagner le match comme ça. Je crois que ça a contribué à déstabiliser Dodig. Et j'ai quand même sauvé des balles de break à la volée", a-t-il raconté. Les statistiques ont fait état de neuf sauvetages sur son engagement dont quatre dans le 8e jeu. Ce qui lui a permis d'égaliser à 6-3.

C'est alors qu'il a constaté que son adversaire n'était pas au mieux physiquement, au point de renoncer à 4-0 contre lui dans le 3e set, en raison d'un genou douloureux. A deux semaines du dernier Grand Chelem de la saison, le 36e mondial, qui avait fait chuter Rafael Nadal au 2e tour à Montréal, n'a sans doute pas voulu prendre de risques. "Je m'en sors ric-rac", a reconnu le Tricolore, N.8 mondial et tête de série N.6, qui essaiera à nouveau de réduire le temps passé sur le court contre Philipp Kohlschreiber, jeudi, à coups d'assauts au filet. "Là, je suis chaud, je veux continuer cette tactique mais mon entraîneur (Patrick Chamagne) m'a déjà dit qu'il faudra varier un peu plus le jeu", a-t-il annoncé. L'Allemand aura les mêmes ambitions expéditives après avoir écarté l'Espagnol Feliciano López, 6-1, 6-4.

Richard Gasquet (N.12) a été le deuxième Français à confirmer sa progression dans le tournoi de l'Ohio, après avoir disposé du Sud-africain Kevin Anderson, 7-6(7/4), 6-4. Au prochain tour, il passera un véritable test contre l'Etasunien Mardy Fish (N.7), récent finaliste à Montréal.

En revanche, Julien Benneteau et Michaël Llodra n'iront pas plus loin, tous deux sortis par des Espagnols, respectivement nommé Rafael Nadal (6-4, 7-5) et Fernando Verdasco (6-4, 6-4). Eliminé prématurément au Masters 1000 du Canada, la semaine passée, le N.2 mondial majorquin a montré sa satisfaction. De son côté, Benneteau, qui a tourné à 48% de premiers services, n'a pas connu une journée totalement négative puisqu'il a reçu la confirmation de son invitation pour l'US Open. Son exploit en qualifications aux dépends de l'Australien Bernard Tomic, quart de finaliste à Wimbledon, a conduit les organisateurs étasuniens à l'admettre directement dans le tableau principal. Ils n'ont pas vu le 112e mondial qui est devenu mais le 32e mondial qu'il était il y a un an, avant sa blessure à un poignet.

Et puis, la troisième mauvaise surprise de la journée tricolore est venue de Jo-Wilfried Tsonga (N.10), surclassé par l'Américain Alex Bogomolov, 50e mondial, 6-3, 6-4 .Le Français de 26 ans, 10e joueur mondial, est complètement passé à côté du sujet et a été breaké dès le début de chacune des deux manches par un adversaire qui jouera jeudi contre Andy Murray (N.4) pour une place en quart de finale. Il a commis 21 fautes directes, ne s'est procuré aucune balle de break et n'a pas été performant au service, son arme habituelle (61% de premiers services réussis et seulement 41% de points marqués sur ses secondes balles).

En fin de journée, Gilles Simon, tête de série N.10, s'est qualifié mercredi pour le 3e tour du tournoi Masters 1000 de Cincinnati en battant le Serbe Janko Tipsarevic 6-7 (3/7), 6-2, 6-3. Contre Tipsarevic, demi-finaliste à Montréal, Simon a mal entamé le match. Il a toutefois débreaké pour revenir à 3-3 et a tenu le choc dans un 9e jeu interminable en sauvant deux balles de break. Tipsarevic en balançait sa raquette de rage mais parvenait à calmer sa fougue pour enlever le tie break. Le Serbe capitalisait en prenant le premier jeu de service du Français mais calait subitement à 2-0, encaissant six jeux d'affilée pour perdre le set, non sans appeler le kiné pour se faire bander une cuisse. Un des innombrables arrêts de jeu qui ont fait que la partie s'est éternisée pendant trois heures.

Plus concentré que son adversaire, qui se dispersait dans des dialogues avec l'arbitre, dont un lui valu un avertissement, Simon a contrôlé le dernier set en prenant le premier jeu de service du Serbe. "C'est surtout lui qui ne joue pas bien à la fin, il avait tout pour gagner, il menait 1 set à 0 et 2-0 et il a mal géré, il m'a trop montré qu'il avait mal à la jambe, il s'énervait et faisait des fautes. Contre un joueur plus malin, j'aurais pu prendre une valise", a déclaré Simon. Malgré quelques chiffres peu flatteurs (moins de 50% de premiers services, 30 fautes directes), le Français a l'occasion d'atteindre les quarts de finale d'un Masters 1000 pour la deuxième fois de la saison (après Miami). "Je sais que je peux faire 15 fois mieux que ça mais à l'intérieur ça ne va pas, a indiqué le Français toujours gêné par son problème récurrent au dos. Je n'arrive pas à mettre plus d'intensité, à varier le jeu."