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"Apothéose now" ?

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ParEurosport

Publié 07/07/2009 à 11:00 GMT+2

Roger Federer a-t-il enfin atteint le sommet de sa carrière ? L'adolescent nerveux, qui plafonnait à 21 ans, maîtrise désormais sa vie et son destin de joueur à 27 ans. Avant de devenir père, dans les semaines à venir, il est déjà un homme accompli. Il veut jouer jusqu'en 2012, pour gagner quoi ?

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Crédit: Eurosport

De quelle étoffe est fait Roger Federer ? La notoriété, les exploits, les records et la bulle médiatique qui grossit les événements du monde sportif déforment souvent la vraie personnalité d'un athlète. A 27 ans, Federer cultive le paradoxe d'avoir à la fois un pied dans la légende et un pied sur terre, sur toutes les surfaces de la terre. C'est un jeune homme serein qui peut à la fois porter une veste blanche (portant son nom et le N.15 brodés en doré) sur le central de Wimbledon et papoter avec tous les médias et les autres joueurs sans se montrer hautain. Un champion "hors-norme" qui tutoie l'histoire du sport et un vainqueur larmoyant qui dévoile sa sensibilité sans pudeur excessive lors des remises de trophée. Affable et lucide, il a lui-même compris et formulé le grand écart qui séparait l'homme du compétiteur. Depuis longtemps.
Jeune homme, Roger doit apprendre à se maîtriser sur un court. Une fois installé parmi les meilleurs, il met en place une structure d'une redoutable efficacité autour de lui (avec Pierre Paganini, Reto Staubli et Severin Luthi pour conseillers, Mirka sa femme et Lynette sa mère comme gestionnaire des relations médias et de la "Roger Federer Foudantion"). En 2008, N.1 mondial depuis 237 semaines, son personnage le dépasse. Diminué pour la première fois de sa carrière (suite de sa mononucléose contractée fin 2007), il dénonce le monstre qui l'a créé avec de bonnes intentions. Ce joueur chimérique qui ne perd jamais et qu'il n'est pas... tout à fait. Malgré tout, en ce début d'été 2009, Roger Federer a placé plus haut encore le zénith de sa vie professionnelle. Qu'est-ce qui pourrait le pousser à faire mieux et qu'est-ce qui pourrait l'en empêcher ?
SES OBJECTIFS
. Le Bâlois a tout gagné, ou presque. Après son 15e majeur, ce presque semble dérisoire. Si on souligne qu'il n'a pas réussi le Grand Chelem, cela prend toute son importance. Ce défi, soit gagner les quatre titres majeurs la même année (ce qu'il n'a pas réussi même sur deux ans), est immense. Auteur de trois Petit Chelem (2004, 2006 et 2007), il se retrouve dans une situation de concurrence accrue pour les années prochaines. Même pour le Roger Federer d'aujourd'hui, ce serait un exploit incommensurable. Il lui reste au moins trois ans.
. 2012, c'est la date des Jeux Olympiques à Londres, un autre titre qui lui tient à coeur et qu'il n'a jamais été en mesure de remporter. Être prêt au bon moment, c'est dans ses cordes, il n'a néanmoins pas joué une finale (Sydney 2000, Athèmes 2004 et Pékin 2008).
. La Coupe Davis. Pourquoi diable Roger Federer, qui est si proche de ses collègues suisses, Yves Allegro, Stanislas Wawrinka et Severin Luthi, capitaine de l'équipe, n'a-t-il pas fait un effort de plus pour amener son équipe le plus loin possible ? Pour se préserver physiquement, certainement. Combien de temps évitera-t-il le charme désuet si symbolique de l'épreuve.
. 7, soit le nombre de victoires à Wimbledon. Soit le dernier record de Pete Sampras. C'est le record qui semble le plus accessible tant le Suisse a fait du tournoi son lieu d'élection, par excellence. Dans les autres tournois du Grand Chelem, il vise un 6e titre consécutif à l'US Open. Bjorn Borg (6 Roland-Garros, ou Roy Emerson, 6 Open d'Australie) sont trop loin.
SES ADVERSAIRES
En face de lui, les légendes du circuit, ceux qui ont joué contre lui, sont à l'unisson. Pete Sampras l'a intronisé plus grand joueur de tous les temps. "C'est une icône", a-t-il déclaré dimanche. En face de lui, il a aussi des joueurs qui font tout pour ignorer sa supériorité, comme Andy Roddick, et qui l'apprécient. Aucun, en six ans passés au sommet n'a réussi à le stopper net. Aucun, sauf Rafael Nadal bien entendu.
Roger Federer a perdu 5 finales de Grand Chelem, 5 finales face à Rafael Nadal. Sans vouloir faire de comparaison outrageante, Federer est presque le Roddick de Nadal ! "On est humains, pas des Cyborgs", expliquait Andy Roddick après la défaite la plus cruelle de sa carrière, dimanche à Wimbledon. Dans les moments difficiles poursuivait-il, "comme pour tout, il y a deux options : soit on se couche, soit on continue." Face à Rafael Nadal, Roger Federer ne voudra pas se coucher. Cela promet si les deux joueurs retrouvent le niveau de leurs deux dernières finales (Open d'Australie 2009, Wimbledon 2008).
On peut imaginer que la nouvelle génération prenne aussi le relais des Roddick et Hewitt. Safin s'en va, un del Potro arrive. Murray et Djokovic sont déjà là. Federer devra se battre plus que jamais pour gagner le moindre titre. Il ne faut pas aussi oublier qu'il a disputé trois de ses cinq dernières finales en cinq sets (Wimbledon 2008 et 2009, Open d'Australie 2009) et que certains l'ont accroché plus que de coutume.
SA CONDITION PHYSIQUE
. La grande certitude de Roger Federer, c'est sa détermination à préserver son organisme. Depuis deux ans, le Suisse a "réduit la voilure" de son calendrier. Tout le monde est admiratif de le voir traverser autant de saisons sans blessure musculaire, sans les tendinites à répétition que d'autres souffrent. Il peut donc envisager de durer plus facilement que les autres.
SA FAMILLE
"Le rêve de Mirka, c'est que mon premier enfant puisse me voir jouer. Si je continue à jouer, c'est la faute de Mirka" , souriait Federer en conférence de presse cette semaine à Wimbledon. Roger Federer va être père. Quelle influence cela aura-t-il sur sa carrière ? Difficile de prédire cela. On peut juste signaler que cette naissance va intervenir juste après la consécration de ce 15e titre du Grand Chelem, juste avant l'US Open. On peut imaginer que l'homme Federer laisse le joueur de côté pour profiter de ce moment exceptionnel. Juste après sa victoire sur Roddick, "Rodgeur" ne relativisait-il pas tous les chiffres dont on lui parlait ? Battre Sampras ? "Je n'en rêvais pas enfant" . Redevenir N.1 ? "Ce n'est pas le plus important". Est-ce la sagesse de celui qui ne se contente plus que du jeu, des matches historiques, ou est-ce déjà le souci du père de famille ? Il l'a annoncé lui-même, il dira ce qui aura changé à Flushing Meadows.
SA PERSONNALITE
L'art de la maîtrise de soi n'autorise pas forcément à maîtriser son destin. Ce que Federer a su conjuguer, c'est la passion pour son métier, le contrôle façon zen et le goût pour la bagarre sur le court. Lui qui cassait les raquettes de frustration, a su transcender son jeu et le jeu en général, bien aidé par les autres champions de son temps. La facilité de son style, la fluidité de ses coups coulent avec le sang-froid dont il fait preuve dans les moments cruciaux. Il a accepté ses excès.
Quelles sont les qualités qui vous ont permis de remporter ces quinze titres? Lui demande-t-on enfin dimanche, et lui de répondre : "La bagarre. Je suis réputé être relax, détendu. Mais nous savons tous que la réalité est autre." Le tennis ne vivra pas une apocalypse quand Federer prendra sa retraite, mais le jeu perdra celui qui a su l'incarner dans toute sa complexité.
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