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Et si Benoît Paire était (vraiment) en train de changer ?

Laurent Vergne

Mis à jour 10/07/2017 à 16:27 GMT+2

WIMBLEDON - Qualifié pour la première fois en huitièmes de finale à Londres, Benoît Paire va défier Andy Murray sur le Central lundi lors du "Manic Monday". Une récompense pour le Français, en train d'opérer un énorme travail sur lui-même ces derniers mois afin de freiner ses errements comportementaux. Et s'il était vraiment, enfin, sur la bonne voie ?

Benoît Paire lors de son 3e tour face à Jerzy Janowicz / Wimbledon 2017

Crédit: Getty Images

Imaginez quelqu’un qui n’aurait jamais entendu parler de Benoît Paire avant Wimbledon. Quelqu’un qui aurait découvert le Français ces derniers jours sur le gazon londonien. Que se dirait-il ? Joueur solide. Complet. Calme. Posé. Focalisé sur son jeu et son job. Vous riez ? C’est pourtant ainsi que l’Avignonnais est perçu depuis le début de la quinzaine. Le jour et la nuit avec l’image renvoyée habituellement par Benoît Paire, considéré comme un joueur doué, mais caractériel et instable.
Benoît Paire, c’est un peu "je suis dingue mais je me soigne". Qualifié pour la première fois de sa carrière en deuxième semaine à Wimbledon, ce tournoi qu'il vilipendait il y a encore deux ans ("je m'en fous d'être éliminé, tout est pourri ici", avait-il lancé), il n'a perdu qu'un seul set en trois matches et, surtout, on l'a rarement senti aussi apaisé.

Mea culpa

Aussi bon devant micros et caméras que sur le terrain, il s'est livré à une autocritique publique assez rare dans le milieu. Les critiques à son égard ? Justifiées. "J'étais un peu bête, je méritais aussi ce qu’il se disait sur moi, j’ai fait beaucoup d’erreurs de comportement et dans mes déclarations", a-t-il admis vendredi sur beIN Sports après sa qualification pour les huitièmes de finale. Aux Jeux Olympiques, par exemple, même si je maintiens que tout n’était pas parfait au niveau de l’organisation. J’ai eu des torts avec Lucas Pouille, aussi."
A 28 ans, Paire en aurait-il assez de perdre son temps, de le gâcher ? Peut-être. "Cette année, poursuit-il, je me suis assis, je me suis posé les bonnes questions. J’ai vachement évolué." Wimbledon en est une preuve, estime-t-il : "Je me sens différent. J'ai envie de jouer des matches en entier, pas d'en sortir. C'est l'énorme différence avec ce qui se passait avant. Quand je manquais une amortie, un service, j'étais tellement énervé que je perdais le fil."
Et le Français de comparer son troisième tour à Wimbledon, en 2013, sur le court 18, contre Kubot, et celui de vendredi, au même tour, sur le même court, contre un autre Polonais, Jerzy Janowicz. "J'avais cassé toutes mes raquettes contre Kubot, j'étais tellement nerveux, se souvient-il. Là, je suis toujours resté tranquille, quoi qu'il arrive."

Les paroles ne suffiront pas, il faut des actes

Comme tout malade en rémission, il a des rechutes. "Oui, il y en a eu une à Halle", concède l'intéressé. En référence à son craquage contre Florian Mayer au premier tour. Mais ces rechutes sont de plus en plus rares et éloignées les unes des autres, plaide Benoît Paire. Après sa victoire contre Dutra Silva au premier tour à Londres, il avait déjà pointé cette "progression". "Depuis le début de l'année, s'était-il défendu, j'ai fait vingt bons matches mentalement, et deux-trois mauvais. Mais c'est vrai que ce l'on retient ce sont mes pétages de plombs de Halle ou Marrakech. Mais tous les autres matches sont parfaits."
Évidemment, c'est sur la durée qu'on pourra juger de la crédibilité de cette (r)évolution. Paire le sait. Après tout, il y a deux ans, quand il s'était hissé dans le Top 20, il semblait aussi avoir changé. "Les paroles ne suffiront pas, il faut des actes", confirme-t-il, assurant vouloir se "comporter comme un homme". Benoît Paire ne doit rien à personne. Ni aux médias ni au public. C'est une histoire entre lui et lui. Il n'a des devoirs qu'envers son propre potentiel. C'est sa carrière qu'il a en partie gâchée et c'est dommage pour lui, uniquement pour lui. Mais il n'est jamais trop tard pour mieux faire.
Lundi, il aura les honneurs du Centre Court, face à Andy Murray, tenant du titre et numéro un mondial. Le genre de matches dont il rêvait depuis un moment. "Je pense que je peux faire quelque chose contre Andy, ça va être une expérience magnifique pour moi", se réjouit le Vauclusien, qui ne va jouer là que le deuxième huitième de finale de sa carrière en Grand Chelem. Au-delà du résultat, on scrutera aussi l'attitude de celui qui, quoi qu'il arrive, reviendra dans le Top 40 après Wimbledon. Un premier petit pas sur la route de la rédemption annoncée.
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Benoît Paire

Crédit: Getty Images

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