Boris Becker : "Cette finale de Wimbledon Carlos Alcaraz - Novak Djokovic va rester dans l'histoire"

Le monde du tennis se remet encore petit à petit du choc de cette finale de Wimbledon complètement dingue entre Carlos Alcaraz et Novak Djokovic. Dimanche dernier, Alcaraz a été couronné maître du gazon, et pour notre consultant Boris Becker, cela pourrait bien changer la face du tennis. Ni plus, ni moins. L'ancien joueur, triple vainqueur à Londres, s'extasie encore de ce très grand moment de sport dans le podcast Eurosport Das Gelbe vom Ball. Et observe, encore halluciné, la prouesse de l'Espagnol de faire tomber Djokovic dans son jardin.

"Je le vois comme une relève de la garde, assure Boris Becker. Pour moi, ce match restera dans l'histoire, et on en reparlera encore dans dix ans. C'est le jour où Carlos Alcaraz est devenu grand." Vainqueur époustouflant en cinq sets, le Murcien était déjà dans la position d'un numéro un mondial titré en Majeur, à l'US Open l'an passé. Mais ce sacre a une saveur particulière pour l'Allemand, parce qu'Alcaraz n'a pas seulement gagné, il a terrassé un des géants. "Contre qui l'a-t-il emporté ? Contre le plus titré de tous les temps, donc pas n'importe qui. Évidemment, il a gagné à l'US contre Casper Ruud en finale et il était déjà N.1 mondial avant le tournoi. Mais au final, vous devez prouver en finale de Grand Chelem contre ce qui se fait de mieux, et c'est Novak Djokovic. Et de quelle manière il l'a fait !"

Largement dominé dans le premier set, puis poussé au cinquième set par le Serbe, Carlos Alcaraz a dû aller chercher sa couronne, se battre pendant près de cinq heures pour obtenir son bien. "Heure par heure, Carlos devenait plus fort et Novak s'affaiblissait. C'était intéressant de voir que dans le travail d'appuis, comme dans la confiance en soi, cet état d'esprit de 'je suis le roi ici’ était de plus en plus évident avec Carlos, et de moins en moins avec Novak."

Pour Boris Becker, cette victoire est d'autant plus remarquable qu'elle va faire du bien à un sport tout entier, qui s'est longtemps posé la question de la succession du Big 3 Federer - Nadal – Djokovic. Pas de doute pour notre consultant, Carlos Alcaraz a permis au tennis de s'assurer une suite heureuse. "Où est-ce que va le tennis ? Roger, Rafa, Novak… Il n'y aura plus de tels triomphes. Alors qui peut prendre le sceptre ? Carlos Alcaraz l'a fait et je pense que le monde le remerciera qu'on ait pu avoir un jeune joueur venu d'Espagne aussi appréciable, rafraîchissant, à l'air presque innocent, qui fait règne comme si c'était la chose la plus naturelle du monde."

Admiratif de son adaptation express au jeu sur gazon, Boris Becker ne tarit pas d'éloges sur Carlos Ier, le "terrien" pourtant vainqueur sur dur et sur herbe pour ses deux premières levées en Majeur. "Il était juste incapable de jouer sur cette surface l'an dernier, point barre ! Et un an après, non seulement il gagne le Queen's contre une grosse opposition, mais il va à Wimbledon et joue pendant deux semaines comme s'il n'avait jamais rien fait d'autre de sa vie. Alors, quelque chose s'est passé entre la Terre et le paradis pour Carlos Alcaraz. Imaginez, en 20 ans, seulement quatre joueurs avaient gagné Wimbledon. Cela veut dire que cela n'arrive pas par hasard ou par accident, et c'est là où Carlos et son coach Juan Carlos Ferrero ont fait un travail fantastique."

De là à voir une nouvelle hégémonie poindre sur le circuit ATP ? Boris Becker ne l'entend pas ainsi. Oui, la donne a changé, "Alcaraz passe du chasseur au chassé", image-t-il. L'Allemand le voit ainsi "favori de l'US Open", à partir du 28 août, "et plus Djokovic". "Mais qu'est-ce que cela fait à un joueur de 20 ans ? C'est un rôle complètement différent, une difficulté complètement différente." Surtout, Becker en est persuadé, "ce n'est pas la fin de l'ère Novak". "Et je ne l'espère pas car c'était un exemple parfait de comment un match de tennis doit être joué. Nous avons gagné des millions de fans grâce à cette finale, et j'espère qu'ils pourront remettre ça à New York ou à Melbourne. S'il retrouve la motivation d'ici là, alors il sera évidemment compétitif." Difficile d'en douter avec une telle bête des courts assoiffée de grandeur.