"Yannick ne pense pas ça"

Il aurait pu évacuer le sujet d'une pirouette, ou ne rien en dire, cela aurait été plus simple pour lui. Mais Patrice Hagelauer a préféré ne pas esquiver. Ancien entraîneur et homme de confiance de Yannick Noah, actuel directeur technique national à la FFT, institution qui s'est désolidarisée des propos tenus par Noah sur "la potion magique" en Espagne, "Hagel" était placé dans une situation schizophrénique au moment de commenter la bombe médiatique qui avait exposé dans Le Monde quelques semaines plus tôt. Mais dans chronique mensuelle de "Tennis Magazine", "Hagel" précise ce qu'il sait des gestes et des convictions de son ami. Avec son sens habituel de la mesure et de la précision.

Ce n'est pas par là qu'il commence, mais c'est là qu'il est le plus incisif : Patrice Hagelauer nie totalement les insinuations de l'arbitre Milan Streba sur le comportement de Noah face à Lendl en quart de finale de Roland-Garros 1983, laissant clairement suspecter des actes de dopage pendant la rencontre. "Complètement idiot, tranche Hagelauer. Je vois qui est ce Monsieur, qui est un ami de certains Espagnols et notamment de Nadal. Moi, je le dis ouvertement : Yannick ne s'est jamais dopé. J'en suis le premier témoin. Il était suivi sans arrêt notamment notamment par le docteur Jean-Pierre Cousteau, qui est d'une intégrité absolue." Hagelauer conclut ce passage : "C'est n'importe quoi d'accuser les gens quand on n'a pas de preuves". Mais, écrivant ceci, il met le doigt précisément sur la faiblesse de la démarche de Noah.

Hagelauer qualifie à ce titre "d'incorrect" le procédé de son ancien poulain vis-à-vis du sport espagnol, justifiant ainsi que la FFT ait tracé une ligne blanche entre elle son ancien porte-drapeau. "La Fédération a eu raison de se désolidariser de ses propos. Yannick n'a pas trop apprécié, mais on ne peut pas laisser dire ce genre de choses." Pour autant, Noah était-il à côté de la plaque ? Non, souligne "Hagel", juste "maladroit". "Dans le fond, il ne pense pas ça. C'est quelqu'un qui est profondément contre l'injustice et contre le dopage. (...) Ce qui l'embête, c'est cette impression que certaines personnes ne se font jamais prendre, cette impression qu'il ne ressort rien de certains procès qui sont instruits, comme l'affaire Fuentes." Hagelauer conclut : "Quand Yannick parle de légaliser le dopage, c'est ridicule et évidemment provocateur." Quelques jours après le début du chaos médiatique, Noah, maladroit ou pas, persistait : "Aujourd'hui, il y a trop de tricheurs qui gagnent."