Lemonchois impressionne

La première surprise fut au petit matin, lors de la traditionnelle vacation réservée au premier. Lionel Lemonchois avait la voix vraiment empâtée, et l'intonation des gens qui s'éveillent. Et pour cause! Il avouait un "somme de quatre heures. C'est la première fois que je dors 4 heures d'affilée. Yann a téléphoné à plusieurs reprises, il n'est pas parvenu à me réveiller", a raconté Lemonchois. Roland Jourdain (monocoque Sill et Veolia) n'en croyait pas un mot. "Lionel dit qu'il a dormi quatre heures?", s'étonnait-il, perplexe et envieux à la fois, "je n'y crois pas. Sur ces bateaux c'est de l'inconscience. A la vitesse où ça va, dormir quatre heures, ce n'est pas possible. Je n'y crois pas" .

Envieux, le populaire Bilou l'était bien évidemment, lui qui dort par tranches de 20 minutes depuis le départ. Vrai ou faux? Les skippeurs savent que le bluff fait partie de la course et s'amusent parfois à arranger la réalité, dans l'espoir de déstabiliser les adversaires. Tous les solitaires du multicoque le disent: le moindre à-coup du bateau les réveille. Si réellement Lemonchois a dormi quatre heures c'est que son Gitana XI, qui avançait à plus de 20 noeuds, a trouvé des conditions vraiment parfaites.

Les suiveurs pour leur part s'en tiennent aux chiffres, aux données et aux cartes, fournies par la direction de course. Là, le verdict est sévère. Mercredi soir (20H00), Lemonchois comptait 25,2 milles (46 km) d'avance sur Bidégorry. Jeudi à 08H00 c'était 61,4, et à 16H00, l'avant était passée à 108,6 milles (200 km). Le Normand avait essoré ses rivaux aux Açores, l'archipel portugais du milieu de l'Atlantique. Derrière au classement de 16H00, Pascal Bidégorry (Banque Populaire), Michel Desjoyeaux (Géant), Yvan Bourgnon (SUI/Brossard) suivaient dans cet ordre le leader, engagés dans une course poursuite à peu près dans le sillage de Gitana.

L'inconnue, jeudi soir, résidait dans la tactique de Thomas Coville (Sodeb'O). Lui seul a choisi une route plus au nord. Il pouvait encore se glisser dans un système de vent de nord et, si son option est la bonne, venir couper la route de Lemonchois en lui passant sous le nez. Une option qu'avait envisagée l'autre Helvète de la flotte Stève Ravussin (Orange Project), mais celui-ci ne la réalisera pas, contraint de faire halte aux Açores pour réparer son safran central et sa dérive principale, endommagés par un choc avec un conteneur. Il a perdu toutes ses chances de victoire finale.

1. Lionel Lemonchois (FRA/Gitana XII) à 1.809,7 milles de l'arrivée

2. Pascal Bidégorry (FRA/Banque Populaire) à108.6 milles de Lemonchois

3. Michel Desjoyeaux (FRA/Géant) 113,4

4. Yvan Bourgnon (SUI/Brossard) 154,0

5. Thomas Coville (FRA/Sodeb'O) 157,2

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1. Jean-Pierre Dick (FRA/Virbac-Paprec) à 2.447,0 milles de l'arrivée

2. Roland Jourdain (FRA/Sill et Veolia) 8,1 milles de Dick

3. Jean Le Cam (FRA/VM Matériaux) 22,8

4. Brian Thomson (GBR/Artemis) 73,7

5. Dominique Wavre (FRA/Temenos) 81,6