THE OCEAN RACE - Dutreux (Guyot Environnement) : "Je n'ai jamais vu une telle entraide dans le sport de haut niveau"

Ils n'ont pas été gâtés par le sort sur cette édition de The Ocean Race. Il y a d'abord eu une avarie sérieuse sur le fond de coque qui a poussé l'équipage franco-allemand à abandonner sur l'étape 3. Et sur la manche suivante, Benjamin Dutreux et son équipage ont vécu la douloureuse expérience de perdre leur mât pendant la quatrième étape. Mais à chaque fois, la jeune équipe a trouvé les ressources et la motivation pour se relever et revenir. Et alors que cela semblait improbable il y a quelques jours encore, ils seront bien au départ à Aarhus, où ils sont arrivés ce mercredi au tout dernier moment. "Nous sommes impatients de continuer à nous battre avec les autres équipes et d'essayer de faire de notre mieux comme nous l'avons fait depuis le début", savoure Benjamin Dutreux.

Il y a deux semaines quand "Guyot Environnement - Team Europe" a débarqué à Halifax après avoir vu un cargo accepter de lui donner du gasoil pour lui permettre de rejoindre le Canada, cela semblait pourtant "peu plausible", reconnaît le Vendéen. Mais depuis, tout s'est merveilleusement goupillé. Et l'équipe franco-allemande, dont le bateau est revenu en Europe à bord d'un roulier, a pu remporter sa course contre la montre. "Nous avons eu plusieurs options depuis la perte du mât et l'une d'entre elles était d'abandonner la course. Mais nous avons reçu beaucoup d'aide de la part de beaucoup de gens, y compris de toutes les autres équipes présentes ici, qui nous ont vraiment beaucoup aidés", confie encore Dutreux.

Face à l'immense défi que représentait la perte de son espar pour une équipe de cette taille, "Guyot Environnement - Team Europe" a pu mesurer la solidarité atypique du monde de la voile. "Nous sommes très touchés par l'aide que nous avons reçue, cela a été très émouvant pour nous, confie le marin français. Ça va des solutions de prêt de matériel jusqu'à des soutiens. Tout le monde y a mis du cœurpour nous aider à trouver des solutions. On a vraiment vu un soutien dans l'action. On a par exemple récupéré le mat de 11th Hour Racing. C'est la première fois que je vois ça. C'est grâce à cela qu'on se retrouve à pouvoir être au départ d'Aarhus. Je n'ai jamais vu une telle expérience d'entraide entre équipes concurrentes dans le sport de haut niveau. C'est quand même assez dingue."

Touché par cette mobilisation réelle de la course, de ses concurrentes et de la "classe Imoca" en général, le skipper de "Guyot Environnement – Team Europe" va pouvoir reprendre la course après avoir manqué la dernière manche. Mais avec quelques zones d'ombre quand même. "On a remonté toutes les pièces d'un Imoca qui n'ont jamais été montées dessus. Ou alors des pièces qui ont été retravaillées. Nos bateaux ne sont composés que de pièces prototypes. Donc forcément, ça amène des incertitudes. Mais on vit ça quasiment tout le temps". Et les derniers événements n'ont fait que renforcer cette capacité à avancer malgré les vents contraires.

Son vécu durant de cette édition de The Ocean Race n'a d'ailleurs eu de cesse de faire grandir l'équipe, qui a repris le bateau Hugo Boss au début de l'année 2022. "The Ocean Race nous a bien entraînés à gérer plus rapidement des situations où d'habitude on prend beaucoup de temps de préparation pour prendre zéro risque. Des opérations que l'on faisait avant en quatre jours, on les fait maintenant en une journée. Toute l'équipe a énormément progressé", remarque Dutreux.

Et si le général n'est évidemment plus un enjeu, "Guyot Environnement – Team Europe" compte bien encore profiter de cette expérience unique offert par The Ocean Race pour progresser, ce qui a pesé à l'heure de prendre la décision entre abandonner ou repartir. "On s'est dit que l'idée de finir la course va plus nous apporter en vue du Vendée du Globe que de nous pénaliser. On a encore plein de choses à apprendre sur le bateau", conclut Dutreux.