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24 Heures du Mans 2023 | Sébastien Bourdais et Simon Pagenaud : après l'Amérique, gagner "à la maison"...

Gilles Della Posta

Mis à jour 06/06/2023 à 11:39 GMT+2

Alors coéquipiers, ils sont passés tout près du Graal en 2011, avec Peugeot. Quatre titres en ChampcCar pour l'un, une couronne Indycar et une victoire à Indy 500 pour l'autre. Sebastien Bourdais et Simon Pagenaud seront de nouveau tous les deux au départ des 24 heures du Mans ce week-end, chacun de leur côté mais avec le même rêve : devenir prophète en leur pays.

Simon Pagenaud et Sébastien Bourdais - 24 Heures du Mans 2023

Crédit: Getty Images

"Ces 13 secondes, j'y pense tous les matins en me levant", nous dit Simon Pagenaud. 13 secondes, c'est le quatrième plus faible écart de l'histoire des 24 heures du Mans entre un équipage vainqueur et ses dauphins. En l'occurrence, entre l'Audi de Benoit Treluyer, Marcel Fassler et André Lotterer et la Peugeot de Simon Pagenaud, Sébastien Bourdais et Pedro Lamy. Au fil des années, ces 13 secondes se sont transformées en une source de frustration, puis de motivation, qui ramène cette année les deux Français au départ de la grande classique mondiale de l'Endurance.
Pour autant, les ambitions de Sébastien Bourdais seront très différentes de celles de Simon Pagenaud cette année. Au volant de sa Cadillac, le Sarthois ne part pas favori face à Toyota et Ferrari en Hypercar, mais la victoire n'est pas exclue. "Il y a une fenêtre de deux ans où l'on peut tout imaginer" précise Sébastien avant d'ajouter : "Si cela se produit, ce sera évidemment la plus grande victoire de ma carrière."
Franchement déçu après l'abandon sur sortie de piste aux 6 heures de Spa fin avril, le moral du Français est au beau fixe depuis la victoire qu'il est allé chercher en compagnie du Néerlandais Renger Van der Zende à Laguna Seca, dans le championnat américain d'endurance, l'IMSA.
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Sébastien Bourdais (Peugeot) 24 Heures du Mans 2011

Crédit: Peugeot Sport

"La dernière case que je veux cocher"

En ce qui concerne Simon Pagenaud, l'exercice sera bien différent. Engagé au Mans en catégorie LMP2 chez Cool Racing, le vainqueur d'Indy 500 en 2019 revient au Mans d'abord parce que l'édition du centenaire est à ses yeux un immanquable. Aucun baquet intéressant en catégorie reine n'étant possible, il est convenu avec Nicolas Lapierre (le directeur de Cool Racing) d'intégrer l'équipage de la Oreca N°47 pour le plaisir… et aussi avec une petite idée en tête. "Quand ils ne vous voient pas, les responsables d'équipes vous oublient, ou bien pensent que vous êtes content de rester de l'autre côté de l'Atlantique, mais pour moi, Le Mans, c'est la dernière case que je veux cocher dans ma carrière !"
Alors Pagenaud viendra aussi pour se rappeler aux bons souvenirs du monde de l'Endurance avec en ligne de mire, l'édition 2024. Dans douze mois, le circuit de la Sarthe devrait voir déferler une autre vague de constructeurs sur la liste des engagés en Hypercar, déjà historiquement longue.
Acura, avec qui il a gagné les 24 heures de Daytona début 2023, mais aussi BMW et Lamborghini devraient être de la partie. Sans oublier un constructeur français, Alpine, qui pourrait voir - au-delà du talent et de la fameuse culture de la gagne que Pagenaud a développés durant sa carrière- un bel axe de communication en enrôlant un vainqueur à Indianapolis…
L'histoire des deux hommes aux 24 heures du Mans n'est pas un long fleuve tranquille. Sébastien Bourdais, après une découverte en catégorie GT en 1999, va défendre les couleurs de l'équipe de Henri Pescarolo pour tenter un pari qui s'avèrera impossible… On est au début des années 2000, Audi écrase la concurrence durant une décennie. Les efforts de Henri Pescarolo et de son équipe privée ne permettront même pas au Sarthois de connaître le podium.
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Simon Pagenaud, vainqueur des 500 Miles d'Indianapolis 2019

Crédit: Getty Images

Bourdais deux fois à une marche du bonheur

Lorsqu'il revient en 2007, le statut de Sebastien Bourdais n'est plus du tout le même. Il est passé au rang de superstar avec déjà trois couronnes de Champcar. Une quatrième consécutive suivra quelques mois plus tard. Cette fois, le discret Français fait partie de l'armada Peugeot, au volant d'une des 908 propulsées par un V12 diesel démoniaque de puissance. Associé à pilotes tels que Stéphane Sarrazin, Franck Montagny et Pedro Lamy, Bourdais obtient deux fois la deuxième place en 2007, puis en 2009.
Simon Pagenaud ne compte lui "que" quatre participations aux 24 heures du Mans, de 2008 à 2011, comparé aux 14 de Bourdais. Pour autant, la trajectoire du Poitevin fut météorique.
Avec l'aide de son compatriote dominateur aux Etats-Unis, Simon Pagenaud a lui aussi franchi l'océan et s'impose en 2006 en Formule Atlantic, la deuxième division du Champcar. Malgré la distinction du meilleur débutant du Champcar 2008, il ne parvient pas à trouver un volant pour 2008 et se tourne alors vers l'endurance américaine.
Fort de cette expérience, il est appelé au volant de la Peugeot 908 aux 1000 km de Spa en 2009. La course spadoise sert de galop d'essai en vue des 24 heures du Mans et le jeune poitevin va marquer les esprits en signant la pole position, et en imprimant un rythme époustouflant à chacun de ses relais. Quelques semaine plus tard, Henri Pescarolo l'engage au volant de sa 908 aux cotés de Benoît Tréluyer et de l'expérimenté Jean-Christophe Bouillon. L'aventure de la "Peugeot-Pesca" s'achèvera par une spectaculaire sortie de piste de Benoît Tréluyer qui sort miraculeusement indemne d'une épave dont il ne reste que l'habitacle.
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Sébastien Bourdais (Pescarolo) aux 24 Heures du Mans 2002

Crédit: Getty Images

Pour Pagenaud, un tremplin pour 2024

En 2010, Bourdais et Pagenaud se retrouvent associés à Pedro Lamy et au volant d'une 908 officielle, mais les trois hommes doivent abandonner à la suite de l'arrachement d'une suspension.
La palme de la frustration revient à 2011 où le trio se livre à un bras de fer resté dans les mémoires avec l'équipage de l'Audi R18 de Benoît Tréluyer, Marcel Fassler et André Lotterer. L'écart à l'arrivée, de moins de 14' secondes, est le quatrième plus serré de l'histoire des 24 heures. On pense alors que les deux hommes ont définitivement laissé passer leur chance.
La troisième salve mancelle de Bourdais interviendra de 2016 à 2019. Le Français est un des hommes-clé du retour de Ford au Mans. Le constructeur américain veut célébrer le trentenaire de sa première victoire sarthoise et Sébastien Bourdais va enfin obtenir le droit de monter sur la plus haute marche. Avec Joey Hand et Dirk Müller, le française fait de nouveau triompher une Ford GT aux 24 heures. Victoire de catégorie certes, mais l'émotion étreint pour de bon un Sébastien Bourdais désormais vieux briscard de 37 ans.
Simon Pagenaud va revenir défier les Hunaudières 12 ans après sa dernière visite, avec là encore, un pedigree qui s'est très largement étoffé. A son tour, le poitevin s'est imposé chez les Américains. Après l'Endurance, c'est en Indycar qu'il est allé chercher un titre majeur, en 2016.
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La Peugeot de Sébastien Bourdais, Pedro Lamy et Simon Pagenaud aux 24 Heures du Mans 2011

Crédit: Peugeot Sport

Mais l'acte de bravoure de sa carrière, c'est en 2019 que Simon Pagenaud l'obtient, en remportant les mythiques 500 miles d'Indianapolis. Il sera l'un des deux vainqueurs sur la Brickyard à s'engager au départ des 24 heures cette année avec Scott Dixon.
Grâce au protocole du podium à l'arrivée des 24 heures du Mans, les deux Frenchies qui ont conquis les Amériques pourraient donc finalement se succéder sur la plus haute marche du podium le 11 juin. Bourdais avec sa Cadillac au général et Pagenaud en LMP2. La "dernière case" pour le premier et une formidable étape pour le second, mais surtout une histoire comme seules les 24 Heures du Mans savent en produire…
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