Loeb peut y croire

Jyvaskyla, dimanche soir. Quelques instants après la cérémonie du podium du rallye de Finlande, Sébastien Loeb installait son corps meurtri dans un canapé de la salle constructeurs du Paviljonki. "Il était temps que cela se termine. Je n'aurais pas pu continuer tant mes cervicales me font souffrir", se plaignait le Français, victime des séquelles de sa sortie de route en essais en Allemagne, il y a quinze jours.

Mais ça valait le coup de souffrir. Sa quatrième place, loin de l'intouchable Marcus Grönholm, a pris des allures de victoire avec le zéro pointé de Petter Solberg. Voilà l'Alsacien nanti d'une avance confortable sur le Norvégien (22 points), après neuf des 16 manches de la saison. "C'est une très bonne opération. 22 points d'avance, c'est super. Surtout en Finlande, où l'on risquait plus de perdre de notre avance que de l'accroître", se réjouit le pilote Citroën.

Il voulait limiter les dégâts, il ressort conforté. Sur un terrain loin de lui être favorable, Loeb a encore étonné par ses facultés d'adaptation, même si l'écart reste important sur les meilleurs. En bon perfectionniste, il porte un regard critique sur sa performance. "Je savais que l'on ne serait pas au niveau mais j'ai trouvé que l'on était encore loin, regrette le Français. Au début, on était pénalisé par notre position sur la route. En fin de course, on était plus près. Mais il faut voir le rythme des autres. Martin et Gronholm avaient levé le pied".

La suite du programme s'annonce beaucoup plus favorable: trois des sept derniers rallyes se dérouleront sur asphalte, surface sur laquelle Loeb est presque intouchable. Le Rallye d'Allemagne, dont il est double tenant du titre, pourrait lui permettre de creuser encore l'écart sur ses adversaires dans deux semaines. " Mon objectif là-bas est de gagner, déclarait Loeb. Maintenant j'espère que ma nuque sera bien remise. Parce que sur asphalte, avec la brutalité des freinages, des G dans les virages, c'est plus dur qu'un rallye en Finlande... en dehors des sauts."

Coiffé sur le fil par Solberg l'an dernier sans avoir pu réellement défendre ses chances, puisque Citroën lui avait demandé de lever le pied afin d'assurer le titre constructeurs, Sébastien se rapproche du Graal. Dix ans après Didier Auriol, un autre Français pourrait bien inscrire son nom au palmarès. "On pourrait difficilement être mieux parti, admet-il. Avoir 22 points peu après la mi-saison, on ne peut pas rêver mieux. C'est comme si j'avais deux jokers".

S'il n'attend pas de traitement de faveur de la part de Citroën, Loeb n'ose pas imaginer un scénario semblable à celui de l'an passé. "J'espère que l'on gagnera le Championnat sans consigne. C'est sûr que si l'on perd d'un point, comme l'an dernier, j'aurais les boules. D'un autre côté, Carlos n'est qu'à quatre points de Solberg. Pour moi, c'est un peu un handicap par rapport aux autres. Chez Ford, dès le Monte-Carlo, Duval a laissé passer Martin. Chez Subaru au Mexique, Hirvonen a attendu un quart d'heure pour laisser Solberg passer", déplore Loeb. Lui devra se débrouiller seul. Mais avec un tel talent...