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Javelot : surnommé "The Youtube Athlete", le Kenyan Julius Yego se qualifie pour la finale à Moscou
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Publié 15/08/2013 à 17:28 GMT+2
Au pays du demi-fond, le Kenyan Julius Yego a choisi le javelot et cela lui réussit plutôt bien alors qu'il a appris en regardant des vidéos sur internet. Après la finale à Londres, "The Youtube Athlete" a atteint celle des Mondiaux ce jeudi.
Javelot : surnommé "The Youtube Athlete", le kenyan Julius Yego se qualifie pour la finale
Crédit: VO²
Le titre pourrait être : "Les mille et un stades" tant l’histoire de Julius Yego ressemble à un conte de fée. Pas de ceux qui s’inscrivaient dans la tradition orale de la culture persane mais de ces histoires modernes bien dans notre temps. Le récit pourrait débuter ainsi : "Il était une fois au pays où les coureurs sont rois, un jeune garçon bien éduqué qui rêvait de lancer le javelot". Car la réalité fusionne avec le récit. Julius Yego est né au Kenya, dans la Rift Valley, là même où l’on ne soupèse plus le stock d’or, d’argent et de bronze tant les filons sont intarissables en demi-fond. A l’inverse de ces coureurs qui, pour la majorité d’entre eux, viennent à la course à pied par nécessité, pour le "job", dans l’espoir de réussir comme les aînés qui affichent de belles fortunes sur les hauteurs d’Eldoret, d’Iten ou de Nyahururu, c’est le javelot qui est venu à Yego. Comme une révélation.
Et l’ado s’est acharné car il est doué, c’est certain. Il a sauté les classes et les étapes en lançant chez les grands qui, avouons le, n’ont pas un grand niveau. Les lancers et encore moins les sauts ne sont pas la préoccupation de la fédération kenyane, gavée par les résultats des coureurs de demi-fond et de marathon. Malgré un cursus scolaire plus qu’honorable, une fois passée l’étape du lycée, Julius Yego a fait un choix osé. Ce sera le javelot. Et c’est là que l’histoire de ce gaillard au buste puissant a pris toute sa symbolique. Elle a fait le tour du monde comme autrefois les contes de fées dont les récits se transmettaient à l’oral avant d’être imprimés sur de l’épais papier.
Auto-didacte grâce à la vidéo
Il est devenu "The Youtube athlete", un surnom qui lui a été donné lorsque l’on a appris que celui-ci avait travaillé sa technique en visionnant les finales olympiques sur Youtube. Alors que ces copains tchataient ou se cherchaient la copine du cœur sur internet, lui disséquaient sur l’écran les images en modèle réduit, le bon placement, la bonne course d’élan, le bon mouvement de bras des Zelezny, Thorlkidsen et Pitkämäki.
Et indiscutablement, Julius Yego avait un bras pour javelot. Il a exécuté tour à tour les records jeunes et s’est approché des 70 mètres. Rentré dans la police "car ça gagne bien et que l’on peut avoir des faciliter d’entraînement", il a percé les cieux en améliorant maintes fois le record national chez les seniors et s'est fait un petit nom dans les compétitions internationales avec un record à 78,34m réussi à Maputo, sur la lancée d’une sixième place aux Jeux du Commonwealth en 2011. Dès lors, l’IAAF lui a proposé une bourse pour s’entraîner deux mois en Finlande sous la coupe de Petteri Pirronen. L’effet a été immédiat, en qualification du concours olympique, il a battu son record, qu’il a ensuite porté à 81,81m le jour de la finale qu’il a terminée à la douzième place.
Egérie d'une publicité
A son retour au pays, le lanceur a été accueilli avec les mêmes honneurs qu’un Rudisha ou qu’un Kemboi. Et le milieu des affaires ne s’y est pas trompé. C’est l’archétype même du personnage moderne dont peut avoir besoin une marque pour communiquer. Il a été repéré par Mickael Ghossein, le patron d’Orange et "The Youtube athlete" a été choisi pour la campagne 2013 de la marque de téléphonie et d’internet. Les déclarations ont fait dans le pragmatisme sur fond de vérité pourtant simple et belle : "C’est l’exemple même des opportunités qu’internet peut apporter pour apprendre et se développer. Avec internet, Julius Yego a su transformer ses rêves en réalité".
A Moscou, dans sa série qualificative, "la plus dure" selon le lanceur kenyan citant la présence perturbante du champion olympique, le jeune Walcott, un homme s’est placé sur le côté droit de l’aire de lancer, le Finlandais Petteri Pirronen : "Il n’est pas vraiment mon coach, car je continue à m’entraîner seul à Nairobi. Mais dans ce concours, il était là pour me donner des conseils". Qualifié avec 80,88m, le Kenyan a poursuivi sa course de fond dans ce stade des "Milles et une nuits".
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