La France l’attend depuis toujours : Vicaut peut-il décrocher une médaille sur 100m ?

De 1896 à 2012, vingt-sept lignes droites. Vingt-sept 100 mètres et un constat : jamais aucun sprinteur tricolore n'est venu s'installer sur l'une des trois marches du plus prestigieux des podiums olympiques. Le niveau du sprint français n'a pas toujours permis d'y songer. Se hisser en finale, déjà, est un terrain quasi inconnu puisque dans l'histoire des Jeux, trois sprinteurs tricolores y sont parvenus : Emile Ali-Khan (1920), Roger Bambuck (1968) et Hermann Panzo (1980). Depuis Moscou ? Plus rien.

Trente-six ans après, l'heure est peut-être venue. Jimmy Vicaut porte sur ses épaules les espoirs bleus. Des espoirs légitimes. A peine douchés par le demi-échec d'Amsterdam où le Français était venu chercher l'or début juillet et dont il n'est reparti qu'avec le bronze et un chrono moyen (10"08). Un mois plus tard de l'eau a coulé sous les ponts et, si Vicaut s'est remis à l'endroit, il n'a aucune raison de ne pas nourrir d'ambitions en vue du rendez-vous de Rio.

Son meilleur temps d'engagement, 9''86, réussi à Montreuil le 7 juin, fait de lui le troisième meilleur performeur de l'année. Derrière Justin Gatlin (9"80 et 9"83) et Trayvon Bromell (9"84). Bon, pas d'Usain Bolt à l'horizon. Il n'a signé "que" la 4e perf' mondiale (9"88). Mais c'est normal. Son début d'été n'a, encore une fois, pas été de tout repos et sa blessure lors des sélections jamaïcaines l'a sans doute privé d'un meilleur temps d'engagement. Mais comptez sur lui pour se faire une place au soleil de Rio. Probablement la plus belle.

Faites les comptes : sur le papier, Jimmy Vicaut est potentiellement finaliste du 100 mètres. Mais ça, c'est sur le papier. Sur le tartan, ce n'est pas toujours aussi simple. Car, avec la tête, doivent fonctionner les jambes. Et si Vicaut souhaite qu'elles le propulsent sur la boite, il faudra sans doute que le record d'Europe saute. Parce que 9''86, c'est le record de France et d'Europe. Mais ça équivaut au record du monde signé de Carl Lewis en 1991. Et, si cela suffisait à décrocher une place sur le podium du 100 mètres aux JO jusqu'en 2008, ce n'est plus le cas depuis les derniers Jeux.

Sur le tartan du stade Olympique de Londres, qui abrite désormais les matches du club de West Ham, le ticket d'entrée sur le podium s'était joué sous les 9''80 : 9''79 pour être précis (Justin Gatlin). Sera-t-on dans ces eaux-là, dimanche à Rio ? Ce n'est pas acquis, si l'on se fie aux deux grandes finales disputées durant l'olympiade. A Moscou 2013 et Pékin 2015, un 9''86 vaut le bronze à chaque fois. L'espoir est donc permis mais le meilleur conseil que l'on peut donner à Jimmy Vicaut est d'aller vite. Le plus vite possible. Et même un peu plus que 9''86.