Bourges cherche l'exploit

Pour espérer un quatrième sacre en Euroligue, les filles de Bourges devront multiplier les exploits ce week-end au Final Four de Brno, à commencer par leur demi-finale vendredi face à l'équipe locale, copie quasi conforme de la sélection tchèque. C'est la huitième fois depuis 1996 et la deuxième année de suite que les Berruyères disputent le tournoi final de la principale Coupe continentale. Championnes d'Europe en 1997, 1998 et 2001, à une époque où le basket français était au zénith, elles sont aujourd'hui déjà bien contentes d'en être. "Pour une équipe française c'est devenu une vraie performance, souligne l'entraîneur de Bourges et sélectionneur des Bleues Pierre Vincent. Sincèrement je ne pensais pas qu'on allait y arriver, c'est exceptionnel."

Avec la montée en puissance financière des clubs russes, le paysage du basket européen a été complètement chamboulé. Dotés de budgets jusqu'à quatre fois supérieurs, ces multinationales auraient pu fournir sans problème les quatre demi-finalistes si elles ne s'étaient pas rencontrées entre elles auparavant. Manque ainsi à l'appel, Samara, leader du Championnat de Russie. Comme l'année dernière et en guise de minimum syndical, deux formations russes seront néanmoins présentes à Brno et s'affronteront dans l'autre demi-finale: Ekaterinburg, où officient les Français Laurent Buffard, Sandrine Gruda et Caroline Aubert, ainsi que le grand favori et champion en titre du Spartak Moscou. Pour Bourges, battre l'une de ces deux équipes relèverait de la sensation. Dominer Brno, champion d'Europe 2006, serait pas mal non plus. "Personne n'imagine qu'on puisse les battre, les jouer chez elles nous laisse 10% de chances", calcule Vincent.

Si Brno, qui allie taille et qualités athlétiques, s'annonce effectivement comme le favori de la demi-finale, la cote proposée par Vincent semble cependant (volontairement) exagérée. Car les Tango ont plus d'arguments à faire valoir que l'année dernière lorsqu'elles étaient tombées en demi-finale devant Valence. A l'époque, seules Sonja Kireta et l'éternelle Cathy Melain avaient déjà humé l'atmosphère d'un Final Four. Cette saison, l'équipe est bien plus expérimentée, avec notamment l'Australienne championne du monde Belinda Snell.

"Notre équipe a plus de vécu et est sans doute un peu plus forte ", reconnaît Vincent, qui s'appuie toujours sur une grosse défense, la meilleure d'Europe, pour construire ses succès, nombreux cette saison. Après une mise en route compliquée en Euroligue (4 défaites lors des 5 premiers matches), Bourges a connu quatre mois exceptionnels, restant invaincu toutes compétitions confondues (9 succès de suite en Euroligue notamment) entre le 5 décembre et... samedi dernier à Challes-les-Eaux, où les Tango ont encaissé leur première défaite de la saison en championnat. " Pour moi cette défaite ne change rien, commente Vincent, car depuis qu'on est assuré de la première place, on ne travaille plus qu'en prévision du Final Four. Mais j'ai été surpris, voire inquiet, par la réaction de certaines filles qui sont arrivées jusqu'à douter d'elles-mêmes." Vendredi, le doute ne sera pas permis pour créer un petit exploit et rêver à un autre, plus grand encore, dimanche en finale.