Russell Westbrook et les solistes remettent la main sur la NBA

La NBA n’a repris ses droits que depuis une semaine, et on compte déjà 22 matches à plus de 30 points sur le plan individuel, dont deux sorties à plus de 50 unités. Russell Westbrook s’est même permis d’en assortir une d’un triple-double. La bonne nouvelle, c’est que cela risque de continuer un moment ! La saison 2015-16 a été celle du collectif des Warriors. Celle qui vient de débuter sera celle des solos virtuoses.

C’est un paradoxe. Le départ de Kevin Durant a confirmé la domination des “Super teams”, ces regroupements de stars remis au goût du jour par les Celtics à partir de 2008, puis par le très médiatique Heat de la période Three Amigos 2010-2014. Pour gagner, les meilleurs sont prêts à se sacrifier, notamment sur le plan statistique. Des joueurs comme LeBron James, Stephen Curry ou Durant se retrouvent à jouer pour le collectif. Tant mieux. Les Warriors ont montré ces dernières années que le résultat peut être superbe.

Mais derrière, les oubliés de ces regroupements se retrouvent seuls. Plus seuls que jamais. Le début de saison de Russell Westbrook, victime directe du choix de Durant, en est le symbole. Le meneur du Thunder a les clés de la franchise. Il prend tous les tirs qui sont à son goût, c’est-à-dire à peu près tous (44 contre les Suns !). Et avec un joueur aussi talentueux, cela donne un spectacle dingue et des statistiques démentielles.

Anthony Davis (37 pts, 13 rbds par match) est dans le même cas de figure, même s’il souffre surtout de l’incapacité de ses dirigeants à l’entourer. Du côté de Houston, on a rêvé d’une équipe de stars avec Dwight Howard, mais cela n’a pas marché. Mis en position de meneur par Mike D’Antoni, James Harden (32,3 pts, 11,8 pds, 7,3 rbds) va pouvoir se gaver. Westbrook, Davis, Harden, mais aussi Damian Lillard (34 pts). Le numéro 0, qui assure ne pas vouloir s’associer avec les meilleurs, mène avec vista une superbe équipe de Portland. Plusieurs configurations, mais un même mot d’ordre : des hommes seuls, ou presque, pour porter le collectif.

Tracy McGrady, Kobe Bryant, Allen Iverson, Gilbert Arenas… Les orgies de points du début de saison sentent bon le début des années 2000. Une époque où des performances immenses étaient attendues de quelques hommes chaque soir. Pas franchement un modèle de basket à montrer dans les écoles. Des duels, de l’isolation, des tirs complètement forcés. Mais aussi un talent fou, qui a scotché des millions de supporters à leur écran.

Parfois – dans le sport en tout cas – la nostalgie peut faire un peu de bien. Et ce retour au basket pré-2008 a tout de même de quoi tirer pas mal de bons souvenirs aux amoureux de la balle orange.

De la nostalgie, oui. Mais une certaine forme de panache aussi. Car on sait bien que le combat est perdu d’avance. Westbrook, Davis, Harden et Lillard ne gagneront pas le titre. Au mieux, l’un d’entre eux pourra se consoler avec la statuette de MVP. C’est aussi pour ça que leur saison va être si belle. Ils vont se battre comme des fous, aligner les performances exceptionnelles, comme un pied de nez permanent à l’inévitable, comme un défi à ceux qui ont choisi de s’associer. Au final, ils vont être obligés de s’incliner, comme cela a été le cas mardi face à Golden State pour Lillard, et Cleveland pour Harden.

Les Warriors, les Cavaliers et les Spurs sont plus forts. Ce sont eux qui vont se disputer le titre. Mais cette saison, les solistes vont aussi égayer les longs mois de la saison régulière.