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Benichou interné

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ParEurosport

Mis à jour 12/06/2012 à 09:13 GMT+2

Ancien boxeur ruiné, escroqué par les siens, Fabrice Benichou n'a jamais su gérer sa descente du ring. Son internement dimanche à Paris, après une énième tentative de suicide, est le dernier épisode d'une vie de globe-trotter sans repère.

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Crédit: Eurosport

Une vie de voyages, de gloire et de désillusions. Né le 5 avril 1965 à Madrid, puis parti durant sa jeunesse pour Israël, à la recherche de ses racines juives, l'adolescent bagarreur passé avec ses parents par le Mexique, le Liban ou la Bulgarie, se fait remarquer à 16 ans lors d'une bagarre au cours d'un match de football. Cette force dans les poings le pousse à prendre sa première licence de boxeur professionnel deux ans plus tard, au Luxembourg. Et c'est le début d'une carrière sur le ring à laquelle il n'a jamais su mettre fin, à force de comebacks illusoires.
Dans sa chambre à l'infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police de Paris, lundi, Fabrice Benichou, 47 ans, est loin du champion du monde IBF des super-coq de la fin des années 80 que les puristes critiquaient pour son style anarchique. Boxeur licencié en Israël, au Luxembourg, en France et au Panama, multiple champion d'Europe des plume, Fabrice Benichou aurait pu passer une retraite tranquille, avec les bourses décrochées lors d'un début de carrière brillant. Mais il est en fait criblé de dettes, par la faute de son agent, son père, un ex-artiste de cirque autoproclamé parapsychologue, qui l'a littéralement escroqué.
Le fils règle l'histoire d'un coup de poing rageur, mais cela ne fait pas rentrer l'argent. Et c'est le début d'une triste série de retours sur les rings pour des combats incertains, à la recherche du moindre "cacheton". Il arrête une première fois en avril 1995, après une défaite dans la banlieue de Dunkerque, pour un titre de champion de France qu'il ne décrochera jamais. Mais il revient moins d'un an plus tard, à Berck-sur-mer, dans le Pas-de-Calais, pour un match nul chanceux contre le Français Mehdi Labdouni.
Loin des radars des médias
Contraint de pointer pour le RMI, il tente d'améliorer l'ordinaire avec ce qui reste de son talent de combattant. Mais la réalité s'impose rapidement et la correction que lui inflige l'Anglais Spencer Oliver le 1er février 1998 à Londres met fin à cette deuxième carrière. 10 ans plus tôt, le 30 janvier 1988, il décrochait le titre de champion d'Europe des coq par KO !
Commence une longue traversée du désert. Et les dettes s'accumulent, malgré des tentatives de percée dans le monde de la télévision et notamment de la télé-réalité -il est pressenti pour Koh Lanta-, mais aussi du cinéma, avec la sortie de "Noble art" sur les grands écrans en 2004. Remotivé peut-être par ce documentaire sur Fabrice Benichou boxeur, l'appel du ring et des cordes se fait à nouveau sentir. Un an plus tard, en 2005, à 40 ans, il lève l'ancre pour le Panama, où il retrouve son père, et il remet les gants. Une nouvelle fois. Mais après un seul combat, victorieux, contre le Colombien Eduardo Julio, en quatre reprises, il abandonne à nouveau. Et c'est un nouveau retour vers la France.
Isolé, incapable de se bâtir une nouvelle vie, l'ancien boxeur s'enfonce peu à peu, loin des radars des médias. Jusqu'à cette nouvelle tentative de suicide dimanche, la troisième en quatre jours, selon la police. "Une grosse déprime par rapport à ma situation familiale, une séparation", s'explique-t-il dans L'Equipe du jour. "La connerie de vouloir se foutre en l'air, c'est un moment de faiblesse intellectuelle." Et de promettre : "Là, je suis reparti du bon pied, comme un guerrier, juste, droit et battant."
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