"Haye n'a plus le choix"

"Ce soir, c'est un petit défi que j'envoie à David Haye. Il a dit qu'il ne me devait rien. Demain, si je suis son challenger officiel, il me devra quelque chose. Une revanche. Je ne lâcherai pas. Je ne le lâcherai pas". A peine descendu du ring, Mormeck ne pense déjà qu'à "ça". La pilule n'est toujours pas avalée. A 38 ans, on ne le changera pas, Jean-Marc. Vainqueur aux points de Timur Ibragimov, le Guadeloupéen a prouvé qu'il était prêt à relever le défi. Son défi. Celui qu'il s'est fixé après deux ans sans boxe. Celui de décrocher le titre de champion du monde dans la catégorie reine, trois ans après avoir dû rendre, contraint et forcé, celui des lourds légers. Au soir de son 3e combat victorieux chez les lourds, il n'a jamais été aussi proche d'y parvenir.

Après l'Américain Vinny Maddalone puis le Porto-Ricain Fres Oquendo, Mormeck s'attaquait cette fois-ci à un Ouzbek, pourtant 7e mondial au classement WBA avant cet affrontement. Plus grand (1,93m contre 1,81m) et surtout plus lourd (22 kilos de différence), l'élève de Luis Lagerman n'a jamais pu s'exprimer face au Français. Lundi, en conférence de presse, il avait donné rendez-vous. Jeudi, on serait en mesure de savoir qui de Mormeck ou de lui était le plus fort. On a vu, on a su. Lui nous a déçus. Pour son 5e combat en 2010, celui qui pouvait se vanter d'avoir remporté ses neuf succès de rang est resté muet. Il s'est contenté d'utiliser une droite qui n'avait rien de dévastatrice. Réputé mobile et puncheur, il n'a jamais trouvé la bonne distance et n'a touché "JMM" qu'à de rares reprises. Pour résumer, il n'a rien montré. Hormis le fait, peut-être, qu'il savait parfaitement s'accrocher à son adversaire.

Pour Mormeck, les doutes se sont évaporés. Le rêve est désormais permis. Le travail fait aux côtés de son préparateur physique, Mourad Benbelkacen, et de son entraîneur Eric Collette, a fini par payer : "J'avais axé cette préparation sur la condition physique. J'ai tenu les douze rounds et je pense qu'on a vu que j'étais capable d'aller au bout d'un tel combat. Maintenant, j'ai la caisse. Mais il faut que j'y mêle d'autres ingrédients". Ceux-là se trouvent de l'autre côté de l'Atlantique. Mormeck a besoin de changer d'air, de travailler avec d'autres gens, de tester de nouveaux sparring-partners : "Tous les accrochages que j'ai subis ce soir (jeudi), ce vice constant, je dois travailler cela pour m'en défaire". Pour progresser dans ce domaine, le boxeur de Bobigny a prévu de s'exiler aux Etats-Unis. Il rêve aussi de travailler avec un nouveau coach : "J'en vise un qui est plus axé sur la boxe anglaise. C'est celui de Pacquaio (Freddy Roach). Lui est intéressé. Comme vous avez pu le voir, Eric Collette n'est plus là. La prochaine étape est de se remettre au travail. Avec un nouvel entraîneur. Le but, c'est de disputer un championnat du monde en 2011."

"Je me sens prêt à défier Haye. Je ne me vois pas l'affronter dans deux mois car j'ai besoin de travailler. Je serai prêt dans trois ou quatre mois. Pas avant. J'ai fait huit championnats du monde, j'en ai gagnés six. Je ne veux surtout pas brûler les étapes". Avant de reprendre le chemin de l'entraînement, Mormeck veut profiter des fêtes de fin d'année. Savourer dans un premier temps. Puis viendra l'heure de se présenter devant David Haye. Le Britannique, qualifié de "prenable" encore jeudi, n'aura peut-être plus la possibilité d'éviter le Français. "Haye m'a pris ce titre à Paris (NDLR : à Levallois). Le but est de l'affronter de nouveau ici". Et d'en rajouter une couche : "Il dit qu'il veut affronter les Klitschko, mais ne cesse de les éviter. Il parle beaucoup mais n'a rien prouvé chez les lourds. Il est très fort en communication. A un moment donné, il va falloir qu'il remonte sur un ring". Le défi est lancé. A Haye de le relever. Pour Mormeck, l'heure de la revanche a sonné. Enfin…