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Kim Duk-Koo - Ray Mancini : le combat tragique qui allait bouleverser la boxe

ParAFP

Publié 07/11/2012 à 22:36 GMT+1

Il y a trente ans, le boxeur Kim Duk-Koo entrait sur le ring à Las Vegas. Il y trouverait la mort pour lui et les siens. La boxe décréta : "Plus jamais ça".

Kim Duk-Koo, Ray Mancini

Crédit: Eurosport

Il y a trente ans ce mois-ci, le boxeur sud-coréen Kim Duk-Koo entrait sur le ring, à Las Vegas, pour un Championnat du monde qui allait provoquer sa mort, le suicide de sa mère et de nouvelles règles destinées à mieux protéger les pugilistes. Kim, qui avait 23 ans, se produisait pour la première fois aux Etats-Unis, face à l'Américain Ray "Boom Boom" Mancini, au prestigieux Caesar's Palace de Las Vegas, sous le regard de vedettes comme Franck Sinatra. Pour ce jeune homme, grandi dans une Corée du Sud à peine sortie de la misère, rien ne pouvait être plus éloigné de sa vie quotidienne. "Je me souviens lorsque nous avons atterri à Las Vegas pour ce combat", raconte son entraîneur, Kim Yoon-Gu, 56 ans aujourd'hui. "La ville était entièrement éclairée. C'était comme arriver dans un jardin de fleurs en plein désert. Nous n'avions jamais rien vu de pareil".
Kim Duk-Koo était loin d'être favori face à l'Américain de 21 ans, qui défendait son titre de champion du monde. Mais Kim avait confiance. Avant son départ de Séoul, il avait demandé à un charpentier de lui fabriquer un faux cercueil qui servirait, affirmait-il, à ramener Mancini après le match. Le 13 novembre 1982, le combat fut très brutal. Pendant 13 rounds, les deux hommes se rendirent coup pour coup, leurs visages de plus en plus boursouflés et les yeux peinant à s'ouvrir. A la fin du treizième round, l'entraîneur Kim Yoon-Gu tenta d'encourager son poulain, en lui disant que Mancini était épuisé et lui demanda un ultime effort pour s'imposer. "Il a serré les dents, opiné et dit 'oui, je vais le faire'. Et c'est tout. Ce sont les derniers mots qu'il ait jamais prononcés", se souvient Kim.
La rencontre entre Mancini et le fils du boxeur décédé
Au début du 14e round, d'un crochet du droit à la tête, Mancini projeta son adversaire dans les cordes. Le jeune homme parvint à se relever mais l'arbitre, Richard Green, mit fin au combat. Kim Duk-Koo s'effondra et fut évacué sur une civière. Les médecins détectèrent un caillot de sang dans le cerveau, opérèrent d'urgence mais le boxeur plongea dans le coma et mourut quatre jours plus tard, le 17 novembre 1982. Dans l'avion du retour, son coach s'enferme dans les toilettes et "pleure et pleure, jusqu'à l'atterrissage", confie-t-il. "J'ai envisagé de quitter ce sport. Et puis j'ai décidé de rester. Ça a été des moments très durs", ajoute-t-il trente ans plus tard, dans sa salle de sport ornée des photos de Kim. Quatre mois après la mort du boxeur, sa mère se suicida en vidant une bouteille de pesticide. Quelques mois plus tard, l'arbitre mit lui aussi fin à ses jours, même s'il n'a jamais été prouvé que son geste était lié à ce combat tragique.
Ray Mancini, catholique fervent, plongea dans la dépression. Il reprit la boxe mais sans jamais retrouver son niveau d'antan. "Il était hanté", déclare à l'AFP Mark Kriegel, auteur d'une biographie du boxeur, The Good son (le bon fils). "Il a fini par surmonter (cette épreuve) mais le problème était que les autres en étaient restés là et qu'ils faisaient de ce match le point de référence de sa vie". En juin dernier aux Etats-Unis, Mancini a rencontré la famille de Kim, dont la fiancée était enceinte à l'époque. Sept mois après la mort du boxeur sud-coréen, elle donna naissance à un fils, Kim Jiwan, qui a aujourd'hui 29 ans. C'est lui qui a souhaité rencontrer Mancini. Le jeune homme a reconnu avoir éprouvé de la "haine" envers l'adversaire de son père. Mais à présent "je pense que ce n'était pas de votre faute", a-t-il dit au boxeur américain.
Ce combat a entraîné plusieurs réformes, visant à améliorer la sécurité des boxeurs: le nombre de rounds a été ramené à 12 (contre 15 auparavant), un décompte jusqu'à 10 a été introduit lorsque l'arbitre le juge nécessaire et des tests médicaux ont été rendus obligatoires. Mais cela n'a pas tout résolu. Ces dernières années, un boxeur russe et un Mexicain notamment sont morts quelques jours après des combats.
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