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Ce Bardet-là peut rêver très grand

Jean-Baptiste Duluc

Publié 12/06/2016 à 19:59 GMT+2

CRITERIUM DU DAUPHINE - Premier Français à monter sur le podium du Critérium du Dauphiné depuis Christophe Moreau en 2007, Romain Bardet (AG2R La Mondiale) a réalisé une très grande semaine en prenant la 2e place du général, à seulement 12'' de Christopher Froome (Sky). De quoi lui accorder définitivement ce statut de grand leader pour les courses par étapes. Malgré quelques erreurs.

Romain Bardet (AG2R)

Crédit: AFP

On dit, souvent avec raison, qu'il ne faut pas s'enflammer ou s'alarmer des résultats du Critérium du Dauphiné. Mais, depuis trois ans, Romain Bardet est un vrai spécialiste de l'épreuve Rhône-alpine. 5e en 2014, 6e en 2015 avec une victoire d'étape, il a encore franchi un cap cette saison en décrochant la place de dauphin de Christopher Froome (Sky) sur cette 68e édition. "C'est une grosse satisfaction, enfin le gros résultat qu'on recherchait, a expliqué le coureur d'AG2R La Mondiale. Tout s'est un peu passé comme sur le tableau noir ces derniers jours. Je suis vraiment content d'être au niveau des meilleurs grimpeurs du monde comme Contador ou Froome. C'est une nouvelle étape dans ma carrière. "
En prouvant ce week-end qu'il n'avait rien à envier aux meilleurs coureurs de courses par étapes du monde, étant même le principal danger pour l'armada Sky, Romain Bardet s'est rassuré et peut se satisfaire de cette semaine, malgré de petites erreurs en course. Et voir très haut dès juillet, sur le Tour de France. Voilà pourquoi.

Au niveau des tous meilleurs en montagne

Christopher Froome et Mikel Landa (Sky), Alberto Contador (Tinkoff), Richie Porte (BMC), Fabio Aru (Astana), Joaquim Rodriguez (Katusha) ou encore Pierre Rolland (Cannondale) : le plateau de grimpeurs de ce Critérium du Dauphiné était royal. A part le duo de la Movistar Nairo Quintana-Alejandro Valverde, Tejay Van Garderen (BMC) et Vincenzo Nibali (Astana), tout le monde était là. Mais le meilleur grimpeur de cette 68e édition était bien Français. Notamment lors de ce week-end où le classement général s'est décanté. Très costaud ce dimanche vers Superdévoluy, Romain Bardet est allé chercher le podium à la pédale.
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Romain Bardet lors de sa victoire sur le Critérium du Dauphiné - 11/06/2015

Crédit: AFP

Si on ne comptabilisait que les quatre étapes de montagne où s'est joué le classement général (le prologue des Gets et les arrivées à Vaujany, Méribel et Superdévoluy), le Français serait même assez largement vainqueur, avec plus de 40 secondes d'avance sur son dauphin Chris Froome. Des chiffres qui ne changeront certes pas le résultat final mais qui démontrent quand même l'évolution du grimpeur d'AG2R. La réaction de Froome sur son attaque au sommet du Noyer (il lui a sauté dans la roue alors qu'il laissait Contador naviguer quelques mètres devant) témoigne bien du respect que le Tricolore inspire aux cadors. Même si, bien sûr, le Critérium du Dauphiné n'est pas le Tour de France, comme l'a répété en fin d'étape le Français : "Je suis content d'avoir été constamment avec les meilleurs cette semaine mais il faudra encore élever mon niveau sur le Tour. "

Une équipe française à la hauteur de ses ambitions

Il y a la Sky, il y la Movistar, il y a la Tinkoff et il y a désormais... AG2R la Mondiale ! Habituée à briller au classement par équipes (vainqueur dans ce domaine sur le Giro et sur le Tour en 2014), la formation française a encore brillé cette semaine. Mais, cette fois, c'est autour de son leader que l'équipe de Vincent Lavenu s'est illustrée. Notamment samedi vers Méribel où Romain Bardet s'est lancé dans les grandes manœuvres en profitant d'un travail admirable du trio Bakelants-Chérel-Gastauer. Même s'il n'a pu conclure cette offensive : "Je me suis excusé de ne pas avoir été à la hauteur dans le final vers Méribel mais cette deuxième place au général ce dimanche récompense leurs efforts. Je sais que je peux compter sur eux à 200%. Ce podium, je la dois aussi à l'équipe".
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Etape 17 : Concentré, Romain Bardet (AG2R) s'apprête à passer à l'offensive au sommet de Val Louron-Azet, Tour de France 2014

Crédit: Panoramic

Lors de la 6e étape, les coéquipiers du dauphin de Chris Froome ont impressionné de nombreux coureurs et suiveurs. Presque autant que l'armada Sky alors que le "talent" est bien plus présent dans l'équipe britannique (Poels, Landa, Henao, Kwiatkowski) que dans la formation tricolore. "J'ai eu beaucoup de témoignages dans le peloton qui m'ont dit "tu as une équipe formidable", raconte Bardet. On a une force de frappe à hauteur de celles des meilleures équipes, on sait qu'on peut se lancer dans des coups comme celui de samedi."

Un esprit offensif mais plus chien fou

A l'image de Contador ou Nibali, Romain Bardet fait partie de cette lignée de grimpeurs qui n'a pas peur de prendre des risques et de tenter sa chance loin de l'arrivée. L'Espagnol avait remporté la Vuelta 2012 de cette manière (l'étape de Fuenté Dé), l'Italien le Giro 2016 (l'étape de Risoul) et le Français est passé tout près de remporter ce 68e Dauphiné, en exploitant deux de ses qualités principales. On le sait depuis l'édition 2015, le Français est un sacré descendeur. C'est ainsi qu'il s'était imposé à Pra-Loup. Désormais, il sait aussi faire preuve d'un excellent sens tactique.
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Romain Bardet passe à l'attaque

Crédit: Eurosport

Que ce soit vers Méribel ou vers Superdévoluy, le Tricolore a toujours démarré lorsqu'il le fallait. Au sommet de la Madeleine samedi pour exploiter la descente au maximum, au sommet du Noyer (sans succès) puis à 250m de la ligne ce dimanche. Et, à chaque fois, son démarrage a été payant. "Aujourd'hui (dimanche), je n'avais qu'une seule envie, c'était de rouler avec (Alberto) Contador quand on s'est retrouvé à quatre, expliquait-il à l'arrivée au micro d'Eurosport. Mais j'ai fait le point, je n'avais aucun intérêt à rouler. J'ai essayé de gérer mes émotions, c'est ce qui me faisait souvent défaut. J'ai beaucoup mûri." Et ça aussi, c'est un échelon supplémentaire de franchi.

Encore de la marge dans sa gestion de course

"Je suis passé par tous les sentiments cette semaine, racontait Bardet. Un peu à l'image de mon Tour de France de l'an dernier, des montagnes russes." Car, malgré son podium, le grimpeur d'AG2R est conscient de devoir encore travailler. Notamment sa concentration à tout moment. Sa chute sous la flamme rouge vers Chalmazel (2e étape) lui coûte sans aucun doute la victoire finale au général. Un saut de concentration infime mais aussi important qu'évitable – il étant tombé avec son coéquipier Alexis Vuillermoz - qui lui a valu une perte de 43 secondes. Un incident qui ne doit pas se reproduire si Bardet veut prétendre à un podium sur le Tour.
Mais aussi son sens de la gagne. Car, vers Méribel, si son offensive l'a relancé au classement général, le Français a complètement raté sa fin de course et il en est conscient : "J'avais à cœur de lever les bras, d'autant que je ne gagne pas 25 courses par an, explique-t-il avant de raconter la fin d'étape. J'ai un peu tergiversé dans les derniers kilomètres parce qu'il y avait aussi le maillot jaune qui me tendait les bras. Mais je pensais plus à la victoire d'étape. J'ai sûrement perdu du temps dans les 3 derniers kilomètres. Je pensais que Sky allait nous rentrer dessus beaucoup plus facilement. J'ai clairement commis une erreur d'appréciation, je n'ai pas été lucide. Mais on apprend, c'est une bonne leçon dans le futur." Vu sa réaction ce dimanche, sa manière de gérer sa course pour aller chercher la 2e place, Romain Bardet apprend vite. Très vite. Et prend d'ores et déjà rendez-vous pour juillet.
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Bardet a fait le show, Pinot l'a mis K.O. et Froome a sauvé son maillot

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