Boasson Hagen, déjà

Il n'a que 21 ans mais dispose déjà d'un immense talent. Aussi à l'aise au sprint que dans les chronos, Edvald Boasson Hagen, pas mauvais puncheur non plus, s'est affirmé entre Gand et Wevelgem comme un futur très grand coureur de classique. Révélé en 2006 sur les routes du Tour de l'Avenir où il avait remporté trois étapes, le Norvégien n'a depuis eu de cesse de progresser jusqu'à cette victoire, finalement pas si surprenante que cela pour les observateurs avisés, sur cette classique de transition entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

Pourtant, alors que les pronostics lui étaient très favorables en cas d'arrivée au sprint avec Aliaksander Kuschynski , le prodige scandinave a failli se rater dans la dernière ligne droite. Lançant son sprint de très loin (près de 500 mètres de l'arrivée), Boasson Hagen a manqué de se faire épingler sur la ligne par son ultime compagnon d'échappée. Sans conséquence même si son optimisme ou, si l'on préfère sa candeur, vient démontrer que ce monstre de puissance a encore quelque peu à apprendre du point de vue tactique.

Au départ mercredi matin, l'équipe Columbia était attendue mais ça n'est pas sur son jeune Norvégien que les bookmakers belges tablaient. Mark Cavendish, incontestable favori, monopolisait l'attention mais la météo quasi apocalyptique laissait entendre, dès l'entame de la course, qu'une arrivée au sprint constituait un scénario assez improbable. Passé maître dans l'art de monter des bordures, l'équipe Cervelo décidait d'utiliser Eole comme un allié et profitait d'un brusque changement de direction pour mettre tout le peloton dans le vent.

Sous l'impulsion des hommes au maillot noir, un groupe d'une trentaine de coureurs parvenaient à se dégager. On retrouvait ainsi à l'avant certains costauds comme Andreas Klier (Cervelo), vainqueur de l'épreuve en 2002 qui pouvait compter sur l'appui de quatre coéquipiers, Manuel Quinziato (Liquigas), Mattie Breschel (Saxo Bank), Robbie McEwen (Katusha) et surtout un quatuor d'hommes forts de chez Columbia avec George Hincapie et Markus Burghardt, respectivement vainqueurs en 2001 et 2007, accompagné du solide Bernhard Eisel et, donc, de Boasson Hagen. "C'était facile pour nous dans le groupe. Cavendish était derrière et on n'a pas eu à travailler. On a pu garder la fraîcheur plus longtemps" , a analysé le héros du jour à l'arrivée de la course.

Principale équipe piégée, la Quick Step n'a jamais paru très concernée par la poursuite si bien qu'assez rapidement, le peloton se résigna à ne plus revenir sur la tête. A l'avant, Marcus Burghardt tentait d'emballer la course lors du premier passage sur les terribles pentes du Mont Kemmel mais ne parvenait pas à se défaire de la vigilance d'un groupe où chacun croyait en ses chances. Après de multiples mouvements et offensives, Kuschynski parvenait à trouver l'ouverture. Dans la seconde ascension du Kemmel, Boasson Hagen, très impressionnant et indéniablement le plus costaud, partait en contre et revenait sur le Biélorusse en bas de la descente.

Bien protégé par leurs coéquipiers respectifs, les deux hommes creusaient rapidement l'écart. L'effort conjugué de Matthew Goss (Saxo Bank), Matthew Haymann (Rabobank) et Andreas Klier (Cervelo), partis en contre-attaque dans le final, les obligeaient toutefois à maintenir la pression jusqu'à la dernière ligne droite où Boasson Hagen qu'on savait être un garçon d'avenir s'est affirmé comme un très bon coureur du présent. "Je ne sais pas quel type de coureur je serai dans le futur. Un finisseur, un routier-sprinteur, un rouleur...", s'est-il timidement demandé à l'arrivée. Et s'il était finalement les trois à la fois ?