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Crostis, ça gronde encore

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 20/05/2011 à 13:51 GMT+2

Samedi, le peloton devra escalader, et surtout redescendre le Monte Crostis. Ce col spectaculaire pose un double problème. Sur la sécurité, les coureurs semblent avoir été rassurés par les organisateurs. Mais c'est désormais la question de l'équité de la course qui est posée. Et là, ça ne passe pas.

2011 Giro Monte Crostis

Crédit: From Official Website

Pour l'instant, pas question de zapper le Crostis. Angelo Zomegnan, patron du Giro, tient à ce morceau de bravoure, un des trouvailles dont il a le secret. Un col méconnu, aux pourcentages ahurissants, morceau de choix de l'étape reine de cette 94e édition, puisqu'il faudra, dans la foulée, enchainer avec le Monte Zoncolan, plus habituel mais du même acabit. Le problème, c'est cette descente du Crostis. Vertigineuse et à bien des égards effrayante.
La mort de Wouter Weylandt, voilà 10 jours, a renforcé les craintes, légitimes, des coureurs. Elle a créé un contexte émotionnel particulier. Depuis la tragique disparition du coureur belge, beaucoup se demandent s'il est vraiment utile d'aller prendre de tels risques. Juste pour le spectacle. Sans parler de polémique, le Crostis fait débat. Et celui-ci n'est pas clos, à 48 heures de l'échéance. En début de semaine s'est tenue une réunion entre les organisateurs, des représentants des coureurs, dont David Millar et Alberto Contador. Ces derniers ont donné leur accord, après avoir obtenu quelques garanties. Des filets de protection (semblables à ceux que l'on trouve au bord des pistes de ski) et des gigantesques boudins jaunes ont été ainsi placés dans les virages les plus sensibles de la descente, afin de minimiser les risques.
Cioni: "Ce ne serait pas juste"
Sous réserve d'une météo catastrophique, les coureurs ont promis de disputer l'étape dans son intégralité. En revanche, s'il pleut, s'il neige ou si le vent est trop fort, ils ont prévenu qu'ils refuseraient de descendre le Crostis. "Il faut reconnaitre que de gros efforts ont été faits sur la sécurité", a concédé Alberto Contador. Mais tous les problèmes ne sont pas réglés pour autant. Au-delà de la sécurité, c'est aussi l'équité de la course qui inquiète. Les voitures des directeurs sportifs ne pourront en effet pas descendre le Crostis, l'étroitesse de la chaussée ne permettant pas d'envisager le passage de dizaines de véhicules. Comme la montée du Zoncolan, à cause de tunnels trop étroits, est elle aussi interdit aux voitures, certains patrons d'équipes commencent à grincer des dents.
Mercredi matin, avant le départ de 11 étape, ils ont d'ailleurs demandé à rencontrer Angelo Zomegnan. Mais comme l'expliquait l'envoyé spécial d'Eurosport, Philippe Cellières, ils ont le sentiment d'avoir parlé dans le vide. D'où une certaine tension. "Nous avons eu une réunion pour exprimer nos inquiétudes, mais comme d'habitude sur le Giro, tout est déjà décidé et on ne peut rien changer, regrette Lionel Marie, directeur sportif de l'équipe Garmin-Cervelo. Il y aura 20 kilomètres sans la moindre assistance pour les coureurs, c'est dingue. Mais c'est le Giro!" En réalité, les mécaniciens seront disséminés un peu partout sur le parcours, sur un principe identique à celui que l'on peut voir, par exemple, sur Paris-Roubaix. Une solution qui ne convainc ni ne satisfait les équipes.
Dario Cioni, (Sky), un des représentants des coureurs auprès de l'UCI, n'a d'ailleurs pas manqué de pointer du doigt un scenario catastrophe. "Imaginez qu'un coureur chute et casse son vélo ans la descente du Crostis, explique l'Italien. Il aurait perdu le Giro car il ne pourrait pas être dépanné. Ce ne serait pas juste de tout perdre de cette façon. On ne peut pas perdre le Giro définitivement juste à cause d'un problème mécanique. Les coureurs ne sont pas satisfaits de cette situation." Ces considérations sur l'équité de l'étape semblent aujourd'hui avoir pris le pas sur l'inquiétude concernant la sécurité. A l'évidence, ce Crostis rend tout le monde très nerveux. Vendredi soir, tout le monde devrait avoir un peu plus de mal à dormir qu'à l'accoutumée. Les coureurs, les directeurs sportifs, mais aussi Angelo Zomegnan, prisonnier de sa perle des Dolomites, si spectaculaire, mais désormais si controversée.
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