L'hommage à Contador

Il a gagné son halo de lumière. Destiné à l'ombre, dans un rôle de coéquipier souvent ingrat, Paolo Tiralongo a eu droit à son instant de gloire à Macugnaga. Un premier succès après 15 participations dans un grand tour, le genre de victoire qui donne de l'éclat à un palmarès. "Après toute une carrière passée à travailler pour les autres, j'ai eu le feu vert de l'équipe. Je voulais essayer après avoir toujours tout donné pour mes leaders. Je suis sorti et j'ai gagné, c'est beau, c'est un sentiment merveilleux", a-t-il savouré.

Ce bouquet, Tiralongo le doit autant à son esprit d'initiative qu'à l'un de ses anciens leaders, Alberto Contador. Car lorsque Joaquim Rodriguez (Katusha) et John Gadret (Ag2r-La Mondiale) sont venus lui chatouiller la roue arrière, El Pistolero a fondu sur lui pour l'amener à la victoire en grand seigneur. Emu aux larmes sur la ligne, l'Italien a tenu à rendre hommage au maillot rose : "Alberto est un grand ami, même hors de la course. A six kilomètres de l'arrivée, C'est lui qui m'a incité à attaquer. Quand il m'a rejoint, il m'a encouragé. Je savais que j'avais un grand ami, et je pense qu'il l'a prouvé en faisant ce grand geste. Le cyclisme a besoin de champions comme Alberto."

Un hommage à la hauteur du cadeau de l'Espagnol. Contador est resté grand seigneur jusque dans ses déclarations d'après course, refusant d'endosser le costume de Père Noël dont les journalistes voulaient déjà l'affubler : "Tiralongo n'a pas reçu de cadeau. Il est fort, il a du talent, il a attaqué trois fois. Moi, j'ai attaqué à l'instinct. Quand je sens les choses comme aujourd'hui, je me dois d'y aller. Je n'ai jamais pensé à offrir la victoire à Tiralongo, j'avais surtout en tête le classement général".

Pourtant dans les derniers mètres, Contador aurait pu appuyer un peu plus encore sur ses pédales et grappiller une poignée de secondes supplémentaires sur Nibali et Scarponi. Ce succès apparait forcément comme une récompense du travail fourni par Tiralongo l'an passé sur les routes du Tour, lorsque l'Italien et l'Espagnol étaient réunis sous le maillot d'Astana. "J'avais un grand ami devant et je suis davantage content que ce soit Paolo qui ait gagné plutôt que mo, car pour lui c'est une victoire importante. Il a travaillé pour moi toute l'année passée et notamment sur le Tour. Il a joué un rôle important", confirme le lauréat de la dernière Grande Boucle. Ce coup d'éclat de Contador n'est pas forcément qu'une récompense pour services rendus. Les cadeaux de mai peuvent être les alliances de juillet. Sur le Tour, la formation kazakhe se souviendra forcément de ce 27 mai 2011.