Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Le conquérant de l'inutile

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 15/05/2011 à 00:45 GMT+2

Personne n'imaginait voir Alberto Contador à l'attaque dans le final de la 8e étape samedi. L'Espagnol a pourtant secoué le cocotier et pris un peu de temps à ses rivaux. Dans le clan Saxo Bank, on l'assure, rien n'était préparé. Une offensive pas forcément utile, mais Contador a agi à l'instinct.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Mais quelle mouche l'a piqué? Pourquoi diable Alberto Contador est-il allé se donner autant de mal dans le final d'une étape de plaine? Une des rares étapes de plaine de ce Giro. Pourquoi se dévoiler de la sorte, 24 heures avant le rendez-vous de l'Etna? Il reste tant de rendez-vous décisifs à venir, tant de difficultés à avaler, qu'il paraissait improbable de le voir attaquer à Tropea. Si quelqu'un nous avait dit ça samedi matin, nous lui aurions probablement indiqué l'adresse de l'asile le plus proche. Et pourtant, c'est bien Contador qui a surgi dans le sillage d'Oscar Gatto, à moins de deux kilomètres de l'arrivée. Alors, pourquoi?
Parce que c'est plus fort que lui, tout simplement. Rien n'avait été planifié, mais l'opportunité s'est présentée. "Nous n'avions pas prévu de tenter quelque chose, assure Bjarne Riis, aux anges. Mais vous connaissez Alberto, quand l'occasion se présente, il la saisit. C'était vraiment un grand plaisir de le voir à l'œuvre. Il a vu que personne n'était dans sa roue et il en a tiré avantage." L'effet de surprise a manifestement joué à plein. Pourtant, ses adversaires auraient dû se méfier. Pendant 10 kilomètres, les Saxo Bank ont roulé en tête du peloton dans le final. Mais Contador confirme les propos de son patron. Personne, chez Saxo, n'avait parlé d'attaquer. "Mais je me sentais très bien, confie l'Espagnol alors je me suis dit 'pourquoi pas?'J'ai vu qu'il y avait une possibilité pour aller de l'avant, alors j'ai pris ma chance."
Quelle attitude dimanche?
Toutes proportions gardées, ce coup d'audace rappelle un peu celui de Miguel Indurain à Liège, sur le Tour de France 1995. C'était aussi un samedi. Une semaine après le départ. Et à la veille du premier grand rendez-vous pour les favoris, un contre-la-montre à l'époque. La différence, c'est qu'Indurain avait cravaché pendant près de 50 kilomètres quand Contador, lui, n'a produit son effort que sur 1500 mètres. Physiquement, il ne devrait donc pas le payer dimanche. Quant au gain, il se chiffre à 17 secondes. Suffisant pour le replacer en pole position des favoris, juste devant Michele Scarponi ou Vincenzo Nibali. "12 secondes de bonification, c'est très bien, se réjouit le Madrilène, d'autant que je n'ai pas eu à trop m'employer pour les obtenir." 12 secondes, plus 5 autres sur la ligne. 17, donc au total. Sachant qu'après l'Etna, au Zoncolan ou à Val di Fassa, c'est probablement en minutes que se chiffreront les écarts, son gain peut apparaître dérisoire.
Certains se demandent même si un aveu de faiblesse ne se cacherait pas derrière cette attaque. Contador, un peu poussif la veille au Montevergine, aurait-il eu besoin de se rassurer? "Non, rétorque Bjarne Riis. Je pense qu'il sait à quel point il est fort. Il n'avait pas besoin de se prouver quoi que ce soir ici". "Le Montevergine ressemblait à un long sprint en côte. Il fallait surtout être puissant, je n'étais pas très à l'aise, explique pour sa part l'Espagnol. Mais mes sensations sont globalement très bonnes." Il n'avait donc pas besoin de faire ce qu'il a fait samedi. Ni au plan purement comptable ni pour chasser un éventuel doute. Contador a donc joué les conquérants de l'inutile. On reproche suffisamment souvent aux cadors de la jouer petit bras pour ne pas s'en réjouir.
Mais dimanche, sur les pentes de l'Etna, empruntées à deux reprises dans l'après-midi, donneront une autre dimension à ce Giro. "De toute évidence, ce sera une toute autre étape", concède Riis. "Il y aura de grosses différences, renchérit Contador. Rien à voir avec le Montevergine. C'est une vraie montée." Un terrain qui devrait lui convenir. Pour autant, pas sûr qu'il se lance dans une offensive d'envergure. Il pourrait attendre de voir comment la situation évolue. "Je n'ai aucune obligation d'attaquer, estime-t-il. Je verrais comment les choses se passent et quel est le comportement de mes adversaires." A l'attaque samedi, sur la défensive dimanche? Ce serait pour le moins paradoxal, mais à ce rythme, plus rien ne va nous étonner de sa part.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité