Le vélo à moteur de Van den Driessche, premier cas avéré de dopage mécanique dans le cyclisme

ParAFP

Mis à jour 31/01/2016 à 14:06 GMT+1

L'inspection du vélo de Femke Van den Driessche, concurrente belge des Mondiaux Juniors de cyclo-cross samedi à Zolder, comportait bien un moteur caché, a indiqué Brian Cookson, le président de l'UCI.

La Belge Femke Van den Driessche, première cycliste convaincue d'avoir utilisé un vélo à moteur, lors des Mondiaux Juniors de cyclo-cross à Heusden-Zolder, le 30 janvier 2016

Crédit: AFP

Le fantasme de moteurs cachés dans les vélos est devenu réalité dimanche : le premier cas de tricherie mécanique dans le cyclisme a été découvert aux Championnats du monde de cyclo-cross, samedi à Zolder, en Belgique, après plusieurs années de soupçons jamais étayés.
"Nous pensons clairement qu'il y a eu fraude technologique, il y avait un moteur caché", a déclaré le président de l'Union cycliste internationale, Brian Cookson, au sujet du vélo suspect de la Belge Femke Van den Driessche, saisi samedi. "Le dopage mécanique est désormais une réalité", a insisté Cookson. "Devons-nous en conclure que le phénomène est très répandu, je n'en sais rien !", a ajouté le patron du cyclisme mondial, qui n'a pas voulu donner de détails sur le moteur découvert.
Par dopage mécanique, on entend généralement une aide illicite à la performance via un moteur électrique miniaturisé caché dans les tubes du vélo ou un système d'entraînement au niveau des roues. "Ce que nous avons découvert est un signal clair", a encore dit le Britannique lors d'une conférence de presse. "Souvent, on riait en évoquant ce dopage mécanique mais maintenant, on sait que des coureurs utilisent de tels procédés, ou les ont utilisés."

Quelques watts supplémentaires qui font la différence

Alors que le cyclisme a été secoué par des scandales de dopage physiologique à la fin des années 90, les soupçons de tricherie mécanique ont pris corps en 2010 après la démonstration du Suisse Fabian Cancellara dans le Tour des Flandres puis Paris-Roubaix. Un récital doublé de changements de vélo qui avait beaucoup fait jaser, sans que l'accusation -totalement rejetée par l'ex-champion du monde du contre-la-montre- soit pour autant accréditée par la suite.
Dans les semaines suivantes, l'ancien coureur professionnel Davide Cassani, devenu consultant à la télévision italienne, avait présenté un prototype de vélo équipé d'une technologie motorisée et octroyant des watts supplémentaires à son utilisateur. Le scandale avait incité l'UCI à procéder à des contrôles occasionnels, qui n'avaient jamais rien donné jusqu'ici.
La Belge Femke Van den Driessche, première cycliste convaincue d'avoir utilisé un vélo à moteur, lors des Mondiaux Juniors de cyclo-cross à Heusden-Zolder, le 30 janvier 2016
Selon le règlement, le coureur pris en faute s'expose à une disqualification, une suspension de six mois minimum et une amende pouvant s'élever à 200.000 francs suisses (192.000 euros). "A tous ceux qui veulent tricher, nous avons envoyé un message clair : nous allons vous attraper et nous allons vous punir, parce que notre technologie pour détecter ce type de fraude semble fonctionner", s'est félicité Cookson.
Dans son rapport d'enquête publié en mars 2015, la commission indépendante pour la réforme du cyclisme (CIRC) avait conclu à l'existence de la tricherie, sans apporter de preuves concrètes.
L'impression que le vélo pédale tout seul
"Je n'ai jamais pensé que de tels agissements étaient possibles. C'est un scandale que l'entourage de Femke ait trompé la Fédération belge", avait réagi samedi soir Rudy De Bie, le sélectionneur belge, qui s'est dit "choqué". Pour sa part, le manager de l'équipe Etixx, Patrick Lefevere, a réclamé "la suspension à vie pour la tricheuse". Cookson a précisé que "le dossier est maintenant dans les mains de la Commission disciplinaire" et s'est refusé à donner davantage de détails.
Samedi, l'UCI avait annoncé avoir saisi le vélo d'une concurrente. La Fédération belge (RLVB) avait ensuite précisé qu'il s'agissait de Femke Van den Driessche, grand espoir du cyclisme belge, et qu'une "fraude technologique" avait été constatée. La concurrente âgée de 19 ans, favorite de la course Espoirs, avait abandonné à mi-parcours après des... problèmes mécaniques.
L'été dernier, lors du Tour de France, le spectre des vélos truqués avait ressurgi lorsque certains s'étaient étonnés des performances du maillot jaune britannique et futur vainqueur, Chris Froome, dans La Pierre-Saint-Martin. "On a l'impression que le vélo pédale tout seul", avait relevé l'ancien coureur Cédric Vasseur, devenu consultant TV. Laurent Jalabert, autre ancien maillot jaune, avait renchéri : "On s'est senti un peu mal à l'aise devant cette facilité". Des sous-entendus que Froome avait catégoriquement balayés.
Auparavant, pendant le Tour d'Italie, une brigade spécialisée dans la recherche des champs magnétiques - qu'un moteur caché pourrait produire - était intervenue à Gênes. Sans résultat. Pendant ce même Giro, l'ancien champion américain Greg LeMond avait prôné l'utilisation d'un pistolet thermique pour détecter toute source de chaleur.
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