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Peter Sagan, l'homme arc-en-ciel

Alexandre Coiquil

Mis à jour 25/09/2017 à 11:13 GMT+2

MONDIAUX 2017 - Devenu, à 27 ans, le premier triple champion du monde de rang dans l'histoire du cyclisme, Peter Sagan a écrit une nouvelle page de sa très grande histoire.

Peter Sagan lors des Mondiaux 2017

Crédit: Getty Images

Peter Sagan est un extra-terrestre. Un vrai de vrai. Complètement passé inaperçu tout au long de la course en ligne des Mondiaux, dimanche, à Bergen, le Slovaque, double tenant du titre, a réussi à se faire tout petit, au point même de réussir l'exploit de se faire oublier, et de ne pointer le bout de son nez qu'au bout du bout de la course, dans l’ultime ligne droite. Le moment en général où les ténors enlèvent la cape et le masque et font mouche. Le Slovaque fait partie de cette caste des grands coureurs capables de tout à tout moment. Un état de fait qui le définit déjà comme un géant à tout juste 27 ans. A même pas 30 bougies, le puncheur de Žilina pèse 101 succès chez les professionnels et peut se targuer d'être triple champion du monde. Unique.
Le sacre de Bergen, qui a fait directement suite à Richmond et Doha, lui a donc permis de rejoindre au palmarès quatre coureurs de renom : l'Italien Alfredo Binda, les Belges Rik Van Steenbergen et Eddy Merckx, ainsi que l'Espagnol Oscar Freire, qui comptent trois succès dans la course arc-en-ciel. S'il est l'égal de ces grands champions, ces trois succès de rang lui permettent de se démarquer. Le coureur de la Bora-Hansgrohe est devenu dimanche en Norvège le premier coureur de l'histoire à s'offrir trois maillots arc-en-ciel consécutifs. Sagan écrit l'histoire, à sa manière, de façon décomplexée et détachée. Mais il l'écrit suffisamment bien pour qu'on se souvienne de lui.
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Pas de plan ? Pas de problème !

Honnête, le néo-triple champion du monde a reconnu qu'il avait adopté une stratégie de suivi des événements sur les routes de Bergen. Avant de sortir du bois au dernier moment, le Slovaque s'est transformé en petite souris, affamée, mais suffisamment patiente pour aller chercher son petit bout de gruyère à l'instant T. Attention, placement, coup de pouce du destin (la fatigue d'Alaphilippe), coup de pédales et double kick, voilà le résumé de son titre. Ce titre, c'est aussi un moyen suffisamment pertinent pour se rendre compte de son sens de la course. Ne pas avoir de plan était le meilleur des plans dimanche. Sans une grande équipe à ses côtés, il s'est adapté.
"Je n'avais pas de stratégie précise au départ. C'était difficile aujourd'hui de gagner, j'étais dans le groupe et, dans les cinq derniers kilomètres, j'ai pensé que c'était perdu", a révélé Sagan après la course. "Je me suis dit qu'on allait courir pour la troisième, la quatrième ou la cinquième place, plus pour le titre. Heureusement, on est revenu, je suis parvenu à me replacer et à tout donner au sprint. Toutes mes excuses à Kristoff, pour l'avoir battu devant son public, mais c'est le sprint."
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"Je veux dédier cette victoire à Michele Scarponi"
Son couronnement norvégien intervient après une saison en-deçà de ses espérances. Avec pour seuls gros succès le gain de Kuurne-Bruxelles-Kuurne en février et une étape du Tour de France en juillet, la cuvée 2017 n'a pas été glorieuse pour l'homme qui porte le liseré comme personne. Une saison principalement marquée par ses échecs sur les Flandriennes et par son exclusion du Tour de France pour un mauvais geste sur Mark Cavendish lors du sprint de la 4e étape. "Je n'y pense pas (…) Il vaut mieux voir les choses de façon optimiste", a-t-il dit sur le sujet après son sacre. Même quand les choses tournent moins bien pour lui, Sagan conserve un flair unique pour choisir ses moments. Son choix de ne pas se rendre sur la Vuelta, alors que son équipe préférait cette option, pour se préserver pour ces Mondiaux a par exemple été le bon. Les hommes frais ont fait loi en Norvège (vainqueur du contre-la-montre, Tom Dumoulin n'avait pas participé à la Vuelta).
Sagan, c'est un coureur racé mais aussi un porte-voix sans nul autre égal. Après la course, le leader de l'équipe slovaque a eu une pensée particulière pour un certain Michele Scarponi, décédé en avril dernier après un accident survenu à l'entraînement en Italie. "Je veux dédier cette victoire à un grand ami, Michele Scarponi, qui aurait eu son anniversaire demain (lundi). C'était un champion et je pense à sa femme et à ses proches." A quoi mesure-t-on l'importance d'un champion ? A la portée de ses paroles et à ses succès. Sagan est un champion immense. Mais à Bergen, il a montré qu'il était plus que jamais un véritable capitaine du cyclisme moderne.
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Peter Sagan entouré d'Alexander Kristoff et Michael Matthews

Crédit: Getty Images

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