La Course au (Vacan)soleil

Il est temps de rebaptiser Paris-Nice. Cette année, la Course au Soleil est vraiment la Course au Vacansoleil. L'équipe néerlandaise n'en finit plus de truster les honneurs. La victoire de Thomas De Gendt, en solitaire, sur la Promenade des Anglais, est la troisième de la semaine pour la formation de Daan Luijkx après les succès de Gustav Larsson dans le chrono initial et celui de Lieuwe Westra à Mende, jeudi, lors de l'étape reine. Sans oublier le maillot à pois de meilleur grimpeur, que Frederik Veuchelen est désormais assuré de remporter. Et qui sait si dimanche, au col d'Eze, Westra, deuxième du général à six secondes de Bradley Wiggins, n'apportera pas une énorme cerise sur ce gros gâteau en remportant cette édition 2012 ?

Il y a bien sur une part de réussite dans cette razzia, mais elle n'explique pas tout. Le plus impressionnant, c'est que ces quatre victoires (trois étapes et le classement de la montagne), auxquelles on peut ajouter le leadership au classement par équipes, ont été acquises par le biais de quatre coureurs différents, et sur des terrains différents (chrono, montagne...), ce qui démontre une vraie force collective. A l'arrivée, à Nice, Thomas De Gendt a même osé lâcher que Vacansoleil était peut-être, aujourd'hui, "la meilleure équipe du monde". On n'ira pas jusque là, mais sur les huit derniers jours, en tout cas, c'est probablement vrai en termes de résultats purs.

Les Vacansoleil ont aussi l'art de se glisser dans les bons coups, comme Veuchelen sur la route de Mende ou De Gendt samedi. Le pire, c'est que ce dernier n'avait pas vraiment prévu de sortir. De quoi écoeurer toutes les équipes qui ont raté le bon wagon après un début d'étape frénétique, à plus de 50 km/h de moyenne. "Avant de partir, raconte le vainqueur du jour, je pensais surtout à m’économiser pour demain ! Du coup en début d’étape j’ai passé beaucoup de temps à l’arrière. Et ensuite je me suis retrouvé devant, alors j’y suis allé." Il n'a pas eu à le regretter. Dans le col de Vence, il a mis K.O. Rein Taaramae, son seul compagnon d'échappée. "Dans l’ascension, reprend-il, j’ai demandé à Taaramae de prendre un relais, et il n’a pas voulu. Alors j’étais un peu énervé, et ça m’a placé dans les bonnes dispositions pour attaquer." Leçon à méditer pour tout le monde: ne jamais énerver un Vacansoleil.

Cette réussite totale peut en étonner certains mais les principaux intéressés espéraient bel et bien frapper un grand coup sur ce Paris-Nice, une course qui sourit à Vacansoleil depuis quelque temps déjà. "En ce moment tout le monde est en forme dans l’équipe. Nous travaillons dans un bon esprit, et ça marche", explique Thomas De Gendt, pour qui Paris-Nice est une épreuve à la mesure de cette formation. "Paris-Nice est une course de notre niveau, juge-t-il. Dans les grands tours, nous ne pouvons pas jouer le classement général, alors qu’ici cela peut être éventuellement à notre portée". La confiance est telle chez les Néerlandais que De Gendt, dans l'euphorie de sa victoire, a déjà annoncé la couleur pour le col d'Eze: "je suis pratiquement certain que Westra va gagner la course demain (dimanche)." Franchement, vu ce que les Vacansoleil ont accompli des Yvelines à Nice, on n'a pas forcément envie de le contredire. C'est presque l'inverse qui nous surprendrait.