Milram veut survivre

Depuis janvier, Linus Gerdemann, Gerald Ciolek et leurs coéquipiers ont découvert un nouvel aspect de la vie de coureur professionnel lors du stage à Majorque. Non seulement, ils ont enchaîné les éprouvantes sorties d'entraînement sous la supervision de l'ancien grimpeur néerlandais Gert-Jan Theunisse, mais ils ont dû eux-mêmes préparer leurs repas, nettoyer les toilettes et faire leur lessive, tout en étant privés de télévision et d'accès à internet. "Etre coureur professionnel, ce n'est pas que conduire une grosse bagnole et gagner beaucoup d'argent, certains d'entre eux ont été trop gâtés", a regretté le patron de l'équipe, le Néerlandais Gerry van Gerwen.

"On a pris ces mesures pour donner un esprit d'équipe. Au début, c'était catastrophique, mais après quatre jours et demi, j'ai reçu un SMS me disant que tout allait super bien", a-t-il poursuivi. Van Gerwen se devait de réagir après une saison 2009 décevante avec seulement neuf succès, une 18e place au classement ProTour et l'éclipse quasi totale de Gerdemann, maillot jaune d'un jour sur le Tour de France 2007 et vainqueur du Tour d'Allemagne 2008. Le grand espoir du cyclisme allemand ne se focalisera plus exclusivement sur le Tour de France dont il s'est classé 24e en 2009, et devrait participer au Giro.

Milram, dont le budget est estimé à neuf millions d'euros, s'est montré discret sur le marché des transferts avec l'arrivée de six recrues, dont l'Allemand Roger Kluge, vice-champion olympique 2008 de la course aux points, et l'Australien Luke Roberts pour cinq départs, dont les frères Velits, recrutés par Columbia. Les changements ont eu lieu dans l'encadrement avec la nomination de Ralf Grabsch au poste de directeur sportif en remplacement de Christian Henn, et surtout dans le fonctionnement au quotidien. "Nous voulons attaquer fort dès le Tour Down Under en Australie pour montrer qu'une nouvelle ère à commencer chez Milram", a espéré Van Gerwen.

Une nouvelle ère qui pourrait être de courte durée, en tous cas sous le nom de Milram, car le groupe laitier Nordmilch qui commercialise en Allemagne les produits Milram, ne devrait pas prolonger son partenariat qui expire fin 2010. Van Gerwen s'est toutefois dit "confiant dans (ses) chances de continuer à faire vivre cette équipe": "L'Allemagne est un si grand pays, en plein coeur de l'Europe", a-t-il rappelé, en fixant le deuxième jour de repos du Tour de France 2010 comme date-butoir pour assurer la survie de son équipe. Depuis les désengagements de T-Mobile, fin 2007, et de Gerolsteiner, fin 2008 après une succession de retentissantes affaires de dopage, Milram, créée en 2006, est la seule formation allemande du ProTour.