Un match Nibali-Mosquera

Ils étaient trois à briguer la succession d'Alejandro Valverde. Mercredi soir, ils ne sont plus que deux. Le redouté contre-la-montre de Penafiel a été fatal à Joaquin Rodriguez lors de la 17e étape. Leader du classement général avant ce rendez-vous, "Purito" s'est noyé sur ce tracé qui ne lui convenait absolument pas. Son petit gabarit (1,69m, 57 kg) a souffert le martyr tout au long du parcours. Rodriguez a fini au-delà du 100e rang, à plus de six minutes du (surprenant) vainqueur, Peter Velits. Le voilà rejeté à la 5e place, abandonnant ses rêves de victoire.

Ce rêve est en revanche plus vivace que jamais pour Vincenzo Nibali et Ezequiel Mosquera. Le premier a repris le pouvoir, profitant du naufrage de Rodriguez. Mais il lui faudra encore passer sans encombre la dernière étape de montagne, samedi. Or son dauphin, Ezequiel Mosquera, le suit de près au général, à 39 secondes. Nibali, qui comptait 20 secondes de marge sur le vétéran espagnol, a à peine pu doubler son capital sur le chrono, les deux hommes terminant dans des temps approchants (15e place pour Nibali, 19e pour Mosquera, qui a sorti le chrono de sa vie).

Espérons pour le jeune Transalpin qu'il n'ait pas à regretter éternellement le temps perdu en début de parcours, lors d'une crevaison à la roue avant. Après un début de panique chez Liquigas, Nibali a pu repartir, mais dans l'affaire, il a sans doute perdu une vingtaine de secondes. Nibali a donc écarté Rodriguez, dans des proportions qui dépassent toutes ses espérances, mais la menace Mosquera reste bien réelle. Il faudrait une colossale surprise samedi sur la route de Bola del Mundo pour que le sacre échappe à l'un de ces deux hommes, même si Peter Velits effectue un rapproché significatif, puisque le Slovaque n'est après tout qu'à deux minutes du maillot rouge.

Mercredi, il a offert une quatrième victoire depuis le départ de Séville à l'équipe HTC Columbia. Une victoire que pas grand monde n'attendait à vrai dire. Comme les 50 derniers partants, Velits a bénéficié d'un changement d'orientation du vent. Ainsi, Fabian Cancellara, longtemps crédité du meilleur temps, a terminé finalement à la 3e place, après avoir perdu... 1'50" sur Velits dans le dernier tiers du parcours. Ahurissant. Velits a vraiment fini en trombe. Devancé de 15 secondes par Denis Menchov à 15km de l'arrivée, il a repoussé le Russe à la deuxième place du chrono en le reléguant à 12 secondes.

Si Velits aura sans doute du mal à menacer Nibali et Mosquera, il a toutefois pris une grosse option sur le podium. Il possède en effet 1'45" d'avance sur un groupe de trois coureurs qui se tiennent eux en une seconde: Frank Schleck, Joaquin Rodriguez et Xavier Tondo. De Schleck, 4e, à Carlos Sastre, 9e, il y a d'ailleurs moins de 30 secondes. Reste que Velits a toutes les cartes en main à présent. Mais samedi, à plus de 2200 mètres d'altitude, au terme de trois ascensions majeurs, beaucoup de choses pourraient se passer. Souvent surprenante, peu avare de rebondissements, cette Vuelta est encore loin d'être fini. Vincenzo Nibali ne le sait que trop bien.