Plus serré que jamais

A la veille d'un week-end dantesque et décisif, on ne comptait pas vraiment sur ce 13e acte pour éclaircir la situation au classement général. Mais elle a réussi à resserrer encore les positions entre les meilleurs. Quasiment aux deux tiers de l'épreuve, cette Vuelta est un des grands tours les plus accrochés de l'ére moderne. Tant mieux pour le suspense. Au-delà de la victoire de Michael Albasini, la deuxième en quelques jours pour l'équipe HTC, et la prise de pouvoir de David Moncoutié au classement de la montagne, l'échappée du jour a également permis à trois coureurs de se replacer au général. Daniel Moreno, Chris Anker Sorensen, Nicolas Roche et Kevin Seeldrayers ont repris 1'30" aux principaux favoris.

Moreno, qui a également récupéré 14 secondes via diverses bonifications au cours de l'étape, rentre ainsi à nouveau dans les dix premiers. L'Espagnol pointe maintenant au 9e rang. Sorensen grimpe quant à lui à la 13e place, Roche à la 14e, Seeldrayers à la 16e. Ils sont désormais une douzaine en deux minutes au classement et quasiment vingt en trois minutes. Deux semaines après le départ, c'est quasiment du jamais vu. Ce sont là des écarts que l'on a davantage coutume de voir sur un Paris-Nice ou un Dauphiné que dans un grand tour. Mais c'est tout le charme de cette Vuelta assez atypique pour l'instant.

Dans les toutes premières positions aussi, la hiérarchie s'est également densifiée vendredi. Vincenzo Nibali a profité du premier sprint intermédiaire, situé en tout début d'étape, pour empocher six secondes. Il passe du coup de la 4e à la 2e place et revient à quatre minuscules secondes de Bradley Wiggins, toujours maillot rouge, mais tellement fragile. Nibali a eu des fourmis dans les jambes toute l'après-midi. A l'attaque en début de course, il a également enté un coup de force dans la descente du Puerto de Ancares, à une soixantaine de kilomètres de l'arrivée. Accompagné par Kessiakoff, Mollema et Fuglsang, le tenant du titre aurait pu réussir un gros coup, mais Wiggins avait heureusement pour lui suffisamment d'équipiers pour mettre un terme à cette tentative de putsch. N'empêche. On aura une fois encore apprécié l'opportunisme de Nibali, prêt à flairer l'odeur du sang à la moindre occasion.

Michael Albasini, lui, n'avait aucune vue sur le classement général en se glissant dans l'échappée du jour. Seule la victoire l'intéressait et le Suisse a mis dans le mille en réglant tous ses compagnons au sprint, après avoir parfaitement maitrisé toutes les attaques dans le final. Mine de rien, à 30 ans, Albasini s'offre sa première victoire dans un grand tour, sans doute le plus beau succès de sa carrière, lui qui a peu eu les honneurs de la victoire en près de dix saisons chez les pros (une dizaine de succès depuis 2003) La preuve aussi que la formation HTC, en passe de disparaitre, peut gagner sans Mark Cavendish, puisqu'elle signe là sa deuxième victoire en l'espace de quatre jours.

S'il n'a pu glaner un deuxième bouquet en 72 heures, David Moncoutié n'a pas perdu son temps lui non plus. Comme il nous l'avait annoncé, il a tout fait pour prendre le bon coup. Avec deux cols de première catégorie et 29 points en jeu, ce 13e acte était important dans l'optique du classement de la montagne. Le Français n'a pas fait le plein, mais il a néanmoins engrangé suffisamment pour s'emparer du maillot de meilleur grimpeur au détriment de Matteo Montaguti. Désormais nanti d'une avance confortable, il peut viser un quatrième sacre consécutif. Attention quand même. Ce week-end, avec deux arrivées au sommet, peut changer beaucoup de choses. Un raisonnement qui vaut aussi, surtout même, pour ce classement général qui n'en finit pas de ne pas se décanter.