Les forces en présence (2)

L'an dernier Maurizio Soler avait chuté dès le début du Giro. S'accrochant comme un beau diable pendant presque deux semaines, le Colombien avait été contraint à l'abandon durant la 11e étape. Quelques semaine plus tard sur la Grande Boucle, le Colombien connaissait la même déveine et était obligé de quitter la course avant même d'en avoir exploré les premiers reliefs. De retour à un niveau correct comme en témoigne sa 2e place derrière David Moncoutié au sommet du Mont Faron sur le Tour Méditerranéen ou, plus récemment, son rang de dauphin de Daniele Pietropolli sur la Semaine Lombarde, le coureur de chez Barloworld, meilleur grimpeur du Tour 2007, espère se relancer sur un grand tour. Pas invité sur le Tour de France avec Barloworld, Soler jouera une bonne partie de sa saison. Une victoire d'étape et une place les 10 au général suffiraient sans doute à son bonheur.

Christian Vandevelde ne s'en cache pas: il prendra le départ du Giro du centenaire dans le seul but de préparer le Tour de France. Le contre-la-montre par équipe inaugural autour de Venise pourrait peut-être lui donner l'occasion de revêtir, comme l'an dernier, le premier maillot rose de l'épreuve. Vainqueur opportuniste de l'étape de Saint-Etienne sur Paris-Nice puis 3e de l'étape de Guenes sur le Tour du Pays Basque, l'Américain, toutefois encore assez loin de son poids de forme, monte en puissance dans la perspective du grand rendez-vous de juillet. En attendant, il devrait se contenter de se tester sur certaines étapes escarpées de la course transalpine sans se mettre la pression. A moins qu'une bonne entame le persuade de jouer sa carte jusqu'au bout.

Amputé de Davide Rebellin, confondu mardi pour dopage à l'EPO Cera lors des Jeux Olympiques de Pékin, l'équipe Serramenti-Diquigiobanni comptera sur un duo composé du vétéran Gilberto Simoni et du repenti Michele Scarponi, vainqueur cette année de Tirreno-Adriatico. Le double vainqueur du Giro (2001, 2003), en perte de vitesse l'an dernier (10e à Milan), espère renouer avec ses plus belles heures en faisant le pari d'une course offensive. Récent 6e du difficile Tour du Trentin, il a montré de belles dispositions. Reste à savoir maintenant si le poids des années (38 ans en août prochain) ne le limitera pas sur les terrains qui firent jadis sa gloire.

Non sélectionné l'an dernier pour une course qu'il s'est pourtant adjugé en 2000, Stefano Garzelli, 35 ans, fait son retour sur le Giro plein d'ambitions. Deuxième de Tirreno-Adriatico puis 4e du Tour du Trentin, le coureur d'Acqua & Sapone rêve d'un retour en fanfare pour le centenaire de l'épreuve. Lors de sa dernière participation en 2007, il avait pourtant été absent des débats pour le classement général (16e) mais s'était adjugé deux étapes. La question principale le concernant réside donc dans sa capacité à définir clairement ses objectifs. Postulera-t-il pour le maillot rose ou jouera-t-il des coups pour aller chercher des étapes ?

En 2007, il était parvenu à décrocher son graal en ramenant enfin le maillot rose à Milan. Après avoir gouté à cette délicieuse consécration, le coureur des Abruzzes se serait bien vu faire le doublé mais au lendemain de son coup de force contre Contador sur la route du Monte Pora, il avait payé son panache au prix fort dans l'étape du Mortirolo pour finalement finir 8e du général. Déterminé à jouer la gagne cette année, le "killer", épaulé dans sa tâche par le solide Daniele Pietropolli, peut compter sur une condition ascendante qui lui a notamment permis de remporter la semaine dernière la dernière étape du Tour du Trentin.