Scarponi fait son show

Au sortir des Dolomites, les favoris n'avaient pas l'intention d'en découdre dans ce qui est la plus longue étape de ce Tour d'Italie du centenaire. Malgré la présence au menu du Hochkrimmel, col de catégorie dont le sommet était situé à 45 kilomètres de l'arrivée, personne n'a bronché. Mais cette journée avait en revanche tout pour sourire aux audacieux. Michele Scarponi (Serramenti) a été un de ceux-là et c'est lui qui a raflé la mise à Mayrhofen, pour signer à 29 ans la première victoire de sa carrière sur le Giro.

Distancé en haute montagne ces deux derniers jours, le lieutenant de Gilberto Simoni confirme en tout cas son retour au premier plan. Suspendu 18 mois après avoir avoué son implication dans l'affaire Puerto, l'Italien au passé sulfureux a repris place dans le gratin des puncheurs en ce printemps 2009. Vainqueur de Tirreno-Adriatico au mois de mars, il s'offre ici un nouveau succès de prestige. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a réussi un sacré numéro jeudi, en restant à l'avant de la course pendant quasiment 200 kilomètres. Sous le soleil, l'échappée du jour a pris forme avant la sortie d'Italie, une cinquantaine de kilomètres après le départ de Bressanone. Scarponi est sorti en compagnie de Bonnafond, Kiryienka, Gatto et Klostergaard.

Pas de quoi effrayer Danilo Di Luca, même si Scarponi s'est retrouvé un temps virtuel maillot rose, l'avance des hommes de tête étant monté autour des neuf minutes. Dans l'ascension du Hochkrimmel, l'échappée a explosé, &évidemment à l'initiative de Scarponi, de loin le plus impressionnant devant. Seul le Bélarusse Vasik Kiryienka (Caisse d'Epargne) a accompagné Scarponi dans cette ascension avant d'accuser la fatigue sous la forme de crampes au seuil des 20 derniers kilomètres et d'être repris par le peloton à 2 kilomètres de la ligne. Derrière, le peloton, au sein duquel figuraient quelques sprinters, dont Alessandro Petacchi et Allan Davis, n'avait toutefois pas baissé les bras. La poursuite entamée dans la descente a notamment condamnée la contre-attaque de Stefano Garzelli, dont le baroud d'honneur après son couac de l'Alpe di Siusi se sera finalement avéré vain.

Mais Scarponi, lui, a résisté jusqu'au bout. Avec 1'15" d'avance à 10 kilomètres de l'arrivée, ce n'était pourtant pas gagné pour l'ancien protégé de Manolo Saiz chez Liberty Seguros. Mais le final sinueux a servi ses desseins, le peloton se montrant réticent à prendre des risques. Toujours frais malgré sa longue cavalcade, le coureur d'Ancône a préservé une trentaine de secondes d'avance sur la ligne d'arrivée sur un premier peloton réglé par Edvald Boassn Hagen (Columbia), devant Allan Davis (Quick Step) et Filippo Pozzato (Katusha). Un peloton au sien duquel ne se trouvait plus Lance Armstrong. La star de l'équipe Astana, à défaut d'en être encore le leader, a été prise dans une cassure dans les derniers kilomètres. Le Texan a perdu 40 secondes dans l'affaire.