Kohl, le discret

Bernhard Kohl n'a pas une tête de star. Il ne revendique d'ailleurs pas ce statut. Pourtant, tout doucement, l'Autrichien s'est installé dans ce Tour de France 2008. La première semaine, pas franchement favorable à ce grimpeur né dans la banlieue de Vienne voilà 26 ans, lui a permis de prendre confiance. Auteur d'un contre-la-montre de bonne facture à Cholet (31e à 1'47" de son coéquipier Stefan Schumacher), il pointe aujourd'hui à la 15e place du classement général avant d'aborder les Pyrénées dimanche. Le tout malgré la chute dans laquelle il a été prise à Super-Besse, qui lui a coûté trente secondes.

Hans-Michael Holczer, est satisfait de son poulain. "On parle beaucoup moins de lui que de Stefan pour l'instant, mais Bernhard a réussi un super début de Tour. Il est arrivé en forme, et surtout extrêmement motivé. C'est appréciable. J'ai aimé le voir dans le groupe des 25 vendredi lors de la cassure dans l'étape d'Aurillac. Ca, c'est vraiment la preuve qu'il est concentré à fond sur la course", note le manager de l'équipe Gerolsteiner. Kohl confirme: "c'est vrai que je me sens très impliqué. Ma condition est bonne et je ne veux pas gâcher ça".

Pour son premier Tour de France, l'an dernier, l'Autrichien avait fini à une anonyme 31e place. Il vise beaucoup plus haut cette fois. "Lui rêve d'une place dans les dix premiers à Paris. Pourquoi pas, mais de mon côté, je me contenterai d'un Top 20. Au-delà de la place, j'attends surtout de lui qu'il continue comme ça. Les résultats viendront d'eux-mêmes ensuite", poursuit Holczer. Les deux prochaines étapes, avec au menu Peyresourde et Aspin dimanche et surtout le Tourmalet et Hautacam lundi, permettront de se faire une idée plus précise de son potentiel.

Pour l'heure, Kohl demeure un équipier chez Gerolsteiner. Après tout, il n'a plus rien gagné depuis son titre de champion national en 2006, et son début de saison n'a pas été des plus flamboyants. Mais quelque chose est peut-être en train de changer. " Quand il est arrivé chez nous fin 2006 (NDLR: en provenance de T-Mobile), il a rapidement franchi un palier mais ensuite, il a connu une période plus difficile, où il avait l'impression de stagner. Je crois qu'il est en train d'en sortir", estime Hans-Michael Holczer.

Encore faudrait-il qu'il s'émancipe un tout petit peu. " Bernhard est un garçon très gentil et agréable à vivre, note encore le patron de la Gerol'. Il n'est pas très expansif, mais il faut quand même se méfier. Même s'il est jeune, il sait ce qu'il veut et comment l'obtenir. Il peut devenir un leader s'il s'en donne les moyens." Il n'en est pas encore là, mais ce Tour 2008 peut marquer un tournant dans sa carrière. A lui de montrer, d'abord dans les Pyrénées puis dans les Alpes, qu'il a comblé une partie de son retard sur les meilleurs.