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Légendes: Gino Bartali

Eurosport
ParEurosport

Publié 04/07/2008 à 07:20 GMT+2

Chaque jour, découvrez ou redécouvrez une grande figure de l'histoire du Tour. Jeudi, Gino Bartali. Il fut, avec Fausto Coppi, l'autre grand champion italien. Vainqueur du Tour à 10 ans d'intervalle, il a marqué son temps. Adoré, vénéré, Gino le Pieux s'e

Si Fausto Coppi avait conquis hors de la Péninsule une popularité inégalée pour un coureur transalpin, Gino Bartali reste en revanche le dieu du cyclisme transalpin pour tous les Italiens. Il est difficile d'imaginer aujourd'hui les scènes de liesse, mais aussi d'hystérie, que le Toscan provoquait à chacune de ses sorties dans son pays. "N'y touchez pas, c'est un dieu", s'est même écrié un jour un général italien venu assistez à l'arrivée d'une étape en 1938. Adoré, vénéré, Bartali conservera toujours une place à part dans le coeur du sport italien.
Dans celui du Tour de France également. Ce Tour que Gino Bartali est le seul en cent ans d'histoire à avoir gagné à dix années d'intervalle. Une décennie sépare en effet sa première victoire (1938) de sa deuxième, et dernière (1948). Une décennie mais surtout une effroyable Guerre, qui a frustré l'Italien pendant ses meilleures années. Combien de Tours aurait-il inscrit à son palmarès sans ce long trou noir? On peut débattre pendant des heures là-dessus, de manière forcément stérile.
Ce qui apparaît certain, c'est que Bartali se serait forcément imposé à plusieurs reprises entre 1940 et 1946. Aucun de ses adversaires de l'époque n'aurait pu lui arriver à la cheville, notamment en montagne. Lors de certaines soirées bien arrosées, Gino prétendait qu'il aurait fini sa carrière avec sept ou huit Tours en poche sans cette maudite Guerre. Personne ne l'a jamais contredit.
Un mystique
On ne peut appréhender le champion Gino Bartali sans évoquer l'aspect mystique de l'homme. Homme imprégné d'une foi profonde, il n'était pas surnommé pour rien "Gino le pieux". Cette force venue de l'intérieur, il la puisait aussi dans la douloureuse perte de son frère, décédé dans une course en 1934. Il était d'ailleurs l'ami personnel du Pape Pie XII. Cet aspect du personnage, fondamental, rejaillissait sur son comportement en course, où il affichait un grand respect de ses adversaires, mais aussi des organisateurs.
Lors de sa première apparition sur le Tour de France, en 1937, Bartali, âgé de seulement 22 ans, doit quitter la course après une chute, alors qu'il avait pourtant endossé le maillot jaune. Avant d'abandonner, il prit la peine d'avertir personnellement Henri Desgrange, d'un demi-siècle son aîné, de sa décision. "Vous êtes le premier à me saluer avant d'abandonner. Vous êtes un brave garçon, Gino. Nous nous reverrons l'an prochain et vous gagnerez ", avait répondu le patron, ému.
En 1938, le Florentin surmonte toute les épreuves: la densité de l'équipe belge, le froid, la pluie, et même une crevaison dans l'Iseran qui aurait pu lui coûter cher. Mais Bartali fait la différence dans l'étape la plus dure de cette édition, entre Digne et Briançon. Magnifique, Gino se balade dans Vars et Allos, et s'impose avec plus de cinq minutes d'avance sur Vicini, et 17 sur Félicien Vervaecke, son plus sérieux rival jusqu'ici, qui sera d'ailleurs son dauphin à Paris.
Muet pendant dix ans
Une étape qui résume à merveille ce qu'était Gino Bartali. Un empereur de la montagne, capable de prendre une minute au kilomètre sur un démarrage. Au soir de son premier sacre, il n'a que 23 ans. Une dynastie semble s'ouvrir, mais c'est avec dix ans de plus qu'il reviendra sur le Tour en 1948. Pour une nouvelle victoire éclatante, malgré Bobet, malgré Robic. Avec sept succès d'étapes à la clé, dont trois consécutivement dans les Alpes, devant des milliers de supporters italiens en transe. Muette depuis dix longues années, la légende reprenait vie. Pour ne plus s'arrêter.
Ses dernières apparitions seront moins glorieuses, marquée par une rivalité tendue avec Fausto Coppi, l'autre géant italien, mais aussi par une sortie peu glorieuse en 1950. Bousculé par un spectateur dans les Pyrénées, Gino le pieux grossit l'incident et décide d'abandonner, ce qui était son droit le plus strict, mais entraînant avec lui toute l'équipe italienne, ce qui était plus discutable. Mais l'Italie, comme le Tour d'ailleurs, ont vite pardonné cet écart à cet immense champion et à ce grand homme, qui restera jusqu'à sa mort, à l'âge de 86 ans en l'an 2000, une figure éminemment respectée dans le milieu du vélo.
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