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Le peloton qui fait non

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 05/07/2010 à 21:12 GMT+2

Lundi, lors de l'arrivée à Spa, les favoris ont choisi de s'attendre après les chutes survenues dans la descente de Stockeu. Puis, dans la foulée, le peloton a décidé de ne pas disputer le sprint pour la deuxième place. Beaucoup approuvent, mais certains se sentent lésés...

2010 Tour de France Peloton Cancellara

Crédit: Reuters

Et une polémique, une. Il n'aura fallu que trois jours au 97e Tour de France pour s'offrir sa première controverse. En décidant de neutraliser totalement le final de l'étape pour éviter les risques de chute, et par crainte de voir certains favoris écartés de la course au maillot jaune, le peloton a adopté une attitude discutable lundi en Belgique. D'ailleurs, même au sein de ce peloton, cette décision n'a pas fait l'unanimité.
Revenons d'abord brièvement sur les faits. Dans la descente de le col de Stockeu, une succession de chutes a scindé le peloton en trois groupes principaux. Un premier avec le maillot jaune et quelques leaders (Evans, Menchov, Gesink), un deuxième avec Armstrong, Contador ou encore Basso et enfin, un troisième avec les frères Schleck, qui a compté jusqu'à trois minutes de retard. Autant dire que le Tour aurait pu être quasiment terminé lundi soir pour les deux Luxembourgeois. Mais un accord tacite entre les principales équipes a permis d'opérer un regroupement général entre ces trois parties. C'est le nombre des formations concernées par les chutes qui a débouché sur ce scenario.
Cancellara: "C'est normal"
Si Armstrong, Contador et Basso n'avaient pas été piégés, Fabian Cancellara, instigateur de ce pacte de non-agression, aurait-il été entendu? Ce n'est pas évident. La "chance" des frères Schleck, si l'on peut dire, c'est de ne pas avoir été seuls dans la galère. Sinon, la belle unité ardennaise n'aurait peut-être pas existée. En étant provocateur, on pourrait aussi se demander si Cancellara aurait eu la même attitude si les frères Schleck avaient été devant, et qu'un Cadel Evans, par exemple, avait chuté derrière avec un Basso ou un Kreuziger. Bref, faut-il établir une liste avant le départ du Tour avec certains noms, stipulant que si tel ou tel coureur se retrouve à terre, le peloton doit s'arrêter? On n'attaque pas un coureur qui chute. Mais doit-on obligatoirement se relever et l'attendre? Et qui doit-on attendre? En fonction de quels critères? Et, tant qu'on y était, pourquoi avoir attendu le retour des Schleck et pas celui de Christian Vandevelde, encore plus attardé et  qui, pour le coup, a tout perdu lui? Voilà beaucoup de questions.
D'un côté, on peut se satisfaire que personne n'ait perdu le Tour, ce qui aurait pu être le cas. "C'était la bonne chose à faire: attendre pour que tout le monde passe la ligne d'arrivée ensemble. Quand vous avez tout le monde à terre et des coureurs cinq minutes derrière parce qu'ils ne retrouvent pas leur vélo, c'est normal", justifie Cancellara. D'un autre côté, on peut se demander si les chutes, malheureusement, ne font pas partie intégrante de la nature de la course. A un journaliste qui lui a fait cette remarque à l'arrivée, Frank Schleck a offert cette réponse. "Ça me rend triste que vous pensiez ça, a-t-il dit, offusqué. Les grands leaders ont été solidaires aujourd'hui et je tire mon chapeau à ceux qui ont agi comme ça. On est des adversaires, mais personne n'a envie de gagner le Tour comme ça. Vous, vous ne seriez pas un grand leader". Tony Martin, qui était lui dans le bon wagon, est d'accord avec l'aîné des Schleck. "On ne voulait pas que quelqu'un perde du temps comme ça. Je pense que c'est une très bonne chose que nous n'ayons pas roulé. Si j'étais tombé j'aurais été content qu'on fasse ça", avoue l'Allemand. Même raisonnement pour Alberto Contador. "Dès que j'ai entendu qu'Andy était derrière, j'ai dit à tous mes coéquipiers de stopper leur effort, note le vainqueur sortant du Tour. Je me suis comporté envers lui comme je voudrais que l'on le fasse à mon égard". C'est d'ailleurs ce qu'on fait ceux, comme Menchov ou Evans, qui se trouvaient une bonne minute devant lui...
Hushovd: "J'ai l'impression qu'on nous a enlevé quelque chose"
Au-delà de du compromis entre les grands leaders, qui peut se comprendre même s'il se discute, c'est le boycott du sprint final qui interpelle. Fabian Cancellara en personne est allé voir Jean-François Pescheux pour lui annoncer que le sprint pour la deuxième place n'aurait pas lieu. Et pour lui demander que les points ne soient pas comptabilisés pour le maillot vert (à l'exception du vainqueur), afin de ne pas pénaliser les sprinters ayant chuté, comme Petacchi. Là, beaucoup ne comprennent plus, comme l'ancien champion irlandais Sean Kelly. "Je ne suis pas d'accord avec l'attitude des coureurs, a-t-il confié. Evidemment, quand quelqu'un tombe, on ralentit un peu la cadence. Mais après, on fait la course. Il n'y avait plus aucun risque sur la fin de l'étape. Où va-t-on dans ce cas? Est-ce que dans les Alpes, s'il fait 35°C, on dit OK, là, on neutralise car il fait trop chaud?"
Le Tour n'a donc pas été faussé. Soit. Mais que dire du final de l'étape? Certains se sentent clairement floués. C'est le cas de l'équipe Cervelo, qui a beaucoup roulé toute la journée derrière l'échappée. Cavendish étant lâché, Thor Hushovd, qui passe les bosses sans problème, aurait pu gagner cette étape si le peloton avait repris Chavanel. "Ce que les autres équipes décident de faire, c'est leur problème, avance Jean-Paul Van Poppel, le directeur sportif de la formation helvetico-canadienne. Ce qu'elles veulent ou ne veulent pas n'a pas d'importance, nos gars sont très motivés. Le peloton a décidé de ne pas disputer le sprint pour les points et Thor était vraiment agacé par ça." Non seulement Hushovd n'a pu jouer la victoire, mais, en prime, il n'a pas pu prendre de points pour le maillot vert. "Je suis frustré par ce qui s'est passé aujourd'hui, lance le Norvégien. Il n'y avait pas de raison de ne pas disputer de sprint. J'ai l'impression qu'on nous a enlevé quelque chose. Je perds une grosse opportunité." L'ambition d'un Hushovd vaudrait-elle moins que celle des Schleck? C'est un peu la morale de l'histoire du jour.
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