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Tour de France 2014 : De Leeds à Paris, il n'y en a eu que pour Nibali

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 27/07/2014 à 22:28 GMT+2

Le vainqueur du Tour de France, Vincenzo Nibali (Astana), a écrasé la course de la tête et des épaules. Durant trois semaines, le Requin de Messine a mis l'intégralité du peloton au pas. La preuve.

Vincenzo Nibali, vainqueur du Tour de France 2014

Crédit: AFP

Quatre étapes gagnées, une première depuis dix ans

Voilà dix ans que le vainqueur de la Grande Boucle n’avait plus décroché autant de victoires d'étapes. L'an passé, Froome en avait conquis trois, Wiggins ? deux en 2012. Oscar Pereiro ? Zéro en 2006. Avec quatre succès (Sheffield, Planche des Belles Filles, Chamrousse, Hautacam), Vincenzo Nibali est le premier maillot jaune aussi victorieux depuis Lance Armstrong en 2004 (5). Deux en début de Tour pour conquérir le maillot jaune à chaque reprise (étape 2 et étape 10), une dans les Alpes (étape 13) et une autre dans les Pyrénées (étape 18) pour le consolider : l’Italien s’est montré efficace et offensif. Une seconde nature chez le Squale dont l’intelligence de course a encore une fois fait la différence.
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Vincenzo Nibali sur le podium

Crédit: Getty Images

Un gouffre avec son dauphin

A la vue des écarts creusés par Vincenzo Nibali, il n'est pas difficile de comprendre que l’Italien a été le seul maître de ce Tour de France. Avec 7’37’’ d’avance sur son dauphin Jean-Christophe Péraud (AG2R), le Requin de Messine a survolé sans contestation possible cette Grande Boucle. Malgré la comparaison avec la domination de Chris Froome en 2013, force est de constater que celle de l’Italien est beaucoup plus sensible au niveau des écarts, presque deux fois plus importants cette année. Il faut dire que, même au temps de Lance Armstrong (certes déclassé depuis), les écarts n’avaient jamais été aussi importants. Il faut remonter à 1997 et au succès final de Jan Ullrich pour trouver un écart supérieur entre le premier et son dauphin. Il était alors de 9’09’’ et le deuxième du général était … français (Richard Virenque), comme cette année.
Les écarts depuis 2006
2006 : Oscar Pereiro0'32" devant Andreas Kloden
2007 : Alberto Contador0'23" devant Cadel Evans
2008 : Carlos Sastre0'58'' devant Cadel Evans
2009 : Alberto Contador4'11'' devant Andy Schleck
2010 : Andy Schleck3'01'' devant Samuel Sanchez
2011 : Cadel Evans1'34'' devant Andy Schleck
2012 : Bradley Wiggins3'21'' devant Christopher Froome
2013 : Christophe Froome4'20'' devant Nairo Quintana
2014 : Vincenzo Nibali7''37 devant Jean-Christophe Péraud

Une concurrence rude mais surtout inconstante

Les abandons de Chris Froome et Alberto Contador ont totalement modifié le rapport de force et les ambitions de chacun. Ceux qui visaient le podium ont envisagé la victoire et les prétendants aux places d'honneur se sont mis à rêver plus grand. Mais tous n'en avaient pas les moyens. Sur la valeur pure, Vincenzo Nibali et Alejandro Valverde étaient les deux grands du Tour, une fois les favoris out. Seulement, à ce moment, le Requin de Messine comptait déjà deux minutes d’avance sur l’Espagnol. Et le Murcien a connu une période de moins bien dans les Pyrénées. Il n'a cependant pas été le seul : les bordures de la première semaine pour Pinot, les Alpes pour Péraud, le Port de Balès pour Bardet et Van Garderen, un peu de tout pour le reste… Chacun a, à un moment donné, semblé être capable de titiller Nibali mais aucun ne le pouvait véritablement. Et encore moins dans la durée.
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Etape 20 : Le maillot jaune Nibali, Tour de France 2014

Crédit: AFP

Des qualités tout terrain

On le sait depuis longtemps : Nibali n’est pas qu’un homme de Grand Tours. A l’image par exemple - toutes proportions gardées - d’un Alejandro Valverde, l’Italien se plait aussi à jouer la gagne, avec une certaine réussite, sur les classiques vallonnées. Son panache et son tempérament offensif en font un coureur imprévisible. Mais complet. Sur ce Tour, hormis sur les champs (81e), Nibali n’a jamais été moins bien classé que 34e. Dès la première étape qu'il pouvait aller chercher, l’Italien s’est emparé du maillot jaune qu’il a fortement consolidé dès la séquence pavée. Le champion transalpin s’est clairement découvert un nouveau talent ce jour-là, pour sa première sur la surface. Le reste n’a ensuite été - entre guillemets bien sûr - qu’un récital en moyenne et haute montagne. Sans oublier une vraie qualité dans le chrono (quatrième ce samedi) et une intelligence de placement lors des étapes dangereuses. A l’image de l’étape de Nîmes où le replacement fulgurant de l’Italien avait impressionné. Avec un talent aussi complet, Nibali avait tout pour gagner le Tour. Surtout celui-là.
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Etape 5 : Vincenzo Nibali Tour de France 2014

Crédit: Panoramic

Il s'est débrouillé (presque) seul

Ce qui saute aux yeux quand on revient sur la performance de Vincenzo Nibali sur ce Tour, c’est qu’il a dû - souvent - se débrouiller tout seul dans les moments cruciaux et décisifs. On exagère à peine. Impérial sur les pavés, l’Italien a tout de même bénéficié du travail formidable de Jakob Fuglsang et Lieuwe Westra. Dans la montagne, le Sicilien a pu compter sur les aides plus ou moins prolongées du Danois, victime d’une lourde chute dans la descente du Col de Palaquit, mais aussi de Michele Scarponi, visiblement éprouvé par son Giro, Maxim Iglinskiy ou encore et surtout Tanel Kangert, le plus convaincant quand l’épreuve a pris de la hauteur. Mais dès que la course s’est emballée, Nibali s’est fréquemment retrouvé esseulé. Cela n’a pas été un problème. Tout comme lors de la 15e étape où il a comblé sans l’aide de personne un début de coup de bordure.

Beaucoup de Jaune, mais aussi un peu de vert et de pois...

On l’a dit, Vincenzo Nibali a gagné ou brillé sur tous les terrains : pavés, plaine, montagne et contre-la-montre. Sa performance d’ensemble et sa polyvalence lui ont permis de figurer relativement haut dans tous les classements. Outre sa première place au général, l’Italien a terminé deuxième au classement de la montagne, à 13 unités du Polonais Rafal Majka. Et au maillot vert, Nibali a terminé au sixième rang avec 182 points. Concernant la tunique jaune, Vincenzo Nibali l'a portée durant 18 jours. C'est pas loin d'être exceptionnel. Depuis Eddy Merckx en 1974 (19 jours), personne n'avait fait mieux. Impressionnant.

Froome l’an passé ? Dépassé

L’an passé, la victoire de Chris Froome sur le Tour était apparue comme la plus incontestable depuis 2009 et le deuxième succès d’Alberto Contador. La domination de Nibali sur la Grande Boucle 2014 a naturellement poussé à la comparaison entre les deux vainqueurs. Et il apparait très vite que le monopole de l’Italien cette saison est sans commune mesure avec celui du Britannique en 2013. Comme vu plus haut, les écarts avec le dauphin sont bien plus larges en 2014, avec 7'52’’ de marge contre 4’20’’ l’année passée. Surtout, l’Italien s’est montré bien plus gargantuesque. Quatre victoires d’étapes à trois, plus de points de la montagne glanés, bien plus de points pour le maillot vert, le Requin de Messine s’est montré intraitable, notamment en haute montagne où il a cherché à chaque arrivée au sommet à montrer qu’il était le plus fort. Nul doute qu’il aurait pu glaner deux autres succès s’il l’avait souhaité. Car l’Italien a toujours été au top sur ce Tour, sans aucun jour sans. On n’ira pas jusqu’à dire que Chris Froome avait lui connu ce genre de mésaventure. Mais lors de l’étape de l’Alpe d’Huez (17e acte), le Britannique avait connu une fringale à un peu moins de cinq kilomètres de l’arrivée. Nairo Quintana en avait profité pour lui reprendre une minute trente.
Jean-Baptiste DULUC et François-Xavier RALLET
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