Tour de France 2014: Les dix actes qui ont scellé le triomphe de Vincenzo Nibali

Dans les plaines du Yorkshire, neuf côtes sont au menu de cette deuxième étape longue de 201km. Le profil vallonné offre plusieurs scénarios possibles mais condamne tout espoir pour les sprinters. Sept échappés sont repris à 60 kilomètres de l’arrivée. Le peloton roule alors groupé jusqu’à quelques encablures de Sheffield. Et c’est à moins de deux kilomètres, sur le plat, que Vincenzo Nibali se détache. Fin tacticien, le Requin de Messine file vers la victoire et parvient à conserver deux secondes sur la ligne. Ce premier succès en carrière sur l’épreuve permet au Sicilien de troquer son maillot de champion d’Italie contre le maillot jaune.

L'Enfer leur est promis ce mercredi 9 juillet. Les conditions sont dantesques et ce n'est pas l'annulation de deux des neuf secteurs pavés qui redonne le sourire au peloton. A Arenberg, c'est Lars Boom qui lève les bras. Déchaîné, Vincenzo Nibali est celui qui s'en tire le mieux parmi les favoris. Alors que Chris Froome quitte la route du Tour au 85e kilomètre, l'Italien conforte sa première place au général en terminant troisième, juste derrière son coéquipier Fuglsang. La concurrence est repoussée très loin: Van den Broeck à 1'43", Porte à 1'52", Talansky à 2'01", Valverde, Pinot, Bardet, Van Garderen à 2'07", Contador à 2'35" et Péraud à 3'27". Au général, Nibali possède déjà 1'45" d'avance sur VDB, 1'54" sur Porte, 2'05" sur Talansky et 2'11" sur Valverde, Bardet, Van Garderen, 2'25" sur Pinot et 2'37" sur Contador.

Alors que Blel "Babi" Kadri offre au camp tricolore un premier succès, Alberto Contador profite du travail de son équipe pour faire éclater le groupe des favoris dans l'ultime ascension (1,8km à 10,3%). Seul le maillot jaune parvient à s'accrocher aux basques du double vainqueur de l'épreuve. Sur la ligne, l'Espagnol reprend tout de même trois secondes à l'Italien. Tous les autres favoris ne sont pas très loin mais accusent un peu plus de retard au tiers de ce Tour 2014.

La journée parfaite. Vainqueur en solitaire, deux ans après le succès de Chris Froome au même endroit, Nibali reprend le maillot jaune au détriment de Tony Gallopin. La 10e étape est également marquée par l'abandon d'Alberto Contador, tombé dans la descente du Petit Ballon et victime d'une fracture du tibia. Deuxième derrière Nibali, Thibaut Pinot remonte au sixième rang du général, qui regroupe trois autres Tricolores. Désormais débarrassé de Froome et de Contador au sortir des Vosges, Nibali devient l'homme à battre. Définitivement.

Pour la première étape alpestre, Nibali pose pour la troisième fois son empreinte sur l'épreuve et s'impose à Chamrousse en solitaire, devant Majka et König. Un nouveau triomphe qui lui permet d'accentuer son avance au général. Pourtant, avant de faire la différence, l'Italien a été attaqué par Pinot et Valverde, son nouveau dauphin. Mais son contre a mis fin aux velléités de ses adversaires. Au soir de la 13e étape, l'Espagnol est pointé à 3'37" du maillot jaune. Bardet est 3e à 4'24", Pinot 4e à 4'40" et Péraud 6e à 6'06".

La grande étape des Alpes, qui propose l'ascension du col du Lautaret et du mythique Izoard, revient à Rafal Majka, présent dans l'échappée du jour. Derrière, Vincenzo Nibali est encore une fois le plus fort des favoris. A une semaine de l'arrivée à Paris, l'Italien creuse un peu plus l'écart avec ses poursuivants. Seul Jean-Christophe Péraud parvient à suivre le maillot jaune dans la montée finale. Derrière, Valverde, qui a lâché du temps en fin d'étape, voit revenir Romain Bardet à 13 secondes et Thibaut Pinot à 29.

C'est la journée de tous les dangers. Froome ayant abandonné lors de la 5e étape, Contador à la 10e, les oiseaux de mauvais augure imaginent un retrait de Nibali ce dimanche 20 juillet. Il n'en sera rien heureusement. Trop fort, l'Italien comble même un début de bordure sans l'aide de personne, quelques kilomètres avant la victoire d'Alexander Kristoff. Impressionnant.

La première étape pyrénéenne sourit à Thibaut Pinot, qui déloge Romain Bardet de la troisième place et condamne les espoirs de podium de Tejay Van Garderen. A Bagnères-de-Luchon, c'est Michael Rogers qui s'impose devant Thomas Voeckler et Vasil Kiryienka. Malgré l'énorme travail de Movistar et de la FDJ.fr, Vincenzo Nibali ne cède rien. Distancé de quelques mètres par un impressionnant Pinot avant le sommet du Port de Balès, l'Italien revient dans la descente. Un premier léger signe de faiblesse. Il n'y en aura pas d'autres.

Cette fois-ci, le peu de suspense qui restait s'envole pour de bon. La faute à Vincenzo Nibali qui s'impose en solitaire à Hautacam. Au soir de cette 18e étape, l'Italien possède plus de sept minutes d'avance sur Pinot et sur Péraud, nouveau troisième du Tour. Encore une fois, sous les coups de boutoir du maillot blanc, Valverde cède dans la montée finale. A deux jours de l'arrivée, on trouve deux Français sur le podium.

Tout de jaune vêtu, Nibali s'élance à 16h27. Sans trop de pression. Avec 7'10" d'avance sur Pinot et 7'23" sur Péraud, l'Italien peut voir venir. A l'aise dans l'exercice, le maillot jaune signe le quatrième temps à l'arrivée, à 1'58" de l'intouchable Tony Martin. Sauf accident vers les Champs-Elysées, le Tour est gagné.