Tour de France 2014: La 5e étape sur les pavés s'annonce grandiose, sauf pour les coureurs

Après trois jours au pays de Sa Majesté, et un premier opus en amuse-bouche sur le sol français, le peloton s’avance mercredi sur l’étape que beaucoup redoutent : celle qui reliera Ypres à Arenberg Porte du Hainaut et qui proposera neuf secteurs pavés (pour un total de 15,4km) situés dans les 62 derniers kilomètres. Enfin qui aurait dû... puisque deux secteurs, ceux de Mons-en-Pévèle (1.000 m de pavés) et de Beuvry-la-Forêt (1.400 m), ont été amputés en raison des condition climatiques. Il n'en reste pas moins que, comme le dit le poncif, on ne gagne pas le Tour sur les pavés, mais on peut le perdre.

Il y a quatre ans, Frank Schleck avait expérimenté l’adage en chutant violemment sur les terres de Paris-Roubaix. Une clavicule cassée avait mis un terme précoce à ses ambitions. Cette année, alors qu'on annonce des conditions météorologiques compliquées mercredi, son frère Andy ne risque pas la même mésaventure puisqu’il s’est retiré ce matin. Mais Trek s’est préparé en conséquence et a équipé spécialement ses huit coureurs encore en course. Ceux-là utiliseront le modèle qui a permis à Fabian Cancellara de signer un troisième succès sur l’Enfer du Nord. "C'est un vélo un peu plus long. Sur des tracés comme Roubaix, les trajectoires sont plus rectilignes, on a moins à manier le vélo et un vélo plus long apporte plus de stabilité. Nous utilisons aussi des pneus de 27 millimètres (de large) au lieu de 22 ou 24 mm habituellement. Et nous avons aussi une technologie pour ‘amortir la route’", a expliqué Jordan Ressingh, mécanicien de la formation luxembourgeoise, à l’AFP.

Pour espérer briller sur une telle étape, il faut donc du bon matériel, beaucoup de chance, mais surtout une certaine connaissance des pavés. Pour éviter au maximum les chutes et les crevaisons, il est important de rouler sur la partie de la chaussée qui est la moins abîmée, autrement dit sur le haut du pavé. Attention aussi à ne pas coller de trop près le coureur qui vous précède. En cas de chute de celui-ci, il faut avoir assez de temps pour réagir.

Double vainqueur de Paris-Roubaix (1985 et 1991), Marc Madiot prévoit le chaos à certains mercredi : "Il y a une moins bonne connaissance du terrain, notamment des favoris du Tour, et ça crée un stress supplémentaire, explique le manager de la FDJ.fr. Au départ de Paris-Roubaix, les 200 gars savent pourquoi ils sont là, ce qu'ils vont faire. Au Tour de France, sur les 200, plus de la moitié ne sont pas des habitués du terrain. C'est comme si en rallye, on mettait la moitié de pilotes de Formule 1."

Gilbert Duclos-Lassalle, dompteur des pavés de Paris-Roubaix en 1992 et 1993, ajoute: "L'important, c'est l'amont des pavés. C'est là que le travail de reconnaissance est important. Il faut trouver des points de repères: une maison, un château d'eau, une église... A Troisvilles, par exemple, il y a un château d'eau à trois kilomètres. Quand vous le voyez, il faut être dans les dix premiers. Il faut qu'ils aient ces repères. Sinon les mecs vont rouler trente kilomètres avant, se battre et se mettre sous pression inutilement". Le mot de la fin revient à Fabien Cancellara, autre spécialiste de l'épreuve: "Il y aura plus de chaos dans l'approche des pavés que durant Paris-Roubaix. C'est une étape courte (155,5 km), ça va rouler vite. Quand c'est sur un parcours plus long et plus dur, le peloton peut éclater avant. Là ce sera dense et nerveux." Et il y aura forcément de la casse. Reste à déterminer les malchanceux du jour. Touché au poignet mardi, Chris Froome sera particulièrement surveillé.