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Tour de France 2014 : Les favoris ont tous connu l’enfer, mais pas de la même manière

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 09/07/2014 à 22:41 GMT+2

Derrière Vincenzo Nibali (Astana) désormais solide maillot jaune, les autres favoris du Tour de France ont connu une cinquième étape bien différente les uns des autres. Avec un point en commun : ils ont tous connu la galère.

Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) a perdu beaucoup de temps sur les pavés du Nord

Crédit: Panoramic

Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), 19e à 2’37’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Comment interpréter la performance de Contador? En 2010, l’Espagnol a aussi perdu du temps sur les pavés mais beaucoup moins que cette année (1’13’’ contre 2’35’’). Surtout, c’est l’impression de fatigue visible chez le Madrilène ce mercredi qui a de quoi inquiéter. Alors qu’il avait bien passé le premier secteur pavé, le leader de la Tinkoff-Saxo a semblé emprunté dans le deuxième où il a irrémédiablement laissé partir Nibali. Le pire, c’est qu’il a lâché dans les cinq derniers kilomètres le contact avec le groupe Valverde, concédant 0’26’’ à ses autres adversaires. Son équipe paraissait suffisamment forte pour l’épauler mais ses hommes ont lâché les uns après les autres face au train de Westra et Fuglsang. C’est assurément LE grand perdant du jour. Avec Froome, bien sûr.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ?  Contador n’a pas à s’inquiéter. Il reste le temps et les étapes pour faire son retard au général. Sur ce qu’il a montré cette année, à Tirreno-Adriatico ou au Dauphiné, l’Espagnol était largement au-dessus de l’Italien. Mais le "Squale" s’est repris depuis. Reste qu’en montagne, Contador semble n’avoir qu’un potentiel rival, Valverde, et encore. Aussi bon en chrono que le Sicilien, le Madrilène devra essayer de partir avec le maillot jaune sur les épaules lors du contre-la-montre de Périgeux. Et avec 2’37’’ de retard pour l’instant, il devra passer à l’attaque. Tant mieux, cette année il aime ça.
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Etape 5 : Alberto Contador Tour de France 2014

Crédit: AFP

Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step), 4e du général à 0’50’’ de Nibali

Comment a-t-il vécu l’enfer ? On savait qu’il partait ce mercredi matin avec un léger avantage sur ses adversaires, ayant plus d’expérience récente sur les grandes classiques pavées (40 e du Tour des Flandres 2013). Bien protégé par son équipe (ils étaient encore trois autour de lui sur la ligne), le Polonais a su parfaitement limiter la casse, ne lâchant prise qu’à deux secteurs pavés de l’arrivée. Au final, il n’a concédé "que" 0’48’’ sur l’Italien, prenant la septième place de l’étape.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Désormais quatrième du général, seul adversaire du « Squale » sous la minute, c’est - au vue des écarts – le plus à-même de faire tomber Nibali. En 2013, le Polonais avait craqué en haute montagne en troisième semaine. Cette année, le leader de l’Omega Pharma-Quick Step peut compter sur un parcours avec moins de très haute montagne. Pas forcément à son avantage. Mais il est avant tout un grand rouleur. Le chrono final est clairement à son avantage. Mais il devra jusque-là éviter de perdre plus de temps et pourquoi pas en gagner sur des étapes de puncheurs (Gérardmer ou La Planche-des-Belles Filles) pour espérer se parer de jaune à Paris.
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Michal Kwiatkowski (OmegaPharma-Quick Step) a souffert sur les pavés mais a bien tenu

Crédit: Panoramic

Jürgen Van den Broeck (Lotto-Belisol), 6e à 1’45’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Comme en 2010, c’est l’un favoris à s’en être le mieux sorti. Avec un débours de 1’43’’, le Belge a fait mieux que limiter la casse. Surtout, il a semblé briser la malédiction. Lui qui avait abandonné deux fois lors des trois derniers Tours pour cause de chute. Encore une fois, le quatrième des Tour de France 2010 et 2012 a connu la chute sur la Grande Boucle. Mais le leader de la Lotto-Belisol n’a pas été touché et a pu limiter les dégâts par rapport au groupe Kwiatkoswki au sein duquel il faisait partie au moment de sa chute.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Comme l’Italien, le Belge est un coureur assez complet, très bon en montagne et capable de bon chrono. Difficile pour lui dans ce cas de trouver un terrain d’expression où il surpasse le Sicilien. Son atout pourrait toutefois être sa constance, lui qui ne connait que très rarement des jours sans. Sa capacité à être présent en troisième semaine aura également son importance, mais il risque de lui être difficile de terrasser le "Requin de Messine".
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Jurgen Van den Broeck (Lotto-Belisol) a chuté dans le secteur de Bersée

Crédit: Panoramic

Richie Porte (Sky), 8e à 1’54’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Même si son retard était de 1’52’’ sur Nibali à l’arrivée à Arenberg, Porte a forcément réalisé dans le Nord qu’il était le leader de l’équipe Sky. L’abandon de Froome lui laisse une chance de briller personnellement sur la Grande Boucle. Et parmi les favoris, il est celui qui a sans doute fait la meilleure impression, en s’offrant un contre-la-montre en duo avec Geraint Thomas sur les douze derniers kilomètres. Avec succès puisque l’Australien a repris une quarantaine de secondes à Contador avec lequel il se trouvait avant son attaque.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? S’il évolue au même niveau que l’an passé, son retard actuel sur l’Italien risque de baisser très rapidement. Rarement un lieutenant n’avait paru aussi fort derrière son leader. A l’exception de Froome, derrière Wiggins, un an plus tôt. 2014 serait-il la chance de Porte ? Pour le contre-la-montre final, il  est certainement le plus à-même de reprendre du temps. S’il se situe à moins d’une minute trente du leader, il pourrait bien ravir le maillot jaune. Et comme il n’a rien à envier à Nibali en montagne …
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Promu leader de la Sky, Richie Porte a limité la casse sur les pavés

Crédit: Panoramic

Andrew Talansky (Garmin-Sharp), 9e à 2’05’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Avec des coureurs comme Vansumeren ou Langeveld à ses côtés, l’Américain n’avait qu’à tenir la roue de ces spécialistes des pavés pour limiter les dégâts. Il a longtemps pensé pouvoir rester dans le sillage du groupe Nibali mais le New-Yorkais a fini par céder lorsqu’il a chuté dans le secteur de Bersée, à 39 kilomètres de l’arrivée. Un peu dans le dur en fin d’étape, Talansky a finalement terminé à 2’03’’ de Nibali. Dire qu’il était en sa compagnie à quarante kilomètres d’Arenberg…
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Dixième du Tour l’an passé, l’Américain a cette année remporté le Dauphiné sur un coup de poker lors de la dernière étape. En raison du chrono final et de la difficulté du Tour 2014, il sera compliqué pour lui de réaliser le même coup ici. Mais les courtes étapes dans les Pyrénées favorisent les prises de risque. Le New-Yorkais devra faire preuve de la même audace pour renverser un Nibali qui n’aura pas oublié leur passe d’arme de juin.
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Andrew Talansky (Garmin-Sharp) a chuté dans le secteur de Bersée, sans gravité

Crédit: Panoramic

Alejandro Valverde (Movistar), 10e à 2’11’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ?  Avec sa malchance légendaire, l’Espagnol faisait partie des coureurs les plus susceptibles de craindre cette 5e étape. Et le Murcien n’y a pas échappé. Pourtant bien placé, le leader de la Movistar a percuté Sylvain Chavanel, tombé juste devant lui. Résultat, pas de chute mais un vélo cassé. Le souvenir de l’étape de Saint-Armand-Montrond de l’an passé lui est sûrement revenu en tête, puisqu’il n’a pas commis l’erreur de 2013. Cette fois, il a pris sans attendre le vélo d’un équipier, faisant les 60 derniers kilomètres avec l’outil de Rojas et une selle plus haute de 2,5 centimètres (ce qui est énorme). Très gênant, mais pas suffisant pour l’empêcher de limiter les dégâts, avec un débours de 2’09’’. Au moins, son espoir de podium n’est pas annihilé. On pouvait craindre pire.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Sur son niveau 2014, l’Espagnol n’a rien à envier à l’Italien. En montagne, il est au moins aussi fort si ce n’est plus et il approuvé sur le championnat d’Espagne du chrono (où il devance Castroviejo, un des dix meilleurs rouleurs mondiaux) qu’il avait progressé dans ce domaine. Le passage dans les Vosges, avec des montées courtes et raides, sont aussi à son avantage, lui qui est l’un des meilleurs puncheurs du monde. Avec le programme restant, les 2’11’’ de retard du Murcien n’ont rien d’insurmontable. A condition d’éviter un autre jour sans.
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Alejandro Valverde (Movistar), vainqueur à Peyragudes

Crédit: Panoramic

Romain Bardet (AG2R La Mondiale), 11e à 2’11’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? On s’attendait à ce qu’il perde énormément de temps, son gabarit (60kg) n’étant pas du tout celui des spécialistes et lui-même n’ayant aucune expérience sur les pavés. Mais le Français a montré de belles qualités. Il est resté très longtemps à l’avant aux côtés du maillot jaune avant de céder à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée. Il a cédé mais pas explosé. Jamais seul, le puncheur originaire de Brioude a su rester calme pour finir dans le groupe Talansky avec tous les autres favoris. Au départ d’Ypres, il aurait sans doute signé pour un tel résultat. Un des rares outsiders à avoir réalisé une excellente opération.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Soyons clair, gagner le Tour n’est pas son objectif. Un top 5 voire même un top 10 serait largement suffisant pour confirmer son talent pour les courses de trois semaines. Comme Talansky, le Français pourra surtout compter sur son goût de l’attaque et sur ses prises d’initiatives pour viser mieux. Moins réputé et moins surveillé que les Porte, Contador ou Valverde, le coureur d’Ag2R La Mondiale disposera de plus de libertés. Un peu plus.
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Romain Bardet (AG2R La Mondiale), maillot blanc au départ d'Ypres

Crédit: AFP

Tejay Van Garderen (BMC), 12e à 2’11’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Sa journée s’est résumée à un perpétuel contre-la-montre par équipes, d’abord en compagnie de la Movistar de Valverde (pris dans la même chute) puis en compagnie de l’équipe du Murcien de la Tinkoff-Saxo, Contador ayant cédé du terrain également. Comme Valverde, l’Américain a la malchance d’avoir perdu du temps juste avant le premier secteur pavé. Il les a ensuite bien passés mais le mal était fait.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Reste à savoir à quel Van Garderen on aura droit. A celui de 2012, 5e du Tour ou celui de 2013, incapable de suivre en montagne ? Son début d’année a plutôt été rassurant mais sa 13e place au Dauphiné a posé question. Bon grimpeur et très bon rouleur, l’Américain n’est cependant pas supérieur à l’Italien en montagne pour espérer reprendre du temps à la pédale. Tenter un coup de loin, notamment dans les Pyrénées rendant ainsi la course plus débridée, paraît être la seule solution d’atteindre le podium pour le coureur BMC, voire la victoire finale.
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Tejay Van Garderen (BMC)

Crédit: AFP

Thibault Pinot (FDJ.fr), 15e à 2’25’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Comme pour Bardet, on lui prédisait les dernières places et une demi-heure de débours. Mauvaise langue que nous avons tous été. Le Français a fait mieux que se défendre, restant constamment avec l’ensemble des favoris. A l’arrivée, il termine avec le groupe Valverde, à 2’09’’ de Nibali. Une perte de temps très raisonnable pour le pur grimpeur de la FDJ.fr qui s’est estimé à juste titre satisfait de sa journée.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? Qu’il ne s’inquiète pas, la haute montagne va finir par arriver. Le week-end prochain, le Franc-Comtois sera sur ses routes d’entraînement lorsque la pente commencera à s’élever. Un point forcément favorable pour le coureur de la FDJ.fr qui a montré sur la Vuelta 2013 qu’il pouvait tenir la dragée haute aux meilleurs grimpeurs du monde. Mais sa (relative) faiblesse dans les contre-la-montre ne lui permet pas de pouvoir viser plus haut qu’un top 5. A moins d’une échappée victorieuse, comme il avait pu le faire en 2012 à Porrentruy. Mais son statut a changé au sein du peloton depuis.
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Thibaut Pinot signe des autographes sur le Tour de Bavière 2014

Crédit: Panoramic

Bauke Mollema (Belkin), 18e à 2’27’’

Comment a-t-il vécu l’enfer ? Si son coéquipier Lars Boom a offert aux Pays-Bas une première victoire sur le Tour de France depuis 2005 à Gérardmer (Weening, le … 9 juillet), la journée des Belkin restera quand même mitigée. La faute au choix tactique de l’équipe hollandaise, qui a délaissé son leader pour viser le succès d’étape avec Boom et Vanmarcke. Avec réussite certes mais Mollema a souffert de l’absence de ses deux meilleurs coéquipiers. Il n’a ainsi pas su bien se placer lors des secteurs pavés et a craqué au même endroit qu’Alberto Contador. La suite, on la connait. Avec 2’44’’ de retard, le sixième du Tour 2013 est l’un des plus grands perdants du jour.
Que doit-il faire pour renverser Nibali ? L’an passé, le coureur hollandais avait complètement explosé en troisième semaine, passant de la deuxième à la sixième place. Difficile de penser qu’il s’est amélioré depuis. Mais il devra remontrer l’esprit offensif dont il avait fait preuve lors de la Vuelta 2013. Car, en montagne ou en chrono, Nibali est au-dessus à la pédale. Il faudra prendre des risques pour piéger le Sicilien.
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Bauke Mollema (Belkin)

Crédit: AFP

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