Tour de France 2014: Thibaut Pinot peut toucher les étoiles, mais surtout, ne lui dîtes pas !

Dixième et révélation en 2012, héros à Porrentruy cette année-là, contraint à l’abandon l’année suivante, Thibaut Pinot tente à nouveau sa chance sur la Grande Boucle. Si ça n’avait tenu qu’à lui, on aurait aussi vu le grimpeur de la FDJ.fr s’aligner sur le dernier Giro il y a deux mois. Mais Marc Madiot n’a pas donné son accord et le Français a été contraint d’enterrer ses velléités transalpines. Pour cette année tout du moins, car en 2015, il est prévu que Pinot participe aux deux épreuves. Mais pas forcément avec les mêmes objectifs.

Fer de lance d’une génération qui "continue de grandir et de s’enrichir", selon Philippe Mauduit, le directeur sportif de Tinkoff, Thibaut Pinot aborde ce Tour avec plus de repères. Plus de certitudes également. Le Franc-Comtois a prouvé sur le dernier Tour d’Espagne (7e) qu’il pouvait accompagner les meilleurs jusqu’au terme d’une épreuve de trois semaines. Et sur cette Grande Boucle ? Lors de la présentation des équipes à Leeds, Pinot l’a joué modeste ce jeudi: "Mon premier objectif, c’est de faire un top 10. Ensuite, on visera une victoire d’étape."

Richard Virenque l’encourage à viser plus haut: "Bien sûr qu’il est capable de gagner une étape, ce n’est pas un souci. Mais il est surtout armé pour jouer les premiers rôles. Son seul problème sera d’arriver au pied des Alpes avec les favoris", glisse le septuple vainqueur du maillot à pois. Yvon Ledanois, DS chez BMC, se montre plus mesuré : "C'est un très bon coureur mais je crains qu'il ait des lacunes pour un podium sur le Tour. On dit que les contre-la-montre ont moins d'importance mais il y a quand même 54 kilomètres à la veille de l'arrivée". Jacky Durand n’est pas si catégorique : "Sur un chrono, aujourd’hui, il limite la casse. Il est encore jeune mais a montré de réels progrès dans cet exercice."

Après un début de saison mitigé (10e du Tour de Romandie, 9e du Tour du Pays basque), puis un Tour de Suisse gâché par une bronchite, Pinot porte aujourd’hui les espoirs de la FDJ.fr au général. Désigné leader pour la troisième année consécutive sur le Tour, le Français possède les épaules pour assumer un tel statut. Son patron, Marc Madiot, en est convaincu: "Le peloton, c’est un troupeau de moutons quelque part. Alors, on se range derrière le chef. Il y a un chef naturel qui va se dégager. Ça se fait tout seul, presque automatiquement quand le coureur a ce truc en plus", déclarait-il dans Intérieur Sport il y a un an. Et même si le principal intéressé a encore du mal à assimiler ces responsabilités, Pinot fait partie de cette race-là. A lui de s’en convaincre et les sommets lui seront alors promis.

Sur ce Tour 2014, Pinot est attendu. La pression n’a jamais été son allié. En revanche, la présence d’Arnaud Démare devrait le mettre un peu plus dans l’ombre qu’à l’accoutumée. Et ça n’est pas une mauvaise chose. En dehors des arrivées massives, toute son équipe marquera sa dévotion à sa cause. Même si Arnold Jeannesson et Arthur Vichot donneront le maximum pour l’accompagner le plus loin possible, le Français sait aussi qu’il devra probablement se débrouiller seul dès que la route prendra de la hauteur. A 24 ans, et malgré une petite frayeur lors de la première étape samedi, Thibaut Pinot n’a plus peur de rien. Trois semaines s’offrent à lui pour le prouver pour de bon.