Christopher Froome : "J'ai aussi la chance d'avoir des coéquipiers géniaux"

"Je vais bien, je suis hors de danger." Pour ceux que l'image d'un Christopher Froome en difficulté, maillot ensanglanté et déchiré et sur un autre vélo que le sien, avait inquiété, le mailot jaune vous rassure : selon lui, plus de peur que de mal. Et pourtant, le coureur de la Sky est passé proche de voir le Tour 2016 lui filer entre les doigts, à 11 kilomètres de l'arrivée de l'antépénultième étape. Une route détrempée, une descente enclenchée à pleine vitesse pour reprendre Romain Bardet et une ligne blanche glissante en plein virage… et voilà le tenant du titre littéralement sur le flanc, imité dans sa roue par Vincenzo Nibali. "J'ai glissé en roulant sur une bande de peinture et je suis tombé."

Le chaos sur les routes alpines aurait pu coûter très cher à Froome, sans son équipe Sky, qui a démontré encore une fois toute son utilité. Vendredi, l'équipe britannique n'a pas eu besoin d'être en formation dévastatrice et de faire le tempo pour lâcher tous les adversaires de "Froomey". C'est cette fois pour son rôle d'assistance que l'escouade de Dave Brailsford a fait la différence. "J'ai aussi la chance d'avoir des coéquipiers géniaux comme Geraint Thomas qui m'a passé son vélo", a volontiers concédé le leader du classement général. Sa bécane hors d'usage, l'Anglais a dû emprunter celle de son coéquipier, au gabarit peu ou prou similaire. Un premier geste salvateur qui a permis au maillot jaune de repartir dans le groupe des favoris et de limiter la perte de temps.

Dans la montée vers Saint-Gervais Mont-Blanc, c'est son fidèle acolyte Wout Poels qui s'est alors dévoué pour dicter le rythme et tirer un Froome visiblement touché par sa chute et moins en jambes. Certes, il pourra aussi se réjouir qu'aucun prétendant n'ait su saisir cette occasion pour placer une banderille et tenter de récupérer du temps dans ce moment de faiblesse. Mais les 36 secondes perdues sur la ligne d'arrivée par rapport à Romain Bardet, le leader de la Sky les doit aussi au travail à nouveau précieux de Poels dans les pentes du Bettex. Froome le sait et a adressé une accolade au Néerlandais sitôt la ligne d'arrivée franchie.

Oui, il s'est fait peur, mais grâce à ses coéquipiers, il a pu faire mieux que sauver les apparences. Reste à savoir s'il se ressentira samedi de son passage à terre et notamment du choc genou contre bitume qu'il a subi. "Demain, c'est le dernier effort", assure Froome. Sans doute le plus pénible. Et l'entourage de ses hommes en noir sera certainement (encore) d’une aide très précieuse.